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    Pour les soldats tombés : la guerre de 14-18 vue par Peter jackson
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    En salle ce mercredi, le documentaire "Pour les soldats tombés", réalisé par Peter Jackson, retrace de manière saisissante -impressionnante même- le quotidien de soldats britanniques sur le front français durant la guerre de 14-18.

    Pour ceux et / ou celles qui dormaient en cours d'Histoire (c'est mal !), l'année 2018 marquait le centenaire de la fin de la Grande guerre; celle de 14-18. Au-delà de toutes les commémorations prévues, le documentaire réalisé par Peter Jackson, They Shall Not Grow Old, s'inscrivait dans ce dispositif. "They Shall Not Grow Old", "Ils ne vieilliront pas". Un hommage évident dans le titre à cette génération et surtout cette jeunesse sacrifiée tombée aux champs d'honneur. Qui pensait, comme tant d'autres, que la guerre serait courte et qu'elle était encore, en ce début de XXe siècle, une affaire de Gentlemen. Quand la guerre prit fin en 1918, les pertes de l'armée britannique, résultant de l'action ennemie et des maladies, se monta à 673.375 morts et portés disparus, avec en plus 1.643.469 blessés.

    Diffusé l'an dernier sur la BBC, ce n'est, étonnamment, que ce 3 juillet que le documentaire réalisé par Peter jackson sort en salle chez nous sous les auspices de Warner Bros., avec pour titre Pour les soldats tombés; une référence au célèbre poème du même nom écrit par l'auteur britannique Laurence Binyon, en 1914.

    En voici la bande-annonce...

    "C'est lorsque je me trouvais à Londres pour l'avant-première du dernier volet de la trilogie The Hobbit que j'ai reçu une invitation de la part du Imperial War Museum" explique Peter Jackson. Le fameux musée était alors en plein travail préparatoire pour les futures manifestations culturelles du centenaire de la Première guerre mondiale. "Ils voulaient faire un film hommage aux soldats britanniques de la Grande guerre, et m'ont demandé si cela m'intéressait. La condition, c'était que j'utilise à 100% les images d'archives, et pas de reconstitution. J'ai demandé un temps de réflexion avant de donner ma réponse. Je me suis dit : "Et pourquoi est-ce qu'on ne restaurerait pas ces images d'archives?" J'ai toujours utilisé les ordinateurs pour la création de CGI, créer des choses récentes. Mais pourquoi ne pas mettre à profit leurs puissances pour des vieux films ?"

    Des essais de restaurations furent menées durant 3-4 mois. "J'ai été absolument bluffé par le résultat ! On avait même l'impression que parfois, ca aurait pu être tourné la veille tellement les images étaient nettes ! J'ai été tellement enthousiasmé par ce que j'ai vu que j'ai alors demandé à avoir un maximum d'images d'archives. Plus d'une centaine d'heures en fait". Sans compter l'autre demande du cinéaste : que l'Imperial War Museum et la BBC lui fournisse aussi les enregistrements audio de témoignages de vétérans britanniques de la Grande Guerre, qui furent fait notamment durant les années soixante et soixante-dix. "Certains témoignages dormaient dans les cartons depuis plus de 50 ans, avant que quelqu'un comme moi ne commence à s'y intéresser" lâche Jackson. En tout, ce sont près de 600h d'enregistrements / témoignages audio qui sont passés à la loupe. "En rassemblant tous ces éléments, il m'est très vite apparu qu'on était avant tout dans l'expérience humaine de la guerre. Pas du tout dans les aspects stratégiques, politiques comme les causes de la guerre, ou autres. Il y a bien d'autres documentaires sur ces aspects là". Un film pensé comme un instantané à la fois tragique et touchant sur des soldats côtoyant les horreurs d'une guerre devenue industrielle.

    La grande force de Pour les soldats tombés, c'est la colorisation des images d'archives, flirtant même par moment avec la haute définition, puis à nouveau retravaillées. Une hérésie diront sans doute les puristes. Peut-être. Il n'empêche : le rendu visuel confine régulièrement à la précision chirurgicale; plusieurs crans au-dessus de la colorisation effectuée sur la série documentaire Apocalypse, régulièrement diffusée sur France 2. Au point d'ailleurs de révéler des détails jusque-là totalement invisibles, eut égard à l'ancienneté des images.

    Combiné avec la création d'une piste son reconstituant notamment les terribles (et assourdissants) bruits des bombardements et explosions, faisant jaillir la terre comme un geyser, n'épargnant pas non plus le spectateur des souffrances endurées par ces hommes, entre les carcasses éventrées des chevaux sur lesquelles tourbillonnent déjà les mouches, les mutilations et autres séquences de vie dans les tranchées, c'est véritablement une expérience sensorielle et viscérale à laquelle nous invite Peter Jackson. A ne pas manquer.

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