Artistiquement, le renouvellement de 13 Reasons Why avait de quoi surprendre. Le récit d’Hannah, le circuit des cassettes, tout avait semble-t-il été bouclé. Que restait-il à raconter ? Contractuellement, on saisit mieux pourquoi Netflix a choisi de prolonger l’aventure, intéressé par l’idée de capitaliser sur le succès de la série qui a fait couler beaucoup d’encre. 13 Reasons Why a souvent posé problème, pour son approche jugée trop ludique et séduisante du suicide ou pour sa violence trop explicite. Afin de répondre aux accusations les auteurs ont trouvé la solution : le procès, où il a été autant question de la responsabilité de l’école que de la série. Ce choix de contextualiser la situation afin d’élargir le champs d’analyse, permet l’autocritique et lance le débat sur les éventuelles conditions favorables au harcèlement.
13 Reasons Why augmenterait les risques de suicide chez les adolescents
Selon une étude menée par le département psychiatrique de l’université du Michigan, 13 Reasons Why pourrait augmenter les risques de suicides adolescents chez les plus sensibles. Les résultats se gardent de tracer un lien direct entre la série et le suicide mais cherche à sensibiliser les parents sur les séries que regardent leurs enfants. 87 adolescents ont été sélectionnés. Près de la moitié ont vu au moins un épisode. Enfin, 51% affirment que la série avait eu un impact sur leurs tendances suicidaires.
Pour le professeur Hong, à l’origine de l’étude « la série a été un véritable phénomène, surtout chez les adolescents et la manière dont elle dépeint le suicide inquiète énormément les parents, les professionnels de la santé et les éducateurs ». Pour Buzzfeed, il poursuit « Pouvons-nous être un peu plus prudent sur les contenus que nous diffusons aux adolescents ? Je ne suis pas sûr que les producteurs tiennent réellement compte des recommandations des experts en santé mentale ».
Accompagner pour mieux sensibiliser
Que ce soit aux Etats-Unis dans 13 Reasons Why ou en France dans Le jour où j’ai brûlé mon coeur, le traitement autour du harcèlement en milieu scolaire divise. La série de Netflix est-elle allée trop loin sur la représentation de la violence, notamment dans son dernier épisode ? A quoi juge-t-on que la suggestion n’est plus suffisante et qu’il faut montrer littéralement pour dénoncer ? Le téléfilm de TF1 s’est-il attaqué à un sujet trop dense complexe pour un seul téléfilm ? Son traitement, très littéraire et appuyé, alourdit considérablement un thème qui mérite de prendre de la hauteur et de la distance.
Par leur existence, ces oeuvres permettent d’amorcer un dialogue, d’éveiller des consciences.Des lycées français se dotent du projet Sentinelles où des élèves sont sélectionnés afin d’observer et reporter des cas d’harcèlement, en allant voir directement les personnes concernées, l’entourage ou lors de réunions bi-hebdomadaires. « Avant de lancer Sentinelles, je ne voyais pas trop le harcèlement. Maintenant, on a de nouvelles remontées de cas toutes les semaines. Des choses qui ne semblent pas trop graves mais qui pourraient le devenir si on n’y remédie pas. » confie Max Tchung-Ming à Têtu.
Les séries, par leur promiscuité avec leur sujet sensibilisent. Elles montrent aussi qu’il faut savoir les accompagner, ne pas laisser des adolescents démunis et seuls face à des illustrations explicites. C’est peut-être davantage ce qu’il faut retenir de l’étude du département psychiatrique de l’université du Michigan : 84% d’entre eux ont regardé 13 Reasons Why seul et ont préféré discuter de la série avec des personnes de leur âge qu’avec leurs parents. Un resserrement sur eux-mêmes qui ne leur permet pas toujours d’avoir toutes les clés de compréhension pour saisir et assimiler le programme.