Totalement ancré dans son époque et la culture locale, Roma est truffé de références que seuls les Mexicains peuvent saisir. Mais Cuarón s'est amusé à faire deux citations qui parlent au grand public. La Grande Vadrouille de Gérard Oury est ainsi projeté dans le cinéma où Cleo et Adela vont flirter avec leurs prétendants pendant leur temps libre. Comment cet incontournable du cinéma français s'est retrouvé dans Roma ? Sortie en 1966 en France, la comédie a en effet connu un succès considérable au Mexique à Noël 1969 sous le titre La fuga fantástica. La présence au générique du comédien mexicain Claudio Brook, dans le rôle d'un pilote de l'armée britannique, a peut-être aidé ! Le film est ainsi resté au programme des séances d'après-midi pendant plusieurs années, jusqu'à ressurgir 50 ans après à travers les souvenirs d'enfance de Cuarón.
Le deuxième clin d'œil cinématographique est encore plus évident : la famille sort voir Les Naufragés de l'espace de John Sturges. Avec ses scaphandres de pacotille et des effets spéciaux datés, l'extrait montré dans Roma est à la fois une citation de la culture populaire que Cuarón a hérité de son enfance et établit un lien avec le film précédent du Mexicain : Gravity, le long métrage multirécompensé et acclamé pour son réalisme bluffant. Un moyen peut-être pour le cinéaste de refermer cette page de sa vie, en faisant comprendre que Gravity était qu'un rêve d'enfant alors que Roma est une œuvre profonde, nourrie de sentiments et de souvenirs personnels.