Le personnage d’Henry V
David Michôd (The Rover ou encore War Machine à découvrir sur Netflix) nous raconte l’histoire d’Henry V dans Le Roi (The King en VO). C'est l'étoile montante du cinéma indé Timothée Chalamet qui prête ses traits au Prince de Galles. En dépit de sa coupe au bol, l'acteur offre une prestation remarquable et remarquée par la critique. Mais certains spectateurs ont bien quelques reproches à lui faire, comme le rapporte ce passionnant article de France 3 qui revient point par point sur les erreurs commises par le film. Et en premier dans son viseur : le traitement du personnage principal.Dans Le Roi, qui dit s’inspirer de la pièce de Shakespeare (qui lui-même s’est amusé à inventer ou modifier quelques faits historiques), Henry V est présenté comme un régent doux et exemplaire. Par exemple, il préfère se lancer dans un combat au corps à corps avec l'ennemi plutôt que de laisser son frère aller sur le champ de bataille. La guerre contre la France ? Il ne veut pas en entendre parler. "Je ne suis pas mon père" martèle-t-il durant tout le film.
Et pourtant l’histoire était toute autre... belliqueux, le souverain l’était pourtant. On lui doit ainsi des actes de barbarie à Azincourt (où des prisonniers ont été brûlés vif, écrasés à l’aide d’une masse ou égorgés). Chistophe Gilliot, dans ce même article, révèle : "Dans le film, il est joué par un beau jeune homme. Dans la réalité, il avait reçu une flèche dans la joue droite lors d'une bataille. La flèche était tellement enfoncée qu'ils avaient dû inventer un outil spécifique pour l'extraire et ça lui avait laissé une atroce cicatrice. C'est la raison pour laquelle il est représenté de profil, côté gauche, sur le seul portrait qu'on connaît de lui. Henry V avait donc une mine patibulaire et le comportement qui va avec.". Nous sommes donc bien loin du visage juvénile de Chalamet...Ce n’est évidemment pas la première fois que le cinéma adoucit les traits d’un personnage historique. Le Roi fait d’Henry V un jeune homme attachant pour les besoins du récit. Mais ce n’est pas le seul problème que les historiens ont soulevé...
La bataille d’Azincourt
La bataille d’Azincourt, qui s’est déroulée le 25 octobre 1415, est au centre du film car il voit s’affronter les troupes d’Henry 5 à celle du Dauphin Louis de Guyenne, joué par Robert Pattinson (il avait seulement 18 ans à cette époque). Si les abonnés Twitter se sont gentiment amusés de son accent français, le reste de son personnage est, malheureusement, tout aussi problématique. Première grosse erreur ? La présence du personnage à la bataille d’Azincourt. Celui-ci n'y a même pas participé, sa santé ne lui permettant pas. Il trouvé la mort deux mois après, mais pas à Azincourt. C’est Shakespeare qui en fait l’antagoniste de sa pièce, sûrement pour se moquer des Français. Chose que fait aussi Le Roi en faisant de Louis de Guyenne un homme hautain, assis sur une chaise royale en plein milieu du champ de bataille et qui s'empêtre les pieds dans la boue lors de son face-à-face avec Henry. Le film place aussi divers autres personnages sur les lieux : l'archevêque de Canterbury (Andrew Havill) et William Gascoigne (Sean Harris) n'ont jamais été présent, comme le suggère le film.
Si la reconstitution de cet événement historique est plutôt agréable à suivre à l’écran, il semblerait une fois encore que David Michôd s’est offert quelques libertés : la bataille d’Azincourt se serait déroulé en plaine et non pas dans un paysage montagneux, et les costumes sont loins de représenter ceux de l’époque (qui étaient beaucoup plus travaillés) ...
La fin
Si Le Roi a fait d'Henry V un roi qui cherche l'unité entre les peuples, il fallait bien trouver un petit twist scénaristique pour le pousser à mener la guerre contre la France. Ainsi, le film fait du personnage de Sean Harris un traître, qui tel un démiurge qui tire les ficelles dans l'ombre, fait courir la rumeur d'un complot qui vise à éliminer le Prince de Galles. Une révélation que ce dernier découvrira à la fin du film, juste avant de porter un coup fatal à la tête à celui qui était alors son conseiller. Bien évidemment, rien de tout cela n'est vrai : dans les faits, le Roi a toujours voulu faire la guerre pour unifier les deux couronnes, comme son père en rêvait…
Henry V perdra la vie 7 ans après la bataille d’Azincourt et laissa derrière lui un bébé de 9 mois qu’il a eu avec Catherine de Valois (Lily-Rose Depp).