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    "The Artist m’a énormément servi pour ce film" : le réalisateur d'OSS 117 se lance dans l'animation
    Maximilien Pierrette
    Les images de synthèse de Pixar, les marionnettes de Laïka, la pâte à modeler d’Aardman, les dessins faits à la main des classiques de Disney, les envolées de la saga Dragons… Depuis son enfance, les rendez-vous avec l’animation sont des moments sacrés qu’il ne rate que rarement.

    Dernier long métrage dans lequel on retrouve le regretté Jean-Louis Trintignant au générique, "La Plus précieuse des marchandises" marque la première incursion de Michel Hazanavicius dans le cinéma d'animation. Et il revient sur cette expérience.

    Ça parle de quoi ?

    Il était une fois, dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne. Le froid, la faim, la misère, et partout autour d´eux la guerre, leur rendaient la vie bien difficile. Un jour, pauvre bûcheronne recueille un bébé. Un bébé jeté d’un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur bois.

    Protégée quoi qu’il en coûte, ce bébé, cette petite marchandise va bouleverser la vie de cette femme, de son mari , et de tous ceux qui vont croiser son destin, jusqu’à l’homme qui l’a jeté du train. Leur histoire va révéler le pire comme le meilleur du cœur des hommes.

    La Plus Précieuse Des Marchandises
    La Plus Précieuse Des Marchandises
    Sortie : 20 novembre 2024 | 1h 21min
    De Michel Hazanavicius
    Avec Jean-Louis Trintignant, Dominique Blanc, Denis Podalydès
    Presse
    4,0
    Spectateurs
    3,9
    Séances (437)

    La Croisette s'anime

    C'était, en mai dernier, le tout dernier film à faire son entrée dans la Compétition du 77ème Festival de Cannes. Et pas le moins attendu. Car La Plus précieuse des marchandises marquait le grand retour de Michel Hazanavicius sur la Croisette, deux ans après avoir fait l'ouverture grâce à Coupez !, en même temps que sa première incursion dans le cinéma d'animation.

    Qui aura mis de nombreuses années à voir le jour. "J'ai commencé à travaillé sur l'écriture fin 2018, début 2019", nous disait le réalisateur à Cannes, à quelques heures de la montée de marches avec un film terminé la semaine précédente. "C'était avant que le livre de Jean-Claude Grumberg [dont le film s'inspire, ndlr] ne soit publié. Mais le Covid a bloqué le financement, donc je suis rapidement allé tourner Coupez !, mon précédent film qui est une comédie et qui m'a fait du bien. Ça m'a fait respirer."

    "Mais j'avais déjà commencé sur l'adaptation et les dessins quand ça s'est arrêté. Et j'y suis revenu une fois Coupez ! terminé : je crois que je terminais Coupez ! un vendredi, et le lundi suivant je reprenais La Plus précieuse des marchandises. D'où, peut-être, le fait que je sois un peu fatigué (rires)"

    StudioCanal

    Si l'on a pu avoir l'impression que Le Prince oublié, son conte avec Omar Sy sorti juste avant le Covid, avait pu lui mettre le pied à l'étrier et ouvrir la voie vers ce film d'animation, grâce à l'usage des effets spéciaux numériques, Michel Hazanavicius nous répond qu'il ne s'agissait pas d'un plan de carrière. Quand bien même son aptitude à jouer avec les formats et les genres constitue l'une de ses principales qualités.

    "Ce film d'animation ne vient pas d'une recherche de ce que je n'avais pas encore fait. J'avais même un autre projet d'animation, qui était plus famille et déconnant. Plus comédie, ce que j'aime bien. Mais c'est lourd l'animation. C'est une autre technique et un métier que j'ai appris en le faisant. Mais je ne cherchais pas à tout prix à faire de l'animation : j'ai voulu faire ce film, et pour moi il ne pouvait que se faire ainsi."

    "Ce qui m'a poussé, c'est le livre lui-même. Il y a cette histoire que je trouve fabuleuse, crée par Jean-Claude Grumberg. Elle a l'air toute simple comme ça, mais elle a une puissance d'évocation et une puissance émotionnelle que je trouve super fortes. Mais c'est un projet que l'on m'a proposé avant la publication, et on m'a aussi proposé que cela devienne un film d'animation. Et je ne l'aurais pas fait si ça n'avait pas été de l'animation."

    "Je ne l'aurais pas fait si ça n'avait pas été de l'animation"

    Entre ses mains, le livre s'anime pour se muer en très belle parabole de la Shoah, qui ne nomme jamais la tragédie mais la rend évidente. Une histoire universelle et bouleversante, racontée par la voix de Jean-Louis Trintignant, dans ce qui constitue le dernier film de l'acteur d'Un homme et une femme, décédé en juin 2022. Et un long métrage qui lorgne, entre autres, vers le cinéma de Charlie Chaplin. Dans sa manière d'organiser la narration autour des images plus que des paroles, comme un prolongement de ce que Michel Hazanavicius avait fait sur The Artist, son film muet oscarisé.

    Quitte à avoir coupé quelques dialogues ? "Peut-être un peu, car j'aime bien en enlever. Sauf en comédie où je les adore. Mais je ne suis pas fou des dialogues informatifs. Je trouve que le cinéma est toujours plus puissant quand il se passe de mots, surtout pour les choses un peu émotionnelles, parce que le spectateur est beaucoup plus impliqué. Il comprend les choses, il additionne les signes qu'on lui donne et il fait avec sa propre sensibilité."

    Le cinéma est toujours plus puissant quand il se passe de mots

    "Mais c'est vrai que faire The Artist m'a énormément servi pour ce film. Parce que les personnages principaux sont un couple de bûcherons dans une forêt polonaise, donc pas des gens du verbe. Ce sont des taiseux. Et cet enfant recueilli par le couple ne parle pas, alors que c'est un personnage. Comme les animaux sont aussi des personnages. Et il y a ce déporté qui ne parle pas de tout le film. Donc je voulais passer par une approche visuelle de la narration."

    "Le film n'est évidemment pas une comédie, mais il est très émouvant. Et, pour moi, le silence et les mots réduisent beaucoup les émotions. Elles les réduisent à quelque chose d'assez cérébral, là où le silence ouvre beaucoup plus." Entre le fait qu'il s'agisse du dernier long métrage de Jean-Louis Trintignant et le récit lui-même, La Plus précieuse des marchandises a donc tout pour vous émouvoir. En plus de rappeler que l'animation ça n'est pas seulement pour les enfants.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Cannes le 24 mai 2024

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