Synopsis: Lucious Lyon, ancienne star du hip-hop, est devenu en l'espace d'une vingtaine d'années l'un des plus riches producteurs de disques Américains. Atteint d'une grave maladie, ses jours sont comptés. Il ne lui reste donc plus beaucoup de temps pour désigner son successeur parmi ses trois fils. Deux sont des artistes débutants, très différents mais soudés, tandis que le troisième est un homme d'affaires prêt à tout pour obtenir la position qu'il croit lui revenir de droit. Alors que la famille est sur le point de se déchirer, Cookie, la matriarche, en prison depuis 17 ans, retourne parmi les siens et sème encore un peu plus le trouble. Elle a des comptes à régler et une vengeance à assouvir...
Lancée le 7 janvier 2015 devant près de 10 millions de curieux, "Empire" n'a cessé de progresser tout au long de sa première saison, atteignant juqu'à 17,6 millions pour le final. Une partie de son succès, elle le doit à la communauté afro-américaine qui a largement répondu présente et qui totalise 60% du public de la série ! 1/3 des foyers afro-américains la suivent ! Toutefois, la saison 2 diffusée actuellement sur FOX est retombée aux alentours de 12 millions de fidèles. Voici notre décryptage de cet incroyable succès, que personne n'avait vu venir !
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Découvrez la bande-annonce de la série :
"Empire" = "Dynastie": quand le soap renaît de ses cendres !
Après avoir réalisé Precious, Paperboy et Le Majordome, trois belles propositions cinématographiques qui ne sont pas passées inaperçues, Lee Daniels avait des envies de musique et de série. Avec son fidèle collaborateur Danny Strong (Hunger Games: La révolte, Game Change), il a conçu en quelques semaines Empire, qu'il ambitionnait de devenir un "Dynastie black", l'une des séries phares de son adolescence, pour laquelle la chaîne FOX lui a laissé... carte blanche.
Diffusé avec succès de 1981 à 1989, Dynastie était l'un des premiers prime-time soaps, dans le sillage de Dallas et Côte Ouest, un genre décrié, souvent moqué, ringard même d'un point de vue franco-français, qui s'est réinventé et a pris un coup de jeune dans les années 90 avec des séries comme Beverly Hills ou Melrose Place, puis qui a quasiment totalement disparu dans les années 2000, à l'exception notable de Newport Beach et Brothers & Sisters. En réalité, le soap s'est à cette époque invité partout, dans tous les genres. Ainsi, Grey's Anatomy est considéré comme un soap médical, Scandal un soap politique ou encore Les Soprano un soap de prestige façon HBO !
Après des tentatives ratées de renouer avec les origines du genre depuis le début des années 2010 -Revenge en étant le meilleur exemple, celui d'un soap qui ne s'assume pas- Empire semble enfin être celle qui a appris de ses prédécesseurs tout en y intégrant une bonne dose d'humour et de modernité, celle qui ose la diversité, celle qui mise sur des acteurs de prestige -Terrence Howard et Taraji P. Henson en tête- celle qui parvient à allier divertissement et qualité, sans jamais trop se prendre au sérieux, et qui devient du coup addictive. Le début d'une tendance ou un cas isolé ? Nulle doute que les autres chaînes américaines tenteront de reproduire son succès.
A noter que Nashville, diffusée depuis trois ans sur ABC, explore le monde de la musique country avec brio, mais malheureusement discrètement, sans attirer les foules...
Toutes ressemblances avec des personnes existantes sont...
... purement volontaires ! Afin d'être au plus proche de la réalité de l'industrie du hip-hop, Lee Daniels s'est vraisembablement attaché à en reprendre certaines des plus célèbres figures. Aucun des héros de la série n'en sont des clones, mais tous font penser à des mélanges de plusieurs d'entre eux. Plus les épisodes passent et plus les anologies se précisent.
Le patriarche Lucious Lyon et son passé de dealer est ainsi un mix de Suge Knight, créateur du label Death Row Records qui a toujours mouillé dans des affaires troubles, et de Jay-Z, monsieur Beyoncé. Jamal Lyon, le frère gay qui tente de se faire une place dans un monde notoirement homophobe, fait irrémédiablement penser au chanteur Frank Ocean, tant dans son style très R'n'B que dans son histoire, mais aussi à Lee Daniels lui-même, ouvertement homosexuel, qui a reconnu avoir mis un peu de son expérience dans le personnage.
Le plus jeune frère fait à la fois penser à Big Sean, dans son attitude de pourri gâté, et à Justin Bieber, qui n'est certes ni rappeur ni afro-américain. Sa relation amoureuse conflictuelle avec une chanteuse débutante, dénommée... Tiana, fait aussi de lui un Chris Brown. Est-ce que le comportement de Hakeem sera aussi violent que celui de Brown avec Rihanna ? A suivre dans les prochains épisodes...
Afin de semer encore un peu plus le trouble et jouer avec les limites entre réalité et fiction, l'équipe s'est adjoint les services de plusieurs "vraies" stars ou artistes, attendus dans la première saison. La rockeuse destroy Courtney Love va participer à un arc de plusieurs épisodes, Naomi Campbell est récurrente, Macy Gray a été annoncée... Et vu le succès de la série, d'autres chanteurs en mal de promotion devraient se bousculer pour y participer ! Lee Daniels est coutumier de ce type de recrutement surprise, lui qui avait offert un rôle à Mariah Carey dans Precious ou à Oprah Winfrey dans Le Majordorme.
Cookie's coming home!
Cookie : le trésor de la série
50% de la réussite d'Empire, on la doit au personnage de Cookie, incarné à merveille par Taraji P. Henson, qui change ici totalement de registre après avoir passionné les téléspectateurs dans Person Of Interest. Bruyante, vulgaire, irrévérencieuse, dotée d'une répartie et d'un sens de l'humour exacerbés, elle illumine chacune de ses scènes et se révèle totalement indispensable ! Une figure féminine forte et bitchy, à mi-chemin entre les classiques Alexis Carrington de Dynastie ou Amanda Woodward de Melrose Place, et les très à la mode "Real Housewives" d'Atlanta et d'ailleurs dans la série réalité.
Ses joutes verbales avec ses fils sont exceptionnelles, mais c'est lorsqu'elle est face à son ex-mari Lucius, et à la nouvelle femme de celui-ci, Anika, qu'elle est à pleine puissance ! Dans ces moments-là, la série fait preuve d'un second degré total et prend des accents de comédie extravagante.
Timbaland, chef d'orchestre
Après avoir collaboré avec les plus grands, de Madonna à Justin Timberlake, en passant par Elton John, Bjork et Missy Elliott, et collectionné les tubes ("SexyBack", "Promiscuous", "Ayo Technology", "Cry me a river"...), le producteur Timbaland a connu un petit passage à vide mais Empire lui permet de remonter sur le devant de la scène, prouvant qu'il a encore des tas de mélodies efficaces dans la tête. Ses compositions et productions originales pour la série sont globalement réussies, accrocheuses, et se vendent déjà comme des petits pains sur iTunes alors qu'un album est en préparation. Il était primordial que la série soit crédible musicalement pour que l'ensemble fonctionne.
Quand les héros nous chantent le tube de la série !