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    Lumière 2017 - William Friedkin : "Aucun de mes films ne mérite d'être cité dans la même phrase que Citizen Kane"

    William Friedkin, invité de marque du Festival Lumière, nous a accordé un long entretien où il se confie avec une grande sincérité sur ses films, le cinéma qu'il aime et raconte quelques anecdotes passionnantes. Rencontre avec un très grand cinéaste.

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    AlloCiné : Commençons par le commencement, quel est votre tout premier souvenir de spectateur ?

    William Friedkin : J'étais tout petit quand ma mère m'a emmené pour la première fois au cinéma. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, je devais avoir cinq ans. Nous sommes allés dans ce cinéma gigantesque à Chicago, qui s'appelait The Uptown Theatre, il y avait beaucoup de monde. D'un seul coup, les lumières se sont éteintes, la pièce est devenue noire et j'ai entendu le bruit des rideaux qui s'écartent, puis une image a surgi sur l'écran, c'était sûrement le carton des crédits. J'ai hurlé, j'étais terrifié ! Je ne savais pas ce que c'était, c'était ma toute première expérience car il n'y avait pas la télévision à l'époque ! J'ai crié si fort que ma mère a dû me faire sortir. Je n'y suis pas retourné avant d'avoir neuf ou dix ans, quand on allait au cinéma le samedi après-midi pour voir des cartoons. 

    Qu'est-ce qui s'est passé exactement lorsque vous avez vu Citizen Kane, des années plus tard ?

    Oh, ce fut comme une épiphanie, une véritable révélation ! J'ai réalisé que ce que je venais de voir était un immense chef-d'œuvre. Avant Citizen Kane, je n'avais jamais envisagé le cinéma comme une forme d'art. Vous savez, cette grande question que pose André Bazin : "Qu'est-ce que le cinéma ?", je ne me l'étais jamais posée. Un ami m'avait dit qu'il y avait ce film, qui ressortait en salle. Je crois que c'était une quinzaine d'années après la première sortie de Citizen Kane, qui n'avait pas été un succès à l'époque. Je suis allé le voir dans le seul cinéma de Chicago où il repassait et je suis resté au cinéma toute la journée, j'ai dû le voir quatre ou cinq fois de suite. C'était comme se retrouver devant un tableau de maître dans un musée ou une gallerie d'art, on est complètement hypnotisé. Ce film m'a suivi tout au long de ma vie, c'est un chef-d'œuvre absolu et cela a été décisif quant à mon choix de devenir cinéaste. Je ne savais pas quel cheminement avait suivi Orson Welles pour réaliser ce film, mais je me suis rendu compte que c'était ce que je voulais faire. Je n'ai pas encore fait un seul film qui puisse être ne serait-ce que mentionné dans la même phrase que Citizen Kane. 

    RKO Radio Pictures Inc.

    À vos débuts, au milieu des années 1960, vous avez réalisé un épisode de la série The Alfred Hitchcock Hour (Suspicion en français). Est-il vrai qu'Alfred Hitchcock vous a réprimandé parce que vous ne portiez pas de cravate ?

    J'étais très jeune, je tournais des documentaires et Norman Lloyd, qui avait joué notamment dans Saboteur d'Hitchcock et qui produisait la série, voulait que je réalise le dernier épisode de la série, "Off Season". Un jour, sur le plateau, il m'a présenté à Hichcock, qui venait un jour par semaine pour lire ses célèbres introductions. Hitchcock arrive, avec une horde d'assistants et il me tend sa main, comme un poisson mort, comme s'il attendait un baise-main ou quelque chose comme ça. J'ai pris sa main, elle était moite, et il a dit : "Monsieur Friedkin, d'habitude, nos réalisateurs portent la cravate." J'ai cru qu'il plaisantait, mais pas du tout. J'essayais de réfléchir à quoi répondre et il est parti. Quatre ans plus tard, je recevais un prix de la Directors Guild of America pour French Connection. Après avoir accepté le prix des mains de John Huston, j'étais supposé quitter la scène pour répondre à la presse, mais j'ai vu Hitchcock, à une table juste devant la scène. Je suis descendu vers lui et j'ai fait claquer mon nœud pap' : "Que penses-tu de la cravate, maintenant, Hitch ?" Il m'a regardé avec un air bizarre, je crois qu'il ne se souvenait pas, moi si. Évidemment, il reste une source d'inspiration pour tous les cinéastes, moi compris. 

