Farewell, Fay Wray... Alors qu'une nouvelle version des aventures du célèbre gorille est sur le point d'être tournée à Hollywood, l'actrice américaine Fay Wray, qui incarna la jeune femme blonde que King Kong tenait dans sa main dans le film mythique de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, est décédée le dimanche 8 août à New York, à l'âge de 96 ans.
Baby star et victime de rêve
Née au Canada, Fay Wray part très tôt s'installer à Los Angeles. Dès le milieu des années 20, la comédienne débute à l'écran dans The Coast patrol (1925), puis multiplie les petits rôles dans des westerns muets de second rang des studios Universal. Elue "Baby star" par la Western Association of Motion Picture Advertisers en 1926, aux côtés de Joan Crawford ou Janet Gaynor, elle trouve son premier rôle important à 19 ans, celui d'une jeune fille pauvre amoureuse d'Erich Von Stroheim dans La Symphonie nuptiale, réalisé par le comédien en 1928. Mais l'actrice se spécialise bientôt dans les rôles de frêles victimes, comme dans Quatre plumes blanches de Merian C. Cooper, Ernest B. Schoedsack et Lothar Mendes, puis La Chasse du comte Zaroff dans lequel est la proie d'un aristocrate sadique sur une île des Caraïbes.
Gare au gorille
Fay Wray se voit alors proposer un film dans lequel elle aura, lui promet la RKO, le partenaire le plus inoubliable qu'on puisse imaginer. L'actrice, qui a déjà donné la réplique à Gary Cooper et William Powell, songe alors à Clark Gable... Elle apprend bientôt qu'il s'agit d'un gigantesque gorille dans ce qui deviendra un classique du film d'épouvante : King Kong, de Cooper et Schoedsack. Elle y incarne Ann, une comédienne enlevée par des indigènes, qui l'offrent en sacrifice à King-Kong. La scène au cours de laquelle le singe tient dans sa main la blonde Ann a marqué des générations de cinéphiles, hantés par les cris de terreur de la belle héroïne.
Tournages avec Hawks et Minnelli
Mais par la suite, la carrière de Fay Wray ne sera pas à la hauteur de ce grand succès de 1933. Tournant néanmoins sous la direction de grands cinéastes tels que La Cava (Benvenuto Cellini), Hawks (Viva Villa !) ou Minnelli (La Toile d'araignée), l'actrice prendra sa retraite du grand écran en 1958. Epouse de l'écrivain John Monk Saunders, puis de Robert Riskin, scénariste fétiche de Capra, elle continuera toutefois à jouer au théâtre et pour la télévision. Refusant de participer au remake de King Kong signé John Guillermin en 1976, elle confiera au Times à propos du rôle de sa vie : "Quand je suis à New York, je regarde l'Empire State Building et je me dis qu'il m'appartient... à moins que ce ne soit le contraire."
Julien Dokhan