La parole se libère à Hollywood. Et plus largement dans le milieu du 7e Art. Alors que la planète cinéma vit au rythme des révélations quotidiennes de ce que l'on baptise désormais l'affaire Harvey Weinstein, plusieurs comédiennes françaises (dont Julie Delpy ces derniers jours) ont pris la parole sur la question d'un harcèlement généralisé dont sont victimes les comédiennes, techniciennes, assistantes ou encore productrices en coulisses. Et ce dimanche, c'est le réalisateur, scénariste et producteur James Toback qui est au centre d'une enquête publiée par le Los Angeles Times.
Quentin Tarantino réagit à l'affaire Weinstein : "J'en savais assez pour faire plus que ce que j'ai fait"Nommé aux Oscars pour le scénario de Bugsy, réalisateur de Mélodie pour un tueur, Black and White ou Tyson, James Toback est accusé par trente-huit femmes (actrices, serveuses, étudiantes, hôtesses de l'air...) de harcèlement sexuel, avec un comportement à chaque fois similaire : une proposition de rôle à de jeunes femmes, quelques rencontres en public, puis une audition où se mêlent questions intimes sur la masturbation notamment, comportements déplacés et attouchements sexuels.
"C'est quelque chose qu'on retrouve chez beaucoup de femmes que je connais", témoigne ainsi une des victimes, aujourd'hui professeur d'art dramatique, actrice et dramaturge. "Chaque fois que quelqu'un raconte avoir été abusée sexuellement par un auteur-réalisateur effrayant, la réponse est 'Oh non, tu as été Toback-ée. Les chiffres sont stupéfiants". Les victimes n'ont jamais porté plainte et la plupart n'avaient jamais évoqué le sujet, même auprès de leurs proches. Jusqu'à l'affaire Weinstein, qui a donc aidé à libérer la parole. "Aujourd'hui, j'ai pleuré pour la toute première fois à ce sujet", témoigne ainsi une de ces femmes. "J'ai pleuré pour la jeune femme d'une vingtaine d'années qui a perdu quelque chose de vital ce jour-là, son innocence".
Affaire Harvey Weinstein : "le climat macho laisse peu de place aux femmes à Hollywood" selon notre correspondant américainJames Toback, qui a souvent joué avec ses propres démons dans ses scripts -par exemple le jeu dans Le Flambeur, a démenti les accusations, évoquant notamment des problèmes de santé majeurs depuis vingt-deux ans qui rendraient "biologiquement impossible" de tels comportements. Depuis la parution de l'article, le journaliste Glenn Whipp a révélé avoir été contacté par seize nouvelles victimes potentielles.
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