    Lorsque vous réalisez le documentaire The People vs. Paul Crump, il se passe quelque chose d'assez incroyable...

    J'avais fait quelques documentaires avant, mais c'est le premier qui a réellement attiré l'attention à l'international. C'était un documentaire à propos d'un homme afro-américain qui allait passer à la chaise électrique après neuf ans dans le couloir de la mort. Après avoir vu le film, le gouverneur de l'Illinois l'a amnistié. C'était extraordinaire, j'ai réalisé le pouvoir du cinéma et l'impact qu'il pouvait avoir. Que ce film puisse servir à sauver la vie d'un homme était un choc. Je n'avais absolument pas conscience de cela quand j'ai décidé de faire le film. 

    Votre premier film de fiction est une comédie musicale, avec Sonny et Cher, Good Times, quel souvenir en gardez-vous ?

    Le souvenir que j'en garde, c'est que ce n'était pas un très bon film !

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    Les comédies musicales, c'est un genre important pour vous ?

    C'est le genre que je préfère ! Les comédies musicales hollywoodiennes des années 1940 et 1950, les films comme Singing in the Rain, Un Américain à Paris, Tous en scène, Gigi... C'est un genre dont on ne parle plus, mais c'étaient des films tellement brillants qu'on les redécouvre avec un regard neuf à chaque fois qu'on les revoit. 

    Avez-vous vu La La Land ? 

    Oui, j'ai beaucoup aimé La La Land ! Je ne pense pas qu'il puisse rivaliser avec les classiques, mais c'est un film super, un très bel hommage au genre. 

    Dans certains de vos films, comme French Connection ou Police Fédérale, Los Angeles, il y a une vraie facture documentaire. Qu'est-ce que cela apporte à la fiction ?

    Oui, d'une certaine manière. C'est comme cela que j'ai commencé, donc j'ai un rapport insctinctif à ce type d'approche. Cela dépend de l'histoire, ça ne peut pas correspondre à tous les films. Le film qui m'a vraiment inspiré et conduit à m'orienter vers un style documentaire pour French Connection, c'est le film Z de Costa-Gavras. C'était une fiction, inspirée de faits réels et il l'a réalisée comme s'il s'agissait d'un documentaire. C'est un film merveilleux, un des plus grands jamais réalisés. Il est unique et très puissant, comme beaucoup de films de Costa-Gavras. 

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    Vous avez adapté plusieurs pièces de théâtre. Bug, Killer Joe, par exemple, sont extrêmement cinématographiques. Comment transformez vous le matériau de départ, le texte théâtral, en pur cinéma ?

    Toutes les pièces que j'ai adaptées, d'Harold Pinter ou de Tracy Letts, par exemple, me sont apparues comme très cinématographiques. Beaucoup de cinéastes ont, au fond, une idée autour de laquelle ils gravitent. Moi, cette idée sur laquelle je travaille dans mes films, c'est l'obsession. J'ai retrouvé cette obsession dans des projets originaux, comme French Connection, ou dans des pièces, c'était totalement le cas de Bug. Il y a un très grand romancier américain, Dennis Lehane, qui a fait un blog sur French Connection. Il a dit que c'était l'oeuvre qui se rapprochait le plus de Moby Dick et de l'obsession de capitaine de capturer la baleine. Pour lui, Popeye est l'équivalent du capitaine Achab. 

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    Vous êtes célèbre pour vos scènes de poursuites, qui sont parmi les meilleures réalisées...

    Oh non, non ! Buster Keaton a fait les meilleures scènes de poursuite de l'histoire ! Aucune scène de poursuite n'a jamais été à la hauteur de ce qu'a réalisé Buster Keaton. Vous avez vu Le Mécano de la Générale ? Je ne sais pas comment une chose pareille a été possible ! Keaton mettait en scène ses films, il jouait dedans, il les montait, et c'est juste extraordinaire ! Il a repoussé les limites du cinéma, car une scène de poursuite, c'est du pur cinéma. On n'a pas besoin de dialogue, on n'a même pas besoin de musique. Et on ne peut réaliser une scène de poursuite dans aucun autre medium : ni en peinture, ni en sculpture, ni en littérature... Cela ne peut être fait qu'avec une caméra et une table de montage. 

