Sorti ce mercredi 20 novembre dans nos salles, La Plus précieuse des marchandises est le premier long métrage d'animation réalisé par Michel Hazanavicius, qui adapte ici le roman homonyme de Jean-Claude Grumberg paru en janvier 2019, alors que le cinéaste travaillait déjà sur sa transposition au cinéma. Qui n'a pas été de tout repos et a connu plusieurs obstacles.
Pour commencer, le Covid a bloqué les financements, et c'est pour cette raison que le cinéaste a dirigé Coupez ! entre temps, comme il nous l'avait raconté au Festival de Cannes, à quelques heures de la présentation de La Plus précieuses des marchandises dans la Compétition du 77ème Festival de Cannes.
Un long métrage qui revient sur la Shoah, à travers l'histoire de ce bébé jeté de l'un des trains de la mort et recueilli par un couple de bûcherons, et dans lequel résonnent les voix de Dominique Blanc, Denis Podalydès ou le regretté Jean-Louis Trintignant, qui signe ici sa dernière apparition au cinéma, dans un rôle de narrateur dont il a enregistré le texte avant son décès survenu en juin 2022.
Un casting que complète Grégory Gadebois, interprète du bûcheron. Un personnage que devait initialement incarner Gérard Depardieu. Mais, mis en examen depuis décembre 2020 pour "viols et agressions sexuelles" suite à la plainte de la comédienne Charlotte Arnould, et accusé de violences sexuelles par 15 autres femmes, l'acteur s'était retiré du projet en octobre 2023. D'un commun accord avec le réalisateur alors que son agent affirmait qu'il "n'accepte plus aucun projet dans le contexte actuel."
"Le film a imposé qu'on se sépare de lui, et il s'en est bien rendu compte"
"À un moment donné, c'est le film qui commande", nous disait Michel Hazanavicius au moment de revenir avec nous sur ce changement, en mai dernier. "Quels que soient les sentiments, parfois contradictoires, que l'on peut avoir vis-à-vis de Gérard Depardieu - qui reste un immense acteur, quoi qu'on en dise - le film a imposé qu'on se sépare de lui, et il s'en est bien rendu compte. Et c'est ce qu'on a fait."
"Après, moi je ne suis pas là pour le défendre ni pour le condamner. On était dans une situation où quoi qu'il arrive, ça ne pouvait pas se passer autrement." Et c'est ainsi que, hasard du calendrier, Grégory Gadebois est à l'affiche de deux longs métrages sortis le 20 novembre, dans lesquels on n'entend que sa voix : celui-ci et Le Choix, où Vincent Lindon est seul à l'écran et n'interagit que par téléphone avec ses partenaires.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Cannes le 24 mai 2024