Babel - réalisé par Alejandro González Iñárritu - sorti le 15 novembre 2006
Avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Gael García Bernal, Adriana Barraza, Rinko Kikuchi
De quoi ça parle ?
En plein désert marocain, un coup de feu retentit. Il va déclencher toute une série d'événements qui impliqueront un couple de touristes américains au bord du naufrage, deux jeunes Marocains auteurs d'un crime accidentel, une nourrice qui voyage illégalement avec deux enfants américains, et une adolescente japonaise rebelle dont le père est recherché par la police à Tokyo. Séparés par leurs cultures et leurs modes de vie, chacun de ces quatre groupes de personnes va cependant connaître une même destinée d'isolement et de douleur...
La barrière de la langue
Le titre du film fait référence à la tour de Babel, épisode biblique situé dans la Génèse. Les fils de Noé voulurent élever à Babel (nom hébreu de Babylone) une grande tour pour atteindre le ciel. Dieu, pour punir les hommes, aurait alors anéanti ces efforts, par la création de différentes langues pour les peuples vivant sur terre. Alejandro González Inárritu explique qu'il voulait "englober toute l'idée de la communication humaine, ses ambitions, sa beauté et ses problèmes, en un seul mot". Il a envisagé beaucoup de titres différents, sans résultat. Il s'est alors inspiré de la Génèse, ce fut une révélation : "C'était comme une métaphore pour le film. chacun de nous parle sa propre langue, différente des autres, mais nous partageons tous la même structure spirituelle".
La fin d'une trilogie
Avec Babel, le réalisateur Alejandro González Inárritu termine une trilogie entamée six ans plus tôt avec Amours chiennes qui raconte le destin de trois hommes réunis par un tragique accident de voiture. En 2004, le second volet 21 grammes repose sur le même principe que son premier film, à savoir les destins croisés de plusieurs personnages réunis par la mort. Sean Penn, Benicio Del Toro, Naomi Watts, Charlotte Gainsbourg constituaient le casting quatre étoiles de ce drame.
Des acteurs non-professionnels par souci d'authenticité
Pour son troisième film, Alejandro González Inárritu a réuni autour de lui Brad Pitt, Cate Blanchett et Gael Garcia Bernal. A coté de ces stars, le réalisateur mexicain a, pour la première fois, décidé de faire appel à un casting non-professionnel, une décision difficile à prendre, il s'en explique : "Travailler avec des non-acteurs a été un vrai challenge, mais cela a aussi rendu tout plus réel. Lorsque nous avons commencé le casting, je me suis rendu compte que les acteurs professionnels au Maroc ne ressemblaient pas à des habitants du désert, parce que leur peau était trop douce, leur look trop travaillé". Le département du casting a dû choisir soigneusement des charpentiers, des programmateurs informatiques. Les annonces de casting étaient passées grâce aux haut-parleurs des mosquées dans les petits villages du Sahara. L'apport de non-professionnels était "la meilleure décision du film", selon le réalisateur.
3 pays, 3 histoires
Le tournage de Babel commencé en mai 2005 au Maroc s'est déplacé ensuite au Mexique, puis à Tokyo au Japon. Ces trois pays ont joué un rôle dans la vie de Alejandro González Inárritu. Ainsi, son voyage au Maroc à l'âge de 17 ans, la vision du désert et des montagnes lui ont donné envie d'y réaliser un film. Durant la promotion de 21 grammes, il s'est rendu au pays du soleil levant et a visité l'endroit d'Hakone, frappant pour sa montagne et ses eaux thermales chaudes. C'est sur ce site qu'il vit une scène qui inspira une des trois histoires de son film : un vieillard s'occupait d'une adolescente mentalement retardée. Enfin, le réalisateur a immigré de son Mexique natal aux Etats-Unis, il voulait qu'une des histoires se déroule dans le contexte de la frontière américano-mexicaine.
Tournage vs. police
La capitale du Japon étant le seul lieu urbanisé qui a servi de décor au film, les difficultés de tournage n'ont pas été moindres. Alejandro González Inárritu explique les problèmes qu'il a rencontrés durant la période de tournage au pays du soleil levant : "Tokyo a été une expérience aussi merveilleuse qu'éprouvante. Les choses vont très lentement là-bas et il n'existe pas de commission du film pour vous aider. Il n'y a pas de permission pour tourner, il faut donc constamment échapper à la police. Il a fallu braver tout ça et travailler dans un esprit un peu guerilla, être prêts à improviser, à se déplacer vite...".