    Puisque l'on parle de peinture, j'ai lu que la série L'Empire des lumières de Magritte avait inspiré une  scène de L'Exorciste. Pouvez-vous nous raconter ?

    J'ai vu l'un des tableaux de la série L'Empire des lumières au MoMA. Il y en a au moins six différentes versions, qui représentent toutes une rue, où le ciel est dans la lumère du jour et la rue est dans l'obscurité, éclarée par un lampadaire et une lumière qui provient d'une fenêtre. C'était un an environ avant que je réalise The Exorcist et j'étais très ému par le surréalisme de Magritte, particulièrement ce tableau. Lorsque j'ai dû réfléchir à la manière dont j'allais filmer l'arrivée du père Merrin, il m'est venu à l'idée de faire quelque chose de similaire à L'Empire des lumières. Dans le tableau, il n'y a pas de silhouette, j'ai donc ajouté la figure du prêtre qui arrive devant la maison, dans la lueur, non pas du lampadaire, mais de la lumière émanant de la fenêtre de la petite Regan, ce qui relève du surréalisme. 

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    Quel a été votre tournage le plus difficile ? 

    C'était Sorcerer. Il y avait énormément de scènes d'action très compliquées. On n'avait pas encore la possibilité d'utiliser des effets numériques. Tout ce qu'on voit dans le film, on a dû le faire, littéralement. La scène du pont, c'était quelque chose de complètement nouveau, qui n'avait jamais été fait avant, et il a fallu trouver un moyen de nous en sortir. Le plus difficile, c'était de réussir à le faire sans se mettre en danger de mort. Les scènes de poursuites dans French Connection, Police Fédérale, Los Angeles et certaines scènes de Sorcerer étaient réellement risquées, c'était très dangereux. Si c'était à refaire, je ne le referais pas. J'étais jeune, à l'époque et je n'avais pas du tout la notion de la valeur de la vie humaine que j'ai maintenant. 

    Sorcerer est d'ailleurs un remake du Salaire de la peur. 

    Pour moi, il ne s'agit pas du tout d'un remake. En ce moment, on joue une nouvelle version de Cyrano au théâtre à Paris, s'agit-il pour autant d'un remake ? Je connais deux films adaptés de Cyrano de Bergerac, un avec Depardieu et un autre avec José Ferrer. Ces deux films sont très différents, ils sont tournés dans différentes langues, ont été réalisés à partir de différentes. Le film de Clouzot est adapté d'une histoire très classique, écrite par Georges Arnaud et j'en ai fait une autre version, comme si je faisais une autre version de Hamlet ou de Cyrano. Hamlet est joué sans arrêt, partout dans le monde, ce ne sont pas des remakes, mais des versions différentes. C'est ainsi que je vois Sorcerer, c'est une version complètement différente, avec d'autres personnages, d'autres éléments narratifs, inspirés par la même histoire. 

    Bac Films

    De tous les films que vous avez réalisés, duquel êtes-vous le plus fier ? 

    Oh, ce n'est pas une question de fierté, mais je peux dire que celui dont le résultat final est le plus proche de la vision que j'en avais au départ, c'est Sorcerer. J'aime aussi beaucoup The Boys in the band, je le trouve bien écrit, bien réalisé et bien interprété. 

    Pouvez-vous nous parler du documentaire que vous venez de réaliser sur l'exorcisme, The Devil and Father Amorth, présenté il y a quelques semaines à Venise ?

    J'ai rencontré le père Amorth, qui avait été l'exorciste en chef de Rome pendant trente-et-un ans. Dans son premier livre, il parlait de L'Exorciste et de comment mon film avait permis aux gens de mieux comprendre son travail. Lorsque je lui ai écrit, j'étais à Lucques, la ville où vivait Puccini, pour recevoir le prix Puccini pour un opéra que j'avais mis en scène. J'étais à une heure d'avion et je lui ai proposé qu'on se rencontre. Je l'ai très longuement interviewé pour Vanity Fair, et je lui ai demandé s'il me laisserait assister à un exorcisme. Puisqu'il avait aimé L'Exorciste, il a accepté de me laisser filmer ce qui s'est avéré être son dernier exorcisme, l'exorcisme d'une femme dans un petit village à 150 km au sud-est de Rome. C'était le neuvième exorcisme de cette femme. Le père Amorth est mort peu après. C'était une expérience absolument terrifiante. On connait peu de choses sur l'exorcisme, le Vatican dit très peu de choses et à raison, car c'est quelque chose de très privé, comme voir un psychiatre. Les psychiatres sont tenus au secret professionnel, c'est la même chose.

