Roma est donc un film de cinéaste, pas le long métrage qu'il rêvait de tourner lorsqu'il était enfant, mais, comme le dit l'expression consacrée, celui "de la maturité". Alfonso Cuarón s'affirme comme un grand auteur du septième art, capable de restituer ses souvenirs en les magnifiant, capable de nous faire aimer ses personnages en les rendant les plus crédibles possibles. Sa finesse psychologique, sa maîtrise formelle et sa poésie achèvent de rendre le film touchant et universel.
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Pour terminer, la longue course de Cleo dans les rues de Roma est comme une étonnante autocitation. En effet, dès 2006 dans le segment "Monceau" du film à sketches Paris, Je t'aime, Cuarón mettait en scène un plan séquence au cours duquel Ludivine Sagnier, jeune mère débordée, et Nick Nolte, grand-père peu doué, se donnent la réplique le temps de faire un bout de chemin sur un trottoir parisien. Par ce clin d'œil qu'il se fait à lui-même et grâce auquel on comprend que sa maîtrise de la caméra a progressé en une dizaine d'années, le roi des plans-séquences à la technique impeccable essaierait-il avec Roma de se hisser dans la cour des grands et de revendiquer le statut des illustres prédécesseurs qui l'ont inspiré ?
