AlloCiné : Qu'est-ce qui différencie "Balthazar" des autres séries policières proposées sur TF1 ?
Hélène de Fougerolles : Je vais vous dire la vérité. Avant Balthazar, je ne regardais pas les séries policières de TF1. Mais maintenant je suis incollable, j'ai tout regardé ! (rires) Je trouve d'abord que c'est vraiment qualitatif. On a un duo, deux personnages différents qui se cherchent comme chien et chat; on n'a pas juste une résolution d'enquête avec un flic et un légiste. Il y a plein de sous-couches et plein de possibilités pour le futur. L'épisode 6 est d'ailleurs très prometteur pour la suite. Et puis il y a toute cette histoire autour du meurtre de la femme de Balthazar, qui permet d'approfondir le personnage et expliquer le pourquoi de son arrogance. Et c'est Tomer Sisley qui porte cette série, par son charisme, sa prestance, son aura. Il a quelque chose de déstabilisant.
Est-ce que pour vous la série parle du deuil aussi ?
Oh non, ce serait triste de dire ça. On en parle, c'est vrai, mais pour moi, ça parle avant tout des relations entre les êtres, les préjugés que l'on peut avoir les uns sur les autres, les secrets que l'on cache tous. Mon personnage par exemple n'est pas juste une flic garçon manqué, comme on pourrait le penser au premier abord. C'est aussi quelqu'un de très sensible, à fleur de peau, et ça on le découvre petit à petit. Balthazar, lui aussi, est quelqu'un qui paraît extrêmement fort mais qui cache une grande vulnérabilité. Il a beaucoup d'humour, il est très beau, mais il n'est pas que ça.
Comment a été confectionné votre duo ?
La série a été écrite pour Tomer, et moi j'ai passé des essais. J'avais déjà fait deux-trois choses avec TF1 comme le téléfilm Mention particulière ou encore Le secret d'Elise. Et ça se passait très bien avec eux. Il faut croire que j'ai été la meilleure ! Quand j'ai lu le scénario, j'ai passé un coup de fil à mon agent tout de suite pour lui dire que je voulais ce rôle. Ensuite j'ai passé une séance d'hypnose avant de faire mes essais. Je suis moi-même hypnothérapeute. J'avais besoin de destresser, d'autant que je n'ai pas l'habitude de faire des essais. Et ça a tellement bien marché que j'ai failli oublier le rendez-vous ! J'y suis allée très détendue, j'y croyais à fond et ça a marché. Je n'ai pas travaillé pendant trois ans donc je sais combien ce métier est difficile; ces projets sont pour moi de véritables cadeaux.
Vous vous connaissiez déjà avec Tomer avant de tourner la série ensemble ?
On n'avait jamais tourné ensemble encore, mais on se connaît depuis longtemps. On est de la même génération, ça fait 20 ans que l'on fait ce métier à peu près, on a démarré en même temps. On s'entend très bien mais on est deux animaux très différents. Moi j'ai tendance à m'excuser toute la journée d'être là. Lui, il est présent, il en impose.
Je ne travaille plus du tout pour le cinéma. On ne veut plus de moi.
Qu'avez-vous mis de vous dans le personnage d'Hélène Bach ?
C'est mon premier personnage récurrent et on ne peut pas tricher sur la longueur. Si j'avais dû jouer quelqu'un qui ne me ressemblait pas, genre machine de guerre à la Lara Croft, je n'en aurais pas été capable. La vulnérabilité que j'ai, et que l'on voit peut-être en premier chez moi, je m'en suis servie. Mais j'ai aussi une grande force. Quand le personnage m'échappait, j'y ai mis davantage de moi. C'est plus fort que moi en fait. Je ne peux pas mentir, je ne peux pas faire autre chose que ce que je suis déjà un peu.
La série fonctionne aussi sur le couple que Balthazar et Hélène pourraient former un jour...
Je crois que le but c'est que ça n'arrive jamais ! Sinon ça s'arrête. Ce qui est intéressant c'est la résistance. C'est plus jubilatoire de jouer là-dessus. Ou alors il faut que ce soit dans des scènes rêvées, mais rien de plus. Après, on verra...
Vous pensez qu'il y a plus de rôles intéressants pour les femmes aujourd'hui à la télévision qu'au cinéma ?
Alors tout ce que je sais c'est qu'il y a des rôles plus intéressants pour moi à la télé ! Le reste... Je ne travaille plus du tout pour le cinéma. On ne veut plus de moi. Et si on me propose des rôles au cinéma, ce ne sera clairement pas ce genre-là, car je ne suis pas bankable. Je ne vais pas passer ma vie à attendre qu'on m'en propose. J'ai tellement de chance qu'on me les propose à la télé ! C'est l'essentiel. J'ai conscience de la chance que j'ai. Vous voyez, Mention Particulière au cinéma, ça aurait fait quoi ? 50 000 entrées ? Ce qui me plaît c'est de divertir les gens avec des programmes de qualité, sur des sujets pas forcément faciles comme le deuil ou le handicap, et que ce soit vu.
Propos recueilis en septembre 2018 au Festival de la Fiction TV de La Rochelle
Balthazar tous les jeudis soirs sur TF1