En matière de cinéphilie, Quentin Tarantino fait office de référence. L'ex-employé de vidéoclub devenu réalisateur à succès est ce qu'on peut appeler une valeur sûre en matière de conseils ciné. Aussi, lorsqu'il ne tarit pas d'éloges sur un film, même un peu obscur, c'est souvent qu'il mérite a minima le coup d'œil.
Et depuis la sortie de son livre Cinéma Spéculations, le metteur en scène de Pulp Fiction défend corps et âme une série B bien troussée des années 1970 qui lui plaît encore beaucoup aujourd'hui malgré le passage du temps : Légitime violence. En présentant une projection du film au Festival de Cannes 2023, Tarantino avait déclaré sur scène :
Beaucoup l'ont "pris de haut"
"Juste pour le remettre en perspective, je l’ai vu le soir de sa sortie à Los Angeles, en 1977 (...), mais ce n’est pas parce qu’on avait hâte de le voir, c’est parce qu’il passait en double séance avec Opération dragon [le film avec Bruce Lee, ndlr]. (…) Il est passé le premier, mais on me l’avait déjà tellement raconté à l’école, que j’avais l’impression de l’avoir déjà vu. Mais quand les lumières se sont éteintes et que le projecteur a lancé la copie 35 MM [de Légitime Violence], j’ai tout oublié d’Opération dragon."
Et dans son ouvrage, Tarantino ajoute que cette séance d'enfance "était la genèse d'une appréciation intense d'un film que beaucoup allaient prendre de haut", ajoutant que "pendant une décennie, j'ai suivi le film à travers tout Los Angeles, dès qu'il passait quelque part."
Mais que Tarantino trouve-t-il à ce film ?
"Par le passé, j'ai souvent clamé que Légitime violence était la meilleure combinaison d'étude de personnage et d'action qui ait jamais été faite. Et je le maintiens !"
Quentin Tarantino n'a jamais changé de ligne à propos de ce film, qu'il continue encore aujourd'hui de défendre bec et ongles. Noté 3,1 sur 5 par les spectateurs AlloCiné, on ne peut pas dire que Légitime violence soit considéré comme un chef d'œuvre, mais c'est un film qui s'ancre très bien dans la période du Nouvel Hollywood, puisqu'il met en scène un ancien prisonnier de guerre américain revenant du Vietnam et acclamé comme un héros, mais traumatisé par son expérience.
De plus, son fils ne le reconnait pas, et sa femme en aime un autre et demande le divorce. Un héros déchu de l'Amérique.
Tarantino est tellement fan du film qu'il a baptisé sa société de distribution "Rolling Thunder Pictures". Spécialisée dans les ressorties de films culte, elle n'est restée en activité que de 1995 à 1999.
Attention à ne pas confondre ce Légitime violence (Rolling Thunder en VO) avec le Légitime violence sorti en 1982, un film policier de Serge Leroy porté par Claude Brasseur, Véronique Genest et Thierry Lhermitte avec dans un petit rôle... Plastic Bertrand !