    LD Entertainment

    Le Vatican a-t-il réagi au film ?

    Non, et je pense que ça n'arrivera pas. C'est un véritable exorcisme, ce n'est pas une fiction. Quand L'Exorciste est sorti en 1973, l'Eglise était très divisée. Il y avait de nombreux cardinaux, évêques, prêtres, qui l'adoraient et trouvaient que c'était un film important. À l'époque, le père Pedro Arrupe, qui était le Supérieur de l'ordre des Jésuites, avait sa propre copie du film et il la montrait à beaucoup de gens. D'autres qui pensaient que c'était du blasphème. Il n'y avait pas moyen de réagir de manière unanime au film. Là, je ne vois pas ce qu'ils pourraient dire, c'est un véritable exorcisme, en latin, pratiqué par l'exorciste du diocèse de Rome. C'est complètement authentique. Lorsque le film sortira, on leur demandera probablement ce qu'ils en pensent, mais je doute qu'ils prennent une position officielle. 

    Avez-vous des projets de fictions ?

    J'ai quelques idées, oui, mais j'ai travaillé sur ce documentaire pendant un an, puis j'ai beaucoup voyagé et j'ai besoin d'un peu de repos avant de m'atteler à l'une de ces idées. 

    J'ai lu que Michael Mann, qui était ici il y a quelques jours, avait voulu vous confier le rôle d'Hannibal Lecter dans Manhunter, finalement joué par Brian Cox, c'est vrai ?

    Oui, j'aurais été incapable de jouer, mais Michael Mann pensait que je n'aurais pas besoin de jouer ! J'ignore ce qui en moi lui a fait pensé à Hannibal Lecter, mais ce n'était pas une blague ! Je lui ai demandé, il a inventé une excuse bidon : "Tu es très intelligent, comme Lecter." Je lui ai répondu qu'il avait besoin d'un vrai bon acteur pour ce rôle. 

    Vous regrettez de ne pas avoir accepté ? 

    Non, pas du tout, j'en aurais été bien incapable ! C'est un vrai boulot d'acteur. 

    Splendor Films

    La rumeur veut qu'un an avant cela, il vous ait attaqué pour plagiat à cause de la prétendue ressemblance entre To Live and Die in LA et Miami Vice. 

    C'est complètement faux. Je ne sais vraiment pas d'où sort cette histoire qui est partout sur Internet. On raconte qu'il m'aurait poursuivi pour avoir volé le style d'une série qu'il n'a même pas réalisée, il était producteur. Il n'y aurait même pas eu matière à un procès. Il était là il y a quelques jours et j'espérais qu'on puisse se croiser, pour mettre définitivement cela à plat. Et je vais être très honnête, je n'ai jamais vu Miami Vice ! Je sais que ce sont deux gars qui évoluent dans un environnement urbain dans une atmosphère propre aux années 1980, mais c'est tout. J'ai pu voir des extraits, mais je n'ai jamais vu un épisode complet. To Live and Die in LA n'aurait en aucun cas pu être inspiré par Miami Vice. D'ailleurs, pour Manhunter, Michael Mann a choisi William Petersen, l'acteur que j'avais révélé avec To Live and Die in LA ! J'ai même montré le film à Michael avant sa sortie, pour qu'il voie comment jouait Petersen. 

    Vous êtes pro-cinéma numérique, vous n'êtes pas du tout attaché à la pellicule ?

    Bien sûr, le numérique c'est ce qu'on a vu de mieux jusqu'à maintenant. La pellicule, c'est terminé. Et les copies numériques sont de bien meilleure qualité. C'est comme les calèches, je suis sûr que plein de gens aimeraient se balader en calèche le long des quais, mais ça appartient au passé. Je laisse Quentin Tarantino projeter mes films en 35 mm car j'admire le dévouement qu'il porte au 35 mm. Je pense que c'est une cause perdue. Les platines vinyles reviennent à la mode, mais aujourd'hui, 99% des salles sont équipées en numérique, on ne peut presque plus projeter de 16 mm ou de 35 mm. Le New Beverly fait partie des exceptions. Quentin a ses propres bobines - qu'il a certainement volées. Il m'a demandé la permission de passer Sorcerer dans son cinéma. je lui ai demandé s'il avait une bonne copie. Je n'irai certainement pas voir ça, tellement cela doit être rayé et sale. Mais il m'a dit que oui, donc je le laisse faire. 

