Après des semaines de suspense, la première saison de Malaterra arrive à son terme ce soir, et avec elle l’enquête entourant la mort du jeune Nathan Viviani. Qui, au sein de cette petite communauté, a commis l’irréparable ? Et pourquoi ? Le dernier épisode répond évidemment à toutes ces questions et fait, par la même occasion, ressurgir un sombre secret, enfoui depuis longtemps. Ce qui ne va pas manquer d’ébranler encore plus la vie des habitants de Malaterra.

Shine France Films, qui produit la série, et France 2 nous l’avaient promis dès le départ : le dénouement de cette saison de huit épisodes serait surprenant. Et de toute évidence, ils n’ont pas menti ! Si on pouvait assez facilement se douter que le meurtrier ne serait pas le même que dans Broadchurch (pour des raisons assez évidentes dès le premier épisode), c’est finalement le mobile du meurtre qui étonne et éloigne Malaterra de la série dont elle est l’adaptation française. Et c’est tant mieux.

Attention, les paragraphes qui suivent contiennent évidemment des spoilers sur le dernier épisode !!

Le secret de Malaterra

Dans sa construction narrative, Malaterra reste finalement très proche de Broadchurch, et ce tout au long de ses huit épisodes : mêmes grandes étapes, mêmes suspects successifs, et, au final, même élément permettant de démasquer le coupable (à savoir, la localisation du téléphone portable de la victime – Danny dans la version anglaise, et Nathan dans la version française). Et malgré un changement de cadre et des personnages parfois caractérisés de manière différente, il faut en fin de compte réellement attendre le huitième et dernier épisode pour que Malaterra se démarque et révèle son "originalité" à travers une résolution quelque peu inattendue.

Si dans Broadchurch la localisation du téléphone de Danny Latimer menait Alec Hardy (David Tennant) jusqu’à Joe Miller (Matthew Gravelle), le mari d’Ellie (Olivia Colman), sa collègue sur l’enquête, dans Malaterra, ce dernier rebondissement mène le commandant Rotman (Simon Abkarian) jusqu’au domicile de l’adjudant-chef Karine Marchetti (Constance Dollé). Ou plutôt chez les parents de cette dernière, où il se retrouve nez à nez avec "l’assassin" de Nathan Viviani : Rose Olivesi (Catherine Hiegel), la mère de Marchetti.

Angela ROSSI / Shine France / FTV

Et comme dans la série originale, plus que l’identité du coupable, c’est bien la "justification" derrière cette tragédie qui interpelle, nous marque, nous secoue. Mais ici, contrairement à Broadchurch, la mort de Nathan n’est point la conséquence tragique d’une relation trop forte, dérangeante, inappropriée, et presque "amoureuse" entre la jeune victime et son meurtrier (un développement scénaristique qui dérangeait justement par les accents de pédophilie qu’il revêtait, sans toutefois jamais tomber dans la pédophilie à proprement parler – et c’était justement cela aussi la force de cette fin).

Non, dans Malaterra, Nathan est mort parce qu’il a découvert un secret de famille, qu’il menaçait de révéler à son meilleur ami Lissandre, le fils de Karine. Alors Rose, pour protéger sa famille, a tenté de le faire taire. Et dans un moment de rage incontrôlée l’a poussé, le faisant chuter de plusieurs mètres. Une mort plus ou moins accidentelle donc, mais qu’elle a ensuite maquillé avec l’aide de son mari, Toussaint (Yves Afonso). Ce mari qui est finalement à l’origine de tous les maux de Malaterra. Lui qui, des années de cela, a fait un enfant à sa fille de quinze ans, Annabelle. Un enfant qui n’est autre que Karine, qui n’est donc pas la fille de sa mère, mais la fille de sa "sœur". Rose et Toussaint Olivesi ont tenté de garder ce secret toute leur vie mais Nathan a surpris une confession qu’il n’aurait pas dû entendre. Et au final, un secret qui menaçait de détruire une famille en a détruit deux d’un coup…

Angela ROSSI / Shine France / FTV

Avec ce dénouement, Malaterra a donc fait le choix de l’inceste. Pour une fin moins dérangeante que celle de Broadchurch, et qui tombe quelque peu dans les travers de la "saga de l'été" (encore en vogue il y a quelques années sur les chaînes françaises), à grands coups de secrets de famille. Mais le final de Malaterra reste intéressant par le fait qu’il touche aux origines, par le biais de son héroïne, dont les fondements même de l’existence sont irrémédiablement ébranlés à jamais. Comment peut-on se renconstruire lorsque tout ce qu’on pensait savoir de sa propre vie n’est que mensonges ? Telle est, en partie, la question que semble poser ce dernier épisode. Mais est-ce vraiment le "dernier" épisode de Malaterra ?

Vers une saison 2 ?

Face aux audiences plutôt bonnes réalisées par la série ces dernières semaines, France 2 sera-t-elle tentée de commander une saison 2 ? On devrait sûrement être fixé prochainement. Mais quand on sait que Broadchurch a connu une saison 2 et qu’une troisième salve d’épisodes est attendue pour 2017, on se dit qu’il reste sans doute des histoires à raconter à la série de France 2.  D’autant plus que si le mystère de la saison est bouclé, l’avenir des personnages principaux, à savoir Thomas Rotman et Karine Marchetti, demeure en suspens.

Angela ROSSI / Shine France / FTV

Si saison 2 il y a, les scénaristes de Malaterra feront-ils le choix de suivre à nouveau le chemin tout tracé de Broadchurch, en mettant en scène le procès de Rose Olivesi ? Ou choisiront-ils de se défaire totalement des chaînes du remake pour faire de Malaterra une œuvre complètement originale à l'avenir ? En plongeant ses deux gendarmes de héros dans une nouvelle enquête, sans liens avec la précédente (à la façon de la version américaine de Secrets and Lies, qui ne verra revenir en saison 2 que le personnage d’enquêtrice campé par Juliette Lewis, lancé sur une nouvelle affaire) ? Tous les scénarios restent pour le moment possibles. Affaire à suivre...

Les comédiens prêts à rempiler pour une deuxième saison ?