Avant d'accéder à la reconnaissance internationale avec Pulp Fiction en 1994, Quentin Tarantino était parvenu à vendre le scénario de True Romance au studio Metropolitan. Ce dernier a engagé le réalisateur Tony Scott pour le mettre en scène, Tarantino étant à l'époque un novice et un inconnu.
Entre-temps, il a réussi à percer grâce à Reservoir Dogs, sa première réalisation, et True Romance est sorti en salles en novembre 1993, pendant qu'il préparait Pulp Fiction. "Au total, j'ai dû m'essayer à plus de 30 scénarios. True Romance est le premier que j'ai achevé", confie-t-il dans le commentaire audio du DVD du long-métrage.
Le Bonnie and Clyde des années 90
Pour rappel, ce Bonnie and Clyde des temps modernes nous présente le personnage de Clarence Worley, incarné par Christian Slater. Le jour de son anniversaire, il rencontre la splendide Alabama (Patricia Arquette) dans un cinéma miteux. Coup de foudre immédiat.
Après une nuit d'amour, Alabama avoue a Clarence qu'elle a été en fait engagée par le patron de Clarence comme cadeau d'anniversaire. De là va commencer une folle aventure. Même si Tony Scott a réalisé le film, True Romance reste une oeuvre très tarantinesque et inspirée de sa vie personnelle.
Ainsi, l'artiste a injecté des moments de sa véritable vie dans son histoire, comme celle des colocataires Floyd et Dick Ritchie, campés par un étonnant Brad Pitt et Michael Rapaport. "C'est assez personnel", souligne Tarantino en évoquant les séquences avec les deux hommes qui viennent en aide à Clarence et Alabama.
Dick Ritchie tente de percer en tant que comédien à Los Angeles, tout comme Tarantino à ses débuts. "J'étais parqué avec des tas d'autres mecs dans une agence de casting à essayer de décrocher un rôle de seconde zone dans Hooker ou un rôle de braqueur dans une pauvre série policière", se souvient-il.
C'est là que nous allons venir au détail qui a énervé Quentin Tarantino dans le choix de réalisation de Tony Scott. Nous sommes à 1 heure, 27 minutes et 4 secondes du film. Clarence et Alabama se retrouvent dans le petit appartement miteux partagé en colocation par Dick et Floyd. Pendant la discussion, on aperçoit dans le fond des affiches de films encadrées.
Observez bien derrière Brad Pitt
Ouvrez l'oeil et regardez bien derrière Brad Pitt. On peut notamment distinguer le poster de Reflets dans un oeil d'or, un drame bien connu des cinéphiles mis en scène par John Huston et porté par Marlon Brando et Elizabeth Taylor. Cependant, pour Tarantino, cette affiche n'a rien à faire ici.
"J'étais comme eux, en colocation jusqu'à l'âge de 30 à peu près, jusqu'à ce que je vende le scénario de True Romance. Dick et Floyd sont un peu la vision que j'ai de mes colocataires. Pour la plupart, ils restaient vautrés sur le canapé à rien branler et mater la télé toute la journée", nous dévoile le réalisateur.
Metropolitan
"Ces posters au mur, j'ai toujours détesté ça. C'est un truc des décorateurs. Les personnages ne peuvent pas avoir tout ça. Ils n'ont pas assez de blé pour se permettre de faire encadrer les affiches. Il y en a pour 4000 dollars d'encadrement. Un acteur qui crève la dalle ne va pas faire encadrer ses affiches. Il se contente de punaises au mur", expose le cinéaste.
Ces posters au mur, j'ai toujours détesté ça. C'est un truc des décorateurs. Les personnages ne peuvent pas avoir tout ça.
"Je n'imagine pas Dick Ritchie ou Floyd être des fans de Reflets dans un oeil d'or. On les a collés là pour des raisons esthétiques. Ça m'a fait chier que les affiches ne reflètent pas les personnages", déplore Quentin Tarantino. Ce dernier n'a pas tort ; Dick et Floyd sont sans le sou et tentent de percer à Los Angeles ; ils n'auraient jamais pu se permettre de faire encadrer des affiches de films.
Metropolitan
Ce petit détail, que le réalisateur n'a pas manqué de souligner, montre le perfectionnisme d'un Tarantino et son amour pour ses personnages, dont il soigne la moindre réplique et le plus petit des traits de personnalité. Si vous n'avez pas vu True Romance, foncez vite vous procurer ce petit bijou en DVD ou Blu-ray !
