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    Retour sur la Berlinale 2004

    Malgré un Cédric Kahn et un Patrice Leconte très en forme, le cinéma français est reparti sans prix majeur du Festival de Berlin. Retour sur la 54e édition de la Berlinale...

    Le poids des ans ne semble pas affecter le Festival du Film de Berlin. Bien au contraire, il semble que l'âge mûr convienne bien à cette institution qui a célébré cette année sa 54e édition. Son directeur Dieter Kosslick -qui en a pris les rênes il y a trois ans- a su enrichir et rajeunir ce bastion des événements cinématographiques, avec des programmes comme les Shooting Stars et le Talent Campus qui font respectivement la part belle aux jeunes acteurs et aux jeunes réalisateurs.

    Mais ce qui fait la renommée de Berlin, c'est aussi son incroyable capacité à attirer les stars. En dépit du froid et de la neige, celles-ci défilent sur le tapis rouge du Berlinale Palaast pour venir présenter leurs dernières oeuvres. Pourtant, l'ouverture fut cette année plutôt décevante pour les amateurs de people, Nicole Kidman n'ayant pas fait le déplacement en Allemagne pour l'épopée Retour à Cold Mountain, les festivaliers ont dû attendre quelques jours pour voir les deux autres vedettes du film, Jude Law et Renée Zellweger, retardée pour cause de tournage de Bridget Jones 2 : l'âge de raison.

    Un cinéma français en forme...

    Le premier choc du festival fut un film français : Confidences trop intimes. La performance de Sandrine Bonnaire face à Fabrice Luchini a fait du film de Patrice Leconte un favori de la critique dès les premiers jours du festival. Mais cette place de choix lui fut ravie quelques jours plus tard par Monster et la "monstrueuse" composition de Charlize Theron qui a pris près de 20 kilos pour endosser la peau d'Aileen Wuornos, première tueuse en série exécutée dans l'Etat de Floride. "En regardant l'histoire des Oscars, on peut se dire que plus vous vous enlaidissez pour un rôle, plus vous avez la chance d'avoir un Oscar", déclarait l'actrice lors de la conférence de presse du film. "Mais ce qui importe en vérité, c'est la qualité de votre travail, pas l'aspect extérieur de votre corps". Avec l'Ours d'Argent de la meilleure actrice (qui lui fut attribué ex-aequo avec Catalina Sandino Moreno pour Maria pleine de grâce), Charlize Theron est en tout cas très bien placée dans la course à l'Oscar, puisque avant elle Nicole Kidman et Halle Berry ont gagné à Berlin avant de triompher à Hollywood.

    Parmi les autres actrices françaises présentes à Berlin, deux avaient fait le déplacement pour des rôles en langue anglaise : Juliette Binoche, venue accompagner Country of my skull de John Boorman dans lequel elle incarne aux côtés de Samuel L. Jackson une journaliste poète chargée de couvrir les audiences de la Comission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud, et Julie Delpy, elle retrouvait Ethan Hawke et son réalisateur Richard Linklater pour Before sunset, la suite de Before sunrise, Ours d'Argent en 1995.

    Outre Confidences trop intimes, deux autres films français étaient en lice pour l'Ours d'or : Triple agent d'Eric Rohmer et Feux rouges de Cédric Kahn, une adaptation de Simenon qui met en scène Carole Bouquet et Jean-Pierre Darroussin dans le rôle d'un couple qui part chercher ses enfants dans une colonie de vacances. "Cette route entre Paris et Rennes est une métaphore de leur vie", précisait le réalisateur lors de la conférence de presse où il a pu constater l'impact de son film auprès des journalistes internationaux : ces derniers ont apprécié le climat à la Hitchcock du film et ont salué en Feux Rouge le retour en force du cinéma français après quelques déconvenues lors des derniers grands festivals internationaux.

    ... mais peu récompensé

    Malgré deux films remarqués, le cinéma français, auquel Berlin réussi en général plutôt bien (Tavernier, Iosseliani, Ozon ou Chéreau peuvent en témoigner), fut cependant absent du palmarès, l'Ours d'Or étant attribué pour la première fois depuis 1986 à un film allemand : Gegen Die Wand de Fatih Akin qui met en scène le quotidien d'immigrés turcs en Allemagne. Le Grand Prix du Jury a été attribué à El abrazo partido de l'Argentin Daniel Burman, récompensé également pour la performance de son comédien principal Daniel Hendler (Ours d'Argent du Meilleur acteur), tandis que le Coréen Kim Ki-duk repartait avec l'Ours d'Argent du Meilleur réalisateur pour La Samaritaine.

    Autre film très apprécié du jury, Daybreak du Suédois Bjorn Runge a obtenu l'Ours d'Argent de la Meilleure contribution artistique pour l'ensemble de son casting et le prix de l'Ange Bleu du Meilleur film européen. Selon son réalisateur, la réussite du film tient au fait que tous les acteurs jouent le contraire de leurs rôles habituels : un art du contre-emploi qui explique son succès en Suède où il a collectionné nombre de nominations aux Oscars locaux.

    Mais le cinéma français ne repart pas de Berlin totalement bredouille puisque Folle embellie de Dominique Cabréra remporte le prix du Meilleur film de la section Forum et que Sébastien Lifshitz repart avec le Prix LVT du Meilleur film européen dans la section Panorama et le Teddy Bear du Meilleur film gay du Festival avec Wild side.

    Carol Shyman et Frédéric Leconte

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