Lorsqu'on est le géniteur de l'une des plus grandes licences de l'Histoire du jeu vidéo, largement devenue un phénomène culturel au fil des ans, profondément irriguée par l'influence du cinéma et des séries aussi, on n'est pas exactement illégitime pour s'exprimer sur le sujet. Dan Houser a été l'un des cofondateurs du studio Rockstar, le papa et scénariste en chef des Grand Theft Auto, alias GTA.
La licence GTA, une des plus rentables de tous les temps, est habituée aux records. A sa sortie il y a onze ans, GTA V avait pulvérisé le record du produit culturel vendu le plus rapidement en 24h, en ramassant plus de 815 millions de dollars et en vendant plus de 11 millions d'exemplaires le jour de sa sortie. Avec 190 millions de copies, la licence est la seconde la plus vendue de tous les temps, derrière Minecraft. Et tout ça, c'était avant l'arrivée prochaine de GTA VI, officialisé en décembre dernier.
"Ils pensaient que nous serions aveuglés par les lumières d'Hollywood"
Ayant quitté Rockstar en février 2020, Dan Houser est parti fonder une nouvelle structure, baptisée Absurd Ventures, qui gardera un pied dans les jeux vidéo, mais pas seulement. Dans un long entretien accordé au site The Ankler, Dan Houser évoque les nombreuses tentatives d'Hollywood de courtiser le studio, pour transformer leur poule aux oeufs d'or en film ou en série TV. Pas seulement GTA d'ailleurs, cela concerne aussi l'autre fabuleuse licence de la maison, le western Red Dead Redemption et sa suite.
"Après plusieurs rendez-vous bizarres, on a demandé aux executives [des studios] : "pourquoi ferions-nous ça ?" Leur réponse : "Parce que vous pouvez en faire un film". Et nous, nous étions en mode "Non, ce que vous venez de décrire, c'est VOUS qui faites le film, tandis que nous n'avons aucun contrôle, prenons un risque énorme que nous finirons par payer avec quelque chose qui nous appartient".
Il ajoute : "Ils pensaient que nous serions aveuglés par les lumières d'Hollywood et ce n’était tout simplement pas le cas. Nous avions ce que nous considérions comme une propriété intellectuelle valant plusieurs milliards de dollars, et les aspects économiques n'avaient jamais de sens. Le risque n’a jamais eu de sens. À cette époque, on avait l’impression que les jeux produisaient des films de mauvaise qualité". De là justement ce veto de Rockstar à l'idée d'un film GTA réalisé par Tony Scott avec Eminem dans le rôle titre.
Une observation assez juste de la part de Dan Houser. Cet état de fait a duré longtemps. Ce n'est plus exactement le cas aujourd'hui. Il ajoute d'ailleurs un "les temps sont différents maintenant". Une manière de souligner que l'alchimie arrive aujourd'hui à fonctionner, avec de très gros succès comme l'adaptation de Super Mario Bros, ou les séries The Last of us et Fallout. Reste que, effectivement, la notoriété d'une licence comme GTA est tellement écrasante qu'elle n'a absolument pas besoin d'être essorée dans un medium autre que le jeu vidéo.