Après plusieurs semaines de polémiques et de propos rapportés à travers diverses entrevues, Martin Scorsese prend la plume et signe une lettre ouverte dans les colonnes du New York Times. Intitulée "J'ai dit que les films Marvel n'étaient pas du cinéma. Laissez-moi expliquer", la tribune reflète les inquiétudes du cinéaste sur le modèle économique de l'industrie et sur la dominance des productions de la firme Disney.
Ces films ne prennent aucun risque. Ils sont faits pour remplir un cahier des charges et traiter un nombre limité de sujets. On parle de suites mais en réalité, ce sont tous des remakes (…). C'est la nature même des franchises modernes : testées auprès du public, soumises à des études de marché, contrôlées et modifiées jusqu'à ce qu'elles soient consommées.
Si le cinéaste admet que ce désintérêt pour les films Marvel est une question de "goût personnel et de personnalité", il reconnaît néanmoins "le talent et le sens artistique" de ceux qui les réalisent. Dans la suite de sa déclaration, le metteur en scène de l'attendu The Irishman n'hésite pas à opposer la machine de guerre Marvel au cinéma indépendant : "Pour le dire d'une autre façon, ces films sont tout ce que les œuvres de Paul Thomas Anderson, Claire Denis, Ari Aster, Kathryn Bigelow ou Wes Anderson ne sont pas. Quand je regarde le travail de ces cinéastes, je sais que je vais voir quelque chose de nouveau et que je vais être surpris. Mon champ de vision sur ce qui est possible de faire et de raconter au cinéma va s'élargir grâce à eux."
Une inégalité économique
Pour conclure sa tribune, Martin Scorsese se penche alors sur l'aspect économique du sujet et parle de "deux champs bien définis : le divertissement audiovisuel à l'échelle mondiale et le cinéma". "Les deux se chevauchent de temps en temps mais cela devient de plus en plus rare. Et je crains que la dominance économique de l'un soit utilisée pour isoler et réduire l’existence de l'autre, argumente-il. À ceux qui rêvent de faire des films ou qui débutent : la situation en ce moment est difficile et hostile pour l'art. Et le simple fait d'écrire ces mots me remplit d'une immense tristesse."
Découvrez la bande-annonce de "The Irishman" :