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    Insoupçonnable : "Jusqu'à la dernière minute on n'était pas sûrs de tuer [SPOILER]" explique la scénariste Virginie Brac

    TF1 vient de diffuser le dernier épisode d'"Insoupçonnable" avec Emmanuelle Seigner et Melvil Poupaud. La scénariste Virginie Brac ("Engrenages") s'est confiée sur le challenge de l'adaptation de The Fall, sur la fin et sur une éventuelle saison 2...

    Gilles Gustine

    AlloCiné : Avant de revenir sur le dernier épisode, parlons plus généralement de la série et notamment de cette envie d'adapter la série britannique "The Fall". Est-ce que c'est né d'un constat qu'on ne faisait pas assez de séries policières aussi sombres en France, que c'était plus original que ce à quoi on est habitués ?

    Virginie Brac : Je pense que c'est original pour le monde entier, pas seulement pour la France. C'est un thriller avec un personnage de tueur en série qui est à mon avis, historiquement, un des meilleurs jamais créés. Je me suis toujours dit qu'on pourrait l'adapter pour la France, que ce serait un travail intéressant. L'idée c'était de faire quelque chose de plus lumineux et de travailler sur la partie faible de The Fall, à savoir l'enquête policière et le rythme. Et le faire pour TF1, c'était un vrai challenge : comment faire d'un programme anglais de niche un spectacle pour des millions de téléspectateurs. 

    Est-ce que c'était ça le plus gros défi de l'adaptation pour vous ou y'avait-il autre chose d'encore plus compliqué ?

    Je voyais assez facilement comment faire ça, notamment en passant l'action de Belfast à Lyon. Belfast, c'est vraiment pas une jolie ville, contrairement à Lyon qui est très lumineuse. Le vrai challenge, c'était de rendre le personnage du tueur non pas sympathique mais fascinant et supportable. Il ne fallait pas qu'il suscite un rejet immédiat chez les téléspectatrices. Et ça c'était côton ! 

    Comment vous y êtes-vous prise du coup ?

    Alors c'est d'abord ce merveilleux acteur qu'est Melvil Poupaud. Je savais que ce serait lui qui incarnerait Paul, donc j'ai écrit pour lui. C'était une garantie d'avoir des nuances, un charme, un mystère... On était dans le haut de gamme. Et puis il a énormément bossé. Il a fait de la gonflette et des abdos pendant six mois, alors qu'a priori c'était pas son truc. Sa nudité, le corps qu'il s'est fabriqué, rajoute une sensualité, un élément de fascination pour les téléspectatrices. On se retrouve du coup dans une situation ambigüe d'être attiré par lui et repoussé à la fois par ce qu'il fait aux femmes. Ca aide aussi à placer plus facilement le téléspectateur dans la tête de la policière qui le traque. 

    Le personnage de Chloé Fisher paraît aussi froid que celui de "The Fall" au premier abord. Est-ce que vous avez été tentée de la rendre plus sympathique ?

    Oui. Gillian Anderson était absolument parfaite dans le rôle. Mais on ne va pas se mentir : elle ne faisait rien dans la série originale. Je peux vous le dire car j'ai travaillé avec les scénarios anglais et je le voyais bien. Toute l'enquête policière était à refaire, déjà parce que le système policier et judiciaire n'est pas le même chez nous, mais surtout parce qu'elle ne faisait rien. Elle allait à la piscine. Profil droit, profil gauche. Et basta. Je voulais miser sur autre chose avec Emmanuelle Seigner. Pas sur son côté glaçial, qu'elle n'a pas d'ailleurs à mon avis, mais sur son étrangeté, sur son sourire fugace mais charmant, sur sa séduction subtile. Elle a une présence rassurante. Et en développant l'enquête et le groupe de flics qui l'accompagne, j'ai ajouté un aspect rassurant qui permettait de contrebalancer avec le côté glauque.

    Vous avez choisi de ne pas adapter la saison 3 de "The Fall". Est-ce que vous la trouviez moins bonne ou est-ce que c'était dans l'idée de garder des cartouches pour une éventuelle saison 2 d'"Insoupçonnable" ?

    Je la trouve moins bonne, je peux le dire parce que j'ai déjà dit toute mon admiration pour les deux premières saisons. Il y avait déjà 10 épisodes en associant les deux premières saisons pour n'en faire qu'une. On en a juste retiré un par rapport à la série originale et on ne s'en rend pas du tout compte quand on met les deux face à face. Ca fait partie de la dentelle du travail. J'ai des idées pour une saison 2 mais ce serait une saison complètement originale. Pour le moment, on n'en a pas du tout parlé avec TF1.

    Est-ce que vous avez un regret sur l'adaptation ?

    Globalement, c'était un tel challenge, que je dois dire qu'on était vraiment très contents du résultat, très positifs. Maintenant si j'avais un regret avec du recul ce serait sur le fait que l'on ne prend pas assez notre temps. Il y a quelques scènes, qui sont censées être bouleversantes, qui perdent en intensité parce qu'elles sont trop courtes et c'est dommage. Mais ça fait partie du jeu.

    Gilles Gustine

    ATTENTION SPOILERS SUR LA FIN DU DERNIER EPISODE !

    Choisir de tuer Paul à la toute fin, était-ce une évidence pour vous dès le début de l'écriture ?

    Pas du tout une évidence et jusqu'à la dernière minute on n'était pas sûrs de tuer Paul. D'ailleurs, dans la façon dont c'est tourné, il n'est pas forcément mort... 

    Pour vous laisser une possibilité de le faire revenir dans une saison 2 ?

    Oui.

    L'idée de faire une saison 2 avec seulement Chloé Fisher chargée d'une nouvelle enquête, ça vous tente ?

    On pourrait, mais ce serait répétitif. C'est le duo qui marche. C'est ce personnage extraordinaire créé par Allan Cubbit qui marche. 

    Est-ce que vous avez un nouveau projet en développement dont vous pourriez nous parler ?

    Oui bien sûr : il s'agira de l'une des premières séries originales d'OCS au format 52 minutes et elle se tournera au printemps 2019. Ca s'appelle Cheyenne et Lola, c'est une sorte d'Orange is the New Black à la française. Sans trop en dire, c'est sur un univers avec beaucoup de femmes, c'est assez drôle mais pas seulement...

    Propos recueillis le 16 octobre 2018

     

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