Après Les Petits princes, son premier et précédent long métrage sorti en 2013, Vianney Lebasque revient à la thématique sportive avec Chacun pour tous. Ce feel good movie suit un coach de l’équipe française de basketteurs déficients mentaux qui, parce que ses meilleurs joueurs l'on laissé tombé en pleine préparation des Jeux Paralympiques, décide de tricher pour participer coûte que coûte à la compétition. Il complète ainsi son effectif par des joueurs valides, dont Stan et Pippo, deux trentenaires désœuvrés. Même Julia, la psychologue de la fédération, ne s’aperçoit pas de la supercherie. En s’envolant pour Sydney, Martin est loin d’imaginer le mélange explosif qu’il vient de créer.
Vianney Lebasque n'envisageait pas de faire Chacun pour tous sans choisir de vrais comédiens déficients mentaux pour se glisser dans la peau de Freddie et Yohan, deux personnages souffrant d'un handicap. En compagnie de sa directrice de casting, Emma Skowronek, le cinéaste a ainsi fait des recherches pendant quatre mois dans des ESAT (Etablissements ou Services d'Aide par le Travail) et auprès de travailleurs sociaux. Il se rappelle :
"Il fallait d’abord réussir à avoir accès à ces jeunes, les barrières administratives sont complexes il faut s’armer de patience. Ensuite, nous avons organisé des rencontres grâce à leurs accompagnants. Je leur demandais s’ils avaient envie de jouer, s’ils étaient motivés, j’essayais d’apprendre à les connaître mais ce n’est pas toujours facile en quinze minutes. On proposait alors aux plus motivés de venir passer un essai filmé... et soyons francs, nous sommes passés par toutes les phases durant ce casting mais nous avons persévéré car on savait que le sujet du film était là."
Chacun pour tous : "J’avais envie de faire un film sur la différence"Vianney Lebasque a finalement réussi à trouver les interprètes de Freddie et Yohan. Lors de ses recherches, le réalisateur est tombé sur une compagnie de théâtre, Le Théâtre du Cristal, dont le metteur en scène, Olivier Couder, travaille exclusivement avec des acteurs en situation de handicap. Vianney confie :
"Nous avons assisté à un de ses spectacles : quel plaisir du jeu, du collectif ! Vincent Chalambert et Clément Langlais faisaient partie de cette compagnie. J’ai d’abord repéré Vincent, qui avait un parler si mélodique et puis Clément, qui était déjà un acteur très complet. En fait, je ne connais pas précisément leur handicap, et je n’ai pas voulu le savoir. Olivier Couder a la même position, d’ailleurs. Le film essaye de dire cela, aussi : les différentes pathologies peuvent vivre ensemble, et ces handicapés sont des personnalités avant d’être des cas pathologiques."
Si Vincent Chalambert effectue, avec Chacun pour tous, ses premiers pas devant une caméra, son partenaire de jeu Clément Langlais avait quant à lui déjà joué dans un court métrage (Léchez-nous, Miaou, Miaou !, 2015) aux côtés de plusieurs membres du Théâtre du Cristal.
Pour l'anecdote, la finale de basket est la scène la plus délicate que Vianney Lebasque a filmée. Si Vincent Chalambert et Clément Langlais font du théâtre, ils ne pratiquent pas ce sport ! Le réalisateur raconte : "D’ailleurs, de toute l’équipe, il n’y a qu’Olivier Barthélémy qui joue bien. Alors, faire croire que tout ce beau monde joue au Jeux Olympiques... Les Jeux Paralympiques, ce n’est pas la NBA, certes, mais tout de même, il y a du niveau. Nous avions un vrai entraîneur qui s’est très bien occupé de Clément et Vincent pour les gestes simples, puis pour essayer de concevoir des actions de jeu. Mais le sport en lui-même ne m’intéresse pas tant que ça : il me sert de décor pour traiter du collectif qui abolit les préjugés. Y compris sur le handicap physique. Je tenais particulièrement à la séquence où Pippo, le plus moqueur, caresse les jambes de Rose, la superbe handicapée moteur. La scène n’était pas écrite et j’ai fait sortir toute l’équipe du plateau pendant deux heures pour répéter avec les deux acteurs, Olivier Barthélémy et Nicole Kirby, pour essayer de trouver la bonne approche cette séquence."