This is… Esprits Criminels !
300. Avec le début de la saison 14, Esprits Criminels fête son 300ème épisode. Soit presque autant de tueurs en séries, de sociopathes ou de psychopathes. Qui aurait pu croire, au lancement de la série en septembre 2005 (juin 2006 pour la France), qu’elle atteindrait un tel chiffre ? Qu’avec son serial killer de la semaine, ses citations en ouverture et clôture d’épisodes, sa description chorale de profil et sa dose hebdomadaire de violence complaisante, elle afficherait une longévité aussi importante ?
300, il faut marquer le coup ! Aucun rapport avec des hommes en slip se faisant la guerre en hurlant mais la résolution d’un cliffhanger qui voyait Spencer Reid (Matthew Gray Gubler) et Penelope Garcia (Kirsten Vangsness) en bien mauvaise posture. De cliffhanger, il ne sera nullement question en France puisque TF1 a décidé de coupler la diffusion du dernier épisode de la saison 13 avec le début de cette 14ème. Un choix qui satisfera les allergiques à l’attente mais qui détruit tout le suspense. Mais TF1 ayant déjà choisi de diffuser le second épisode de la saison 14 pour remplacer New York Unité Spéciale mercredi dernier, le suspense dans ces conditions…
Un serial killer… un tueur en série.
En réalité, même espacée de six mois, la résolution est à l’image d’Esprits Criminels depuis de longues années : simple, basique. Il y a quelque chose de rassurant à voir ainsi le même programme reproduire son schéma. On pourrait dire confortable s’il ne s’agissait pas de regarder des tueurs en séries faire preuve d’imagination dans le meurtre et la torture (et par moment s’inquiéter de la santé mentale des scénaristes). Mais c’est la lassitude qui domine. Surtout quand Erica Messer et ses scénaristes ne semblent pas inspirés pour sortir du rang, tenter des choses, au lieu de ressortir la même histoire au kilomètre. Car si Esprits Criminels est un formula show (soit, une série qui répète une formule d’épisodes en épisodes), cela ne signifie pas servir une vieille soupe tiède.
Après 14 ans de bons et loyaux sé(r)vices, pourquoi la série irait contre sa nature, d’autant plus quand son succès (relatif au fil des ans) la conforte dans ce qu’elle sait faire ? A sa décharge, Erica Messer navigue à vue depuis quelques saisons, suspendue à la décision de renouvellement ou annulation de CBS. Des audiences en baisse régulière, un manque global d’intérêt et un changement de paradigme dans le Hollywood post #MeToo ont conduit le diffuseur américain à régulièrement réfléchir sur les perspectives d’avenir de la série. Un climat non idéal et qui n’engage pas à la sérénité. Son créateur Jeff Davis a imaginé la série comme une réponse psychologique aux Experts, à une époque où les séries policières étaient à la mode. Aujourd’hui Esprits Criminels fait parti d’un paysage lointain et surtout (dé)passé.
La bonne pioche
Malgré une fournée d’épisodes guère emballants, quelques uns parviennent à sortir du lot. Un intérêt éveillé parce que la formule change légèrement : une course contre montre dans Twenty Seven, qui prend des allures de pamphlets politiques ; le conte revisité dans Hamelin, les défis viraux dans The Tall Man, qui soulèvent les dangers de la suggestion sur des jeunes esprits ; ou Night Lights qui rappellent (un peu) le dispositif du film Don’t Breath (avec Dylan Minette). Chameleon se distingue parce qu’il accueille pour la première fois A.J. Cook (JJ) derrière la caméra. Une première expérience satisfaisante pour l’actrice qui n’a pas manqué de communiquer son enthousiasme pour un épisode qui met Rossi (Joe Mantegna) à l'honneur. Chameleon aurait pu être un excellent épisode si les maquillages grossiers ne rendaient pas caduques tout le principe de l'épisode (digne de Patrick Sébastien dans Le Grand Bluff) mais A.J. Cook se montre habile et signe une réalisation plus soignée que ce que la série a l'habitude de produire.
Cette quatorzième fournée ne fait pas plus tâche que les trois ou quatre précédentes, Esprits Criminels étant devenu une (mauvaise) habitude ou a développé au fil des ans un syndrome de Stockholm avec ses spectateurs complétistes. Maintenant que le terme de la série est prononcé, on peut espérer une future et dernière saison plus ambitieuse que ces années de pilotage automatique. Récemment interviewée par TV line, A.J. Cook a souhaité que la série se termine sur une note positive, avec une équipe indemne. Un optimisme qu’on ne partage pas tout à fait. A l’heure où l’on évoque des retours possibles (Thomas « Hotch » Gibson, Shemar « Derek Morgan » Moore), une mort importante permettrait d’élever les enjeux de la série pour un final en apothéose.