Lorsqu'elle remporte la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine au Festival de Venise en septembre 2023, Cailee Spaeny n'est pas vraiment une débutante. Car cela fait alors cinq ans que le public a eu plusieurs occasions de l'apercevoir : dans Sale temps à l'Hotel El Royale, Vice, Pacific Rim 2, le reboot (raté) de The Craft ou la série Devs d'Alex Garland.
Des œuvres plus ou moins réussies, mais qui ne permettant pas à l'Américaine, née le 24 juillet 1998, d'émerger vraiment. Jusqu'à ce Sofia Coppola, qui n'a jamais fait la moindre faute en termes de casting, ne la choisisse pour jouer dans Priscilla, biopic consacré à l'épouse d'Elvis Presley.
Encore une fois, la réalisatrice de Virgin Suicides et Lost in Translation a vu juste. Et, en menant Cailee Spaeny jusqu'à cette récompense vénitienne (puis une nomination aux Golden Globes), elle fait d'elle l'un des visages à suivre l'année suivante, alors que deux projets d'envergure se profilent.
En France, c'est d'ailleurs elle qui ouvre le bal et l'année cinéma, puisque Priscilla sort dans nos salles le 3 janvier 2024. Il attirera, au final, un peu moins de 300 000 spectateurs, ce qui en fait l'un des plus petits scores de sa réalisatrice dans l'Hexagone, mais Cailee Spaeny fait l'unanimité et le public commence à retenir son nom.
"Cailee a un visage très expressif et une capacité extraordinaire à se transformer selon les différentes étapes de la vie qu’elle doit incarner", dit Sofia Coppola de sa comédienne. "Elle était capable d’incarner une jeune fille de quinze ans le matin et dans la même journée de jouer une femme de vingt ans enceinte à Graceland. Cailee a une capacité à vous faire partager ses émotions qui est à la fois très belle et un peu mystérieuse."
Une notion de transformation que l'on retrouve au cœur des rôles qu'elle tient dans les deux films suivants : Civil War d'Alex Garland, aux côtés de Kirsten Dunst, précédente égérie de Sofia Coppola qui l'a recommandée à la réalisatrice pour Priscilla, tourné après cet opus. Et Alien : Romulus, nouvel épisode de la très aimée saga de science-fiction et d'horreur.
Cailee a un visage très expressif et une capacité extraordinaire à se transformer selon les différentes étapes de la vie qu’elle doit incarner
Trois longs métrages dans lesquels son personnage intègre un univers (le monde d'Elvis, le quotidien des reporters de guerre sur le terrain d'une Amérique à feu et à sang, une station spatiale dans laquelle personne ne l'entendra crier) où il sera contraint de s'endurcir et de grandir en accéléré pour surmonter les épreuves sur son chemin.
Avec son Xénomorphe, ses Facehuggers et tout ce que cela implique en matière de gore et de violence, Alien : Romulus est en l'exemple le plus extrême. Et marquant, prouvant au passage qu'elle peut être la tête d'affiche d'un projet de cette envergure et qu'elle ne redoute pas l'ombre de Sigourney Weaver qui plane sur la franchise, et à laquelle Noomi Rapace et Katherine Waterston se sont heurtées avant elle.
Tout comme le film lui-même vis-à-vis de ses aînés, elle ne cherche pas à supplanter celle avec qui tout a commencé, mais plutôt à s'en inspirer : "J'ai vraiment fait tout ce que j'ai pu pour donner vie à mon personnage", disait-elle à Total Film. "En regardant Sigourney jouer ce rôle, car elle a contribué à tout changer au même titre que ces films."
"Je ne pourrai jamais être elle. Mais j'ai injecté tout ce que j'avais en moi dans ce personnage, et cherché à le rendre tri-dimensionnel. Le plus possible." Cela passe, à l'écran, par ce mélange de fragilité/sensibilité et de force, qu'elle maîtrise définitivement. Avec une intensité constante, dans la relation touchante entre Rain et son frère Andy (David Jonsson Fray) comme lorsqu'il s'agit de prendre les armes pour combattre un Xénomorphe.
VISU
Difficile, à ce moment-là, de ne pas penser à Ellen Ripley à la fin d'Aliens, mais c'est tout sauf un hasard. Et la preuve que Cailee Spaeny incarne la relève. Sans forcément avoir besoin de rester dans l'espace : comme chaque opus, Romulus clôt son intrigue et laisse la possibilité à ses survivants de revenir, si le succès est au rendez-vous.
Noomi Rapace et Katherine Waterston n'y ont pas eu droit, et il faudra voir dans quelque temps ce qu'il en est pour Cailee Spaeny, alors que le réalisateur Fede Alvarez assure ne pas chercher à faire une trilogie.
De la colère et une enquête au programme
Mais qu'importe, la comédienne reviendra en 2025 dans deux projets parmi les plus brûlants du moment : la saison 2 de la série énervée Acharnés, et Wake Up Dead Man, troisième épisode de la saga Knives Out de Rian Johnson et Daniel Craig, autour du détective Benoît Blanc.
Deux titres hype, et la preuve qu'Hollywood est en train, à raison, d'adopter Cailee Spaeny, révélation majeure de cette année cinéma, qui sait se confronter à des icônes (Elvis, Kirsten Dunst, la créature d'Alien) pour en ressortir grandie.
