Dans une vie de cinéphile, il y a évidemment des films qui comptent. Mais il y a également des salles de cinéma qui comptent. Moi, celle qui m'a marqué à jamais, c'est Le Grand Rex, la vénérable institution parisienne du boulevard Poissonnière.
Ma première fois au Grand Rex, je l'ai vécue quelques semaines avant mes 15 ans, à un âge où un rien peut impressionner. Et pour être impressionné, on peut dire que je l'ai été... Quand on sort du métro et qu'on découvre, stupéfait, l'imposante façade Art déco de ce cinéma légendaire, avec ces trois lettres géantes qui surplombent les grands boulevards, c'est magique, avec l'impression qu'Hollywood s'est invité à Paname.
Nous sommes donc en octobre 1991, et je me retrouve devant Le Grand Rex des étoiles dans les yeux, avec l'impression étonnante que le spectacle a déjà commencé. Avec une certaine appréhension, je m'avance timidement vers cet édifice impressionnant, inscrit au titre des monuments historiques, pour voir Arnold Schwarzenegger à l'action dans Terminator 2 : Le Jugement dernier.
Si l'extérieur du Grand Rex en impose, alors que dire de sa majestueuse grande salle. Avec ses 2 702 places assises (dont 98 strapontins) réparties sur 3 niveaux, ses fauteuils en cuir en orchestre et sa décoration "méditerranéo-antique" assez magique, j'en prends littéralement plein la vue avant même que le film n'ait débuté. Mon père, avec lequel je partage ce moment, est également soufflé, lui qui ne s'était jamais rendu dans ce cinéma presque centenaire inauguré le 8 décembre 1932 en présence de Louis Lumière.
Une projection qui fait prendre le Grand Large
Mais le plus beau reste à venir. Installés au deuxième balcon avec mon papa, alors que nous pensions profiter de Terminator 2 sur l'écran situé au fond de la salle, quelle n'est pas notre surprise de voir descendre devant nos yeux ébahis un autre écran, géant, qui était dissimulé dans le plafond. Baptisé Le Grand Large, il place le spectateur très près de l'action. Autant dire que voir Schwarzie en mode Terminator si proche de soi fait son effet...
Je me souviens très bien qu'il m'a été difficile de quitter la salle. Sonné par le classique de James Cameron, je l'avais été tout autant pas la découverte du Grand Rex et je m'étais retourné à plusieurs reprises pour garder en mémoire chaque coin et recoin de ce lieu de cinéma unique. "I'll be back", m'étais-je alors promis.
Je suis bel et bien retourné de nombreuses fois au Grand Rex depuis ce samedi après-midi de 1981. C'est fou, mais la magie opère toujours dès que je lève les yeux pour voir les trois lettres du bâtiment ou que je pénètre dans cette salle mythique. Et chaque fois que j'ai la chance de m'y rendre à nouveau, j'ai toujours la gorge nouée en me souvenant de ce moment merveilleux de cinéma passé en compagnie d'Arnold et de mon papa.
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