Un bref rappel des faits. En mai 2018, après plusieurs mois d’enquête, la justice new-yorkaise a inculpé Harvey Weinstein de viol au premier degré (avec usage de la force) et au troisième degré (sur personne incapable de donner son consentement), ainsi que "d’actes sexuels forcés" sur deux femmes. En juillet, l’ex-producteur déchu a de nouveau été inculpé à New York, cette fois d’ "acte sexuel criminel" et d’ "agression" sur une femme à laquelle il aurait imposé une "pratique sexuelle orale" en 2006. L'intéressé risque la prison à vie.
Harvey Weinstein vient d'obtenir un (très) léger bol d'oxygène, avec la décision d'un juge New-Yorkais qui vient en effet d'annuler un des six chefs d'accusation ce jeudi 11 octobre, à savoir celui d'agression sexuelle, à la suite de l’affaiblissement du témoignage de Lucia Evans, l’une des premières femmes à avoir accusé l'ex producteur, qui avait porté plainte contre lui pour fellation forcée. Des faits qui se seraient produits en 2004.
L'avocat de Weinstein, le ténor du barreau Benjamin Brafman (qui avait défendu en son temps DSK dans l'affaire du Sofitel) a indiqué qu’un document versé au dossier contredisait la version de Lucie Evans. Selon plusieurs médias américains, cette dernière aurait raconté avoir effectivement fait une fellation à Harvey Weinstein, mais de son plein gré, pour obtenir un rôle. Jusqu’ici connu seulement des parties et du juge, le document va être prochainement rendu public. "C’est un développement très important" a commenté après l’audience M. Brafman, qui a laissé entendre que le ministère public devrait poursuivre Lucie Evans pour parjure.
L'avocat continue de réclamer l'abandon de l'ensemble des charges pesant sur son client, arguant notamment du fait que son client a reconnu avoir effectivement eu plusieurs relations avec des femmes qui se présentent comme des victimes, mais soutient que tous ces rapports étaient consentis. En août dernier, il a ainsi déposé un recours en ce sens, produisant des éléments visant à discréditer une autre des trois femmes se disant victimes d’Harvey Weinstein. Le juge doit toujours se prononcer sur ce recours, qui a mis en lumière des correspondances montrant que la victime présumée a maintenu des contacts étroits et affectifs avec Harvey Weinstein après l’agression sexuelle présumée.
"Il ne s’agit pas de stigmatiser les victimes" expliquait Benjamin Brafman, ou de "suggérer qu’une femme qui témoigne ne devrait pas être crue. Il s’agit de la preuve qu’une personne qui a témoigné a menti devant un grand jury", faisant référence au jury qui a statué sur la validité des chefs d’accusation.
Si Weinstein est encore très loin d'être sorti d'affaire, il s'agit cependant d'un sérieux revers pour l'accusation. Les condamnations en matière de crimes sexuels sont rares au regard du nombre de personnes se disant victimes de tels faits.