Veep revient tous les dimanches sur OCS City à 20h40

La 68ème édition des Emmy Awards a fait souffler un léger vent de fraîcheur sur la cérémonie, en récompensant notamment Rami Malek pour sa prestation dans Mr Robot et la saison 1 de l'excellente American Crime Story. Mais certaines choses ne changent pas, et dans le cas de Veep c'est plutôt une très bonne chose. En effet, en plus de remporter pour la deuxième année de suite le prix très convoité de la meilleure comédie, le show satirique de HBO a permis à sa star, Julia Louis-Dreyfus, de repartir avec son cinquième trophée d'affilée (!!) de la meilleure actrice dans une comédie.

Un record dans l'histoire des Emmys, qui marque également la sixième récompense pour Louis-Dreyfus dans cette catégorie, qui devient ainsi l'actrice de comédie la plus primée des Emmy Awards, devant Mary Tyler Moore et Candice Bergen. Et le moins que l'on puisse dire c'est que cela est amplement mérité, tant la comédienne, révélée par le Saturday Night Live en 1982, excelle dans le rôle de cette vice-présidente (VP… ou "Veep") des États-Unis déjantée, qui rêve du Bureau ovale. Alors si vous n'avez pas encore succombé à la folie et au timing comique impeccable de Veep, voilà pourquoi il ne faut surtout pas passer à côté…

Parce que Julia Louis-Dreyfus est un génie comique

Si elle nous a ému, hier soir, lors de son discours de remerciement, en évoquant notamment le décès de son père, survenu vendredi, Julia Louis-Dreyfus a également prouvé, une fois de plus, en égratignant au passage la campagne de Donald Trump, qu'une force comique sans pareille l'habite en permanence. Et c'est bien ce qui ressort de Veep depuis maintenant 5 saisons et 48 épisodes produits. La comédienne, qui a marqué le petit écran durant les années 1990 grâce à son rôle d'Elaine dans la sitcom culte Seinfeld (et qui a ensuite été la star de Old Christine de 2006 à 2010), trouve ici ce qui pourrait bien être le rôle de sa carrière, et donne tout, telle une force de la nature.

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Parfaite dans la peau de Selina Meyer, vice-présidente détestable et abominable de stupidité, animée seulement par son désir de réussite et son envie de devenir la première femme Présidente des États-Unis, alors qu'elle n'aime pas les femmes, Julia Louis-Dreyfus offre une partition à mille lieux de la féministe qu'elle est dans la vie. Mais en plus d'être servie par des dialogues d'une vitesse et d'une précision comique imparable (les one-liners mémorables étant foison dans chaque épisode), la comédienne parvient à faire de son visage, et plus globalement de son corps, un vrai outil à faire rire le téléspectateur. Une prouesse qui n'étonnera pas forcément les fans de Seinfeld, mais qui n'est pas si répandue dans les comédies télévisuelles d'aujourd'hui. La "recette" Louis-Dreyfus fait en tout cas à nouveau mouche, et permettrait presque de nous rendre attachante cette vice-présidente pourtant si vulgaire et primaire.

Parce que c'est l'une des comédies les plus intelligentes et les plus efficaces de ces dernières années

Lorsque son créateur, Armando Iannucci (à qui l'on doit la série britannique The Thick of It et le film In the Loop), a quitté ses fonctions de showrunner l'an dernier, à l'issue de la saison 4, on pouvait craindre pour la qualité de la série et de son écriture. Mais la saison 5, chapeautée par David Mandel (un ancien scénariste de Seinfeld), n'a pas déçu et rassure sur ce qui fait la force de Veep depuis ses débuts : sa galerie de personnages et son humour d'une vulgarité quasi sans limites. Chaque épisode nous offre des dialogues mémorables de méchanceté et d'efficacité, tels "Comme ta mère, elle a déjà été aimée et payée par plusieurs mecs auparavant" (en parlant d'une voiture), "Elle a changé d'avis plus souvent qu'un pédophile à Disneyland", ou encore "Cette élection a été brutale. Mes paupières commencent vraiment à ressembler aux couilles de Keith Richards".

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Si la série dit évidemment beaucoup de choses sur le système politique américain, les scénaristes de Veep ont eu l'intelligence d'inscrire l'intrigue dans une sorte de "réalité alternative", qui ressemble évidemment à l'Amérique que l'on connaît, mais où il n'est jamais question, à l'écran en tout cas, de Démocrates ou de Républicains (on ne sait d'ailleurs pas à quel parti appartient Selina). Cela permet notamment à la série de ne pas céder, en saison 5, aux blagues sur Donald Trump, trop faciles, et surtout vues et revues. Et le fait qu'elle continue d'être à mourir de rire, sans cela, en dit long sur ses qualités.

Mais si l'on ne devait retenir qu'un seul aspect du show, cela serait sûrement son casting, et sa panoplie de seconds-rôles qui composent l'équipe de Selina, tout autant incompétente qu'elle. Plus que dans ses grands moments de la vie politique, c'est finalement dans son côté plus "vie de bureau" (à la The Office ou Parks and Recreation) que Veep est tout bonnement incontournable. Car les petits désaccords quotidiens entre chacun ont souvent des conséquences dignes de " petites guerres mondiales", qui font tout le sel de la série, révélant la nullité de ces instruments de la politique américaine, et le talent des comédiens gravitant autour de Julia Louis-Dreyfus, à commencer par Tony Hale (Arrested Development), génial en homme à tout faire de la vice-présidente, Kevin Dunn, ou Anna Chlumsky.

Parce que c'est la série politique la plus pertinente du moment

Ne pas se laisser aller aux vannes faciles sur le côté bien souvent "Grand Guignol" de l'actuelle campagne présidentielle américaine ne veut pas pour autant dire que Veep n'a pas un regard fin, acerbe, et souvent très juste, sur le microcosme de la politique américaine. En effet, si elle préfère des personnages détestables et débiles, et une peinture moqueuse et cruelle, à un réalisme classieux du style de House of Cards ou À la Maison blanche, le miroir de la réalité offert par la série n'en demeure pas moins pertinent, et surtout de plus en plus proche (sans le vouloir) de ce qui se passe vraiment de l'autre côté de l'Atlantique.

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En effet, sans trop en dire sur l'évolution de la série au fil des saisons, on peut tout de même révéler que les saisons 4 et 5 sont grandement centrées sur une élection présidentielle, et que Selina Meyer est évidemment dans la course. Ce fil rouge permet notamment à Veep de faire écho, par l'un de ses twists, à l'élection ayant opposé George Bush à Al Gore. Mais surtout, sans chercher à se calquer sur la campagne qui agite actuellement les États-Unis, le show emmené par Julia Louis-Dreyfus ressemble de plus en plus à une plongée très actuelle dans les dessous de Washington. Car si Selina Meyer continue d'être une (anti-)héroïne tout en excès et en férocité, et si la débilité des uns et des autres reste le maître-mot de l'histoire, on ne peut s'empêcher de penser que la réalité n'est pas si éloignée, faite de petites guéguerres entre candidats, de bassesse, de vulgarité, de méchanceté, et parfois aussi, d'incompétence. Après tout, les discours d'un certain candidat, bien réel lui, vont bien souvent dans ce sens. Alors autant en rire avec Veep !

Plongez dans l'univers déjanté de "Veep" à travers la bande-annonce de sa saison 1 :