Au début de l'année 1985, Robert De Niro est le président du Festival international du film fantastique d'Avoriaz, avec dans son jury Nicole Garcia, Guy Béart, Claude Pinoteau, Masaki Kobayashi, Christopher Walken ou Claude Zidi entre autres. Ensemble, ils décident de récompenser le film d'un réalisateur débutant... un certain James Cameron.
Il vient de signer son deuxième long métrage après Piranha 2 - Les Tueurs volants : Terminator, avec Arnold Schwarzenegger voyageant dans le temps pour assassiner Sarah Connor, qui va donner naissance au chef de la future rébellion contre l'ordre des robots menés par Skynet.
A l'annonce du verdict (visible dans cette vidéo et issue du documentaire "Du sang sur la neige" consacré au Festival d'Avoriaz), on entend à la fois des applaudissements et des huées, et présent à la projection du film, un acteur français se montre très sévère à son propos, un certain Michel Blanc, qui vient d'ailleurs de passer derrière la caméra un an avant pour la comédie Marche à l'ombre :
Hier soir, ici, j'ai vu un film qui s'appelle The Terminator qui est d'une bêtise effondrante, filmé comme Starsky et Hutch. Alors si c'est ça, c'est un peu décevant. Comme en plus il a des chances d'avoir le prix, je tiens à dire que je considère ça comme de la merde.
Un avis tranché, accompagné de celui de Claude Brasseur, héros de plusieurs polars français violents des années 70 et 80, qui s'en prend lui à Arnold Schwarzenegger :
"Je vois qu'aujourd'hui, l'homme fort est représenté par certains cinéastes par un monsieur qui a été 4 ou 5 Monsieur Univers avec des gros muscles... Bon. Moi, c'est pas exactement comme ça que je me représente l'homme fort, alors j'ai plutôt tendance à rigoler qu'à y croire".
Au final, Terminator a bien remporté le Grand Prix du Festival du film fantastique d'Avoriaz, et il est sorti le 24 avril 1985 sur les écrans français, totalisant trois millions d'entrées. Aux Etats-Unis, ce sont près de 40 millions qui ont été récoltés pour le film, qui en a coûté moins de 7. Un succès qui conduira évidemment aux suites -plus ou moins recommandables - que l'on connaît désormais. Quant à James Cameron, son "Starsky et Hutch" lui ouvrira toutes grandes les portes du cinéma, tout comme à Arnold Schwarzenegger.
Mais ne jetons pas la pierre à Michel Blanc : tout un chacun a un jour détesté un film à sa sortie, considéré ou devenu avec le temps un vrai classique. Ce sont aussi ce genre de propos chocs qui alimentent les débats enflammés des cinéphiles du monde entier, et font aussi partie de la beauté et de la vie du 7ème Art.