Une rencontre avec Jack Nicholson n'est jamais une rencontre ordinaire, même lorsque celle-ci se déroule entre la légende et un parterre de journalistes venus de l'Europe entière. En ce lundi 2 février, il règne donc une excitation palpable dans le grand salon de l'Hôtel Claridges, situé en plein centre de Londres. AlloCiné avait le privilège d'être convié à cette conférence de presse-évènement, deux jours à peine avant la sortie française de Tout peut arriver, nouveau long-métrage de l'acteur américain en salles ce mercredi. Morceaux choisis.
AlloCiné : Comment vous-êtes vous retrouvé impliqué dans la comédie "Tout peut arriver" ?
Jack Nicholson : Il y a des projets dont il est difficile d'établir véritablement la genèse. Concernant Tout peut arriver, lorsque j'ai reçu le script de Nancy Meyers, je me suis d'abord dit qu'il était peut-être un peu tard pour moi de jouer dans une comédie romantique. Mais au fur et à mesure que je lisait le scénario, je me suis rendu compte à quel point il fonctionnait. C'est véritablement une comédie romantique originale, et c'est ça qui m'a attiré. C'est une comédie adulte que je qualifierais presque de révolutionnaire, très drôle, très juste, sur les relations sentimentales entre personnes de générations différentes. C'est également une belle leçon sur la vie. Le script avait enfin une résonnance sur ma propre expérience, ce qui m'a interpellé et poussé à me lancer dans l'aventure.
Il y a donc une part autobiographique dans ce personnage de sexagénaire attiré par des femmes bien plus jeunes que lui ?
Franchement, je ne pourrais pas vraiment répondre de manière catégorique. Les jeunes femmes sont très attirantes, c'est vrai. Mais c'est un type de femmes particulier, sans aucune garantie qu'il représente la perfection. Tout dépend des personnes, du contexte. C'est une question de point de vue. Me concernant, est-ce que je préfère les jeunes femmes ? Je ne pense pas. D'ailleurs, que voulez-vous dire par "plus jeunes femmes" ? Vu mon âge avancé, toutes les femmes sont plus jeunes que moi !
"Pour le pire et pour le meilleur, "Monsieur Schmidt", "Tout peut arriver"... Vous enchaînez actuellement les comédies. Une nouvelle orientation de carrière ?
On peut dire ça. Depuis les évènements tragiques du 11 septembre 2001, j'ai vraiment envie de me concentrer sur des comédies, qu'elle soient douces-amères, comme Monsieur Schmidt, ou plus légères, comme Tout peut arriver... Je veux en tout cas que les comédies dans lesquelles je jouent me suprennent. Je n'ai plus trop envie de déprimer les gens qui viennent voir mes films, j'ai juste envie de donner du plaisir à ces personnes, de leur faire passer un agréable moment, de les distraire en les faisant rire.
Comment s'est passé votre relation avec Diane Keaton ?
Merveilleusement bien. Je connais Diane depuis longtemps maintenant. J'ai énormément d'affection pour elle. Je pense que notre collaboration sur ce film nous a enrichi mutuellement. Un enrichissement professionnel, mais également humain, car nous avons le même sens de l'humour, assez décalé. Elle possède une folie douce et une intelligence qui me ravissent. Et surtout, travailler à ses côtés est quelque chose d'assez risqué, on ne sait jamais ce qui peut se passer. J'espère vraiment qu'elle sera récompensée aux Oscars !
Si vous deviez persuader le public de venir voir "Tout peut arriver"... ?
Je leur dirais qu'il n'y a pas plus honnête et authentique que ce film. Un film qui m'a donné l'opportunité de travailler avec deux femmes, Nancy et Diane, qui se distinguent par leur intégrité. Je pense que Tout peut arriver est excitant, émouvant et original. Surtout, c'est très finement écrit et cela porte un regard très juste sur les relations hommes/femmes, quel que soit l'âge. C'est un film qui vous attrape et ne vous lâche plus et qui, d'une manière générale, fait que l'on se sent bien et que l'on a envie de profiter du bonheur d'être vivant.
Pouvez-vous nous dire deux mots sur les quelques jours de tournage à Paris ?
Ce furent des journées très agréables, dans une ville très appropriée au sujet du film, puisque Paris est considérée à juste titre comme l'une des villes les plus romantiques au monde. Mais ce fut également une expérience mouvementée lorsque les intermittents du spectacle sont venus interrompre les prises de vue. Je n'ai pas vraiment compris leurs motivations sur le coup, alors nous avons un peu discuté ensemble. C'était vraiment étrange, surtout lorsque le plateau a été envahi par des centaines de personnes avec des porte-voix, suivis de peu par les forces de police !
Propos recueillis par Clément Cuyer