Sur le papier, ça aurait pu être un énorme succès pour Netflix. Une série espagnole qui mélange braquage, visages très bien identifiés et une histoire rocambolesque dont seuls les scénaristes ibériques ont le succès. Pourtant, quatre jours après le lancement d’Opération Banco Central sur Netflix, la série peine dans le classement (actuellement à la cinquième position du top 10), ne génère aucune conversation sur Twitter ou sur sa page AlloCiné qui ne compte "que" deux critiques.
Preuve une nouvelle fois que la recette magique et “algorithmée” de Netflix ne fonctionne plus vraiment.
Un problème de positionnement ?
Lorsque Netflix dévoile la première bande-annonce d'Opération Banco Central il y a quelques semaines, on la voyait d’ores et déjà comme la successeure de La Casa de Papel, méga hit de Netflix qui s’est achevée il y a trois ans. Et pour cause : il y est question d’un braquage (mais pas vraiment, vous le comprendrez par la suite) et il y a au casting quatre (4!) acteurs de la série d’Alex Pina. Le raccourci est vite fait.
Les abonnés qui ont pu lancer la série en suivant ce raisonnement ont été très probablement déçus. Car Opération Banco Central est plus un thriller politique qu’une série de braquage. Le premier des cinq épisodes plante le décor et nous emmène à Barcelone, le 23 mai 1981. Trois mois à peine se sont écoulés depuis la tentative de coup d'État au Congrès des députés, lorsque onze hommes cagoulés pénètrent dans le siège de la Banque centrale de Barcelone.
Ce qui n'est au départ qu'un vol spectaculaire devient rapidement un véritable défi à la récente démocratie espagnole, car les voleurs retiennent plus de 200 otages (employés et clients) dans la banque et menacent de les tuer si le gouvernement n'accepte pas de libérer le colonel Antonio Tejero et trois autres responsables de la 23F.
La série dissèque les coulisses de cet événement politique, raconté du point de vue du commandement, des journalistes et des commanditaires du casse. Opération Banco Central a des qualités indéniables - son travail de reconstitution, son esthétique et ses multiples rebondissements. Mais le spectateur qui attendait de voir le côté farfelu et grandiloquent de La Casa de Papel risque d’être déçu.
Des audiences en berne
Pour comprendre un peu ce qui se passe avec Opération Banco Central, il est bon de jeter un oeil à la newsletter Netflix and Chiffres qui analyse chaque semaine les data. Et voilà ce qu’elle nous dit :
“On voit aussi que tout fout le camp, ma bonne dame, quand une série espagnole sur un braquage de banque fait un démarrage moyen ne cumulant que 2,7M d’EVCs sur ses 3 premiers jours, dans la moyenne basse des lancements de mini-séries espagnoles sorties un vendredi. N’est pas La Casa de Papel qui veut.” (Le terme EVC correspond à "Équivalents de Visionnages Complets", une méthode de calcul qui consiste à diviser les minutes vues publiées par les différentes sources par la durée des films et des séries en question.)
Netflix a une nouvelle choisi la facilité avec Opération Banco Central, en misant plus sur ses têtes d’affiche que sur son positionnement. Et c’est symptomatique de tout ce que fait la plateforme de streaming avec ses séries espagnoles, quitte à “recycler” les mêmes comédiens, projets après projets.
On l’a vu récemment avec Respira, une drame médical où l’on connaissait déjà plusieurs acteurs - grâce à La Casa de Papel, Elite ou Les Demoiselles du Téléphone. Si sur le papier, tous les ingrédients étaient là pour être un hit, la série n’a finalement pas été renouvelée par Netflix.
Les spectateurs commencent-ils à se lasser de “la formule clé en main de Netflix” proposée du côté de l'Espagne ? L'avenir nous le dira.