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    C’est l’un des 10 films de guerre à voir dans sa vie : 54 ans après sa sortie, il reste un monument indépassable
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Chef-d'oeuvre du film de guerre porté par un éblouissant George C. Scott qui y trouva le rôle sa vie, "Patton" reste un sommet indépassable 54 ans après sa sortie.

    "Les Américains aiment les vainqueurs. Les perdants, chez nous, on n'en veut pas. Les Américains se battent pour gagner quel que soit le prix, et nous ne paierons jamais assez cher pour rester des hommes libres. Quoi qu'il arrive. C'est pour ça que les Américains n'ont jamais perdu une guerre. Et c'est pour ça que jamais ils n'en perdront. Tout simplement parce que l'idée de perdre est intolérable aux Américains. [...]

    Entre nous, je vous assure, j'ai vraiment pitié de ces enfants de putain contre qui on va se battre. C'est vrai, je trouve ça triste ! On ne va pas se contenter de leur tirer dessus à ces petits cons ! On va aussi leur faire sortir les tripes et les boyaux du ventre, et ça vous servira à graisser les chenilles de vos tanks ! Il faut qu'on leur montre ce qu'on vaut à ces salopards de Boches ! Pas de pitié !"

    Si cet extrait de dialogue - monologue plutôt ici- ne convoquera pas forcément de souvenirs précis auprès du grand public, il devrait en revanche et logiquement raviver le feu sacré chez les cinéphiles les plus avertis : le discours d'ouverture de Patton, incarné par un fabuleux George C. Scott qui trouvait dans le chef-d'oeuvre de Franklin J. Schaffner le rôle de sa vie- est absolument magistral. Tout comme le choix osé d'ouvrir le film là-dessus avec de telles répliques, au moment même où l'Amérique est engluée dans une guerre du Viêtnam sans issue.

    Très solide réalisateur à la filmographie malheureusement assez courte, Franklin J. Schaffner livre deux ans après La Planète des singes ce fabuleux film de guerre sorti voilà 54 ans; mais aussi un biopic consacré à un personnage fascinant et ambigu, qui fut d'ailleurs le seul général des Alliés réellement craint par les nazis.

    Dans une sorte de savoureuse ironie, à l'image finalement du bouillonnant général aux colères homériques, George C. Scott refusera l'Oscar qui lui sera attribué pour sa performance, au motif qu'il n'aimait pas le principe de la compétition entre les acteurs. Frank McCarthy, le producteur du film, ira chercher la récompense à sa place, pour la restituer à l'Académie des Oscars dès le lendemain, restant en cela fidèle au souhait de Scott.

    Outre la qualité de l'interprétation et le subtil équilibre trouvé entre scènes intimistes et scènes grandioses de batailles, la clé de la réussite de Patton se trouve également dans la qualité de son brillant scénario, en partie écrit par Francis Ford Coppola, qui brosse le portrait d'un homme aussi admirable qu'exécrable, orgueilleux et mégalomane; mais qui incarne aussi une sorte d'aristocratie chevaleresque des temps anciens, perdue dans un monde qui n'est plus le sien.

    Une oeuvre admirable, que n'épuise pas les nombreux visionnages depuis sa déjà lointaine sortie.

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