    Vous avez la réputation d'être parfois difficile en plateau, avec les acteurs. 

    Très sincèrement, je ne crois pas être comme ça, je suis très dévoué à mes films et j'essaie de travailler avec une équipe et des acteurs qui le sont aussi. Lorsque ce n'est pas le cas, je ne les martyrise pas, je les remplace. Cela ne m'est pas arrivé si souvent, et les seules fois où c'est arrivé, c'est simplement parce qu'on n'était pas sur la même longueur d'ondes. Quand on respecte les gens avec qui on travaille, on ne les tyrannise pas. Il est possible que j'ai cette réputation, mais je crois pas que ce soit vrai. J'ai fait beaucoup de films violents, angoissants, Killer Joe, The Exorcist, French Connection, et je pense que les gens font l'amalgame. Ils associent ce genre de films avec une personnalité difficile, mais je suis vraiment l'opposé de quelqu'un de violent. D'ailleurs, j'adore les pandas !

    Voltage Pictures

    Vous travaillez sur une adaptation en série de Killer Joe, pourquoi vouloir en faire une série ?

    Parce que j'ai changé les personnages, le lieu de l'intrigue... Le ton est le même que dans le film, mais ça ne se passe pas dans le même univers. Cela se passe désormais chez les millionnaires texans, qui s'arrangent pour faire tuer leur femme, leur fiancée, ou leur principal concurrent en matière de business par Joe, qui est aussi le flic qui enquête sur ces affaires. 

    Qui interprétera Joe ?

    C'est John Cusack. Ce sera très différent de ce que proposait McConaughey, qui était déjà très différent du personnage de la pièce. 

    Le fait d'avoir réalisé L'Exorciste fait que vous êtes considéré comme un maître de l'horreur, qu'est-ce que cela vous évoque ?

    C'est l'opinion de certaines personnes. Pour moi, Hitchcock était un maître de l'horreur, avec un film : Psychose. C'était aussi un maître dans plein d'autres genres. Qui d'autre ? Henri-Georges Clouzot, avec un film : Les Diaboliques. Roman Polanski, avec plusieurs films, mais particulièrement Rosemary's Baby. Un réalisateur japonais, Kaneto Shindô, avec un film qui s'appelle Onibaba. Pour moi, ce sont les grands classiques de l'horreur. 

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    Est-ce que vous regardez beaucoup de films ?

    Non, très peu, plus maintenant. Je regarde toujours certains vieux films, que j'aime par-dessus tout. Les films d'Antonioni, de Fellini, ou certains films comme All About Eve, de Joseph Mankiewicz, À cause d'un assassinat, d'Alan Pakula, que je considère comme un chef-d'oeuvre, Le Verdict, de Sidney Lumet. Et les comédies musicales de la MGM dont je parlais tout à l'heure, je les regarde en Blu-ray sur mon grand écran, chez moi, je ne m'en lasse pas. Le Trésor de la Sierra Madre, de John Huston, Un Crime dans la tête, de John Frankenheimer. Récemment, j'ai trouvé le Blu-ray du Clan des Siciliens d'Henri Verneuil, qui est aussi un film que j'adore. 

    Gardez-vous un oeil sur la nouvelle génération de cinéastes ?

    Aux Etats-Unis, il y a Damien Chazelle, j'admire les deux films qu'il a réalisés, je les trouve très originaux, assez uniques et j'ai beaucoup de respect pour lui et pour son travail. 

    Avez-vous encore l'espoir et l'ambition de réaliser un film que l'on puisse citer dans la même phrase que Citizen Kane ?

    De moins en moins, le temps passant. Je ne sais pas combien de films j'ai réalisés, mais pas tant que cela, en bientôt cinquante ans à faire ce métier. Je n'ai jamais rien fait qui arrive à la cheville de Citizen Kane, mais selon moi, personne d'autre non plus, en tout cas pas en Amérique. C'est la référence absolue. 

    La bande-annonce du director's cut de Sorcerer : 

     

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