Le 15 avril 2019, les gens du monde entier découvraient, horrifiés et en direct, l'un des plus grands joyaux du patrimoine français dévoré par les flammes. La cathédrale Notre-Dame de Paris subissait le plus important sinistre de sa glorieuse histoire.
Fin décembre 2019, le président de Pathé Jérôme Seydoux proposait à Jean-Jacques Annaud de faire un film de montage d’archives à grand spectacle pour écrans larges (avec son immersif) sur l’incendie de Notre-Dame.
"Mon premier réflexe est de craindre qu’il n’existe pas suffisamment d’images variées pour construire un film de 90 minutes, mais j’écoute. Je repars avec une pochette de documentation, des articles en français et en anglais. Avant d’aller me coucher, j’y jette un œil" commentait Annaud.
"Je dévore le tout jusqu’au milieu de la nuit. Il était trop tard ou trop tôt pour appeler, mais ma décision était prise. Ce que j’y ai découvert était inimaginable. Une fascinante cascade de contretemps, d’obstacles, de dysfonctionnements. Du pur invraisemblable mais vrai".
De là naîtra le film Notre-Dame brûle, qui sortira en mars 2022 sur nos écrans. En mai dernier, le réalisateur a accordé au magazine Les Années Laser un entretien fleuve, à l'occasion de la sortie en UHD de son chef-d'oeuvre Le Nom de la Rose. Toujours généreux et volubile, il balayait volontiers l'ensemble de sa carrière, ses hauts et ses bas, jusqu'à son dernier film, Notre-Dame brûle.
"Tu imagines le nombre de connards qui vont se précipiter pour en tirer un film ?"
"Quand j’ai appris à la campagne sur un vieux poste de radio l’incendie de Notre-Dame, mon premier réflexe a été de dire à ma femme : “est-ce que tu imagines le nombre de connards qui vont se précipiter pour en tirer un film ?” Trois ans plus tard, le connard, c’était moi !” raconte-t-il avec humour.
Son film a attiré un peu plus de 815.000 spectateurs. Un chiffre très loin d'être déshonorant, mais quand même éloigné de ceux alignés par ses oeuvres précédentes; exceptions faite évidemment de Or Noir et ses 215.000 entrées, et son plus gros échec jamais encaissé, Sa Majesté Minor, qui n'avait attiré que 139.000 spectateurs.
"Si le public n'a pas été aussi nombreux qu'espéré, c'est que beaucoup ont cru qu'il s'agissait d'un documentaire et ont estimé qu'ils avaient déjà tout vu et tout appris à la télévision ou sur internet, alors que c'était au contraire une pure course contre la montre à suspense, où les héros étaient les pompiers et où le "méchant" était incarné dans toute sa splendeur destructrice par l'incendie. Je crois aujourd'hui que nous avons fait une erreur de communication sur sa nature, y compris peut-être aussi au niveau de son titre : nous avons échoué à susciter le désir et à promettre le plaisir".