Depuis la sortie de son Batman : Arkham Knight, il y a 9 ans désormais, c'est peu dire que le nouveau jeu du studio Rocksteady s'est beaucoup fait attendre. S'il a été reporté plusieurs fois, c'est aussi parce que le studio a payé les changement en cours imposés par Warner.
La Major, soucieuse de relancer Suicide Squad avec le reboot du film de 2016, avait alors demandé au studio de phosphorer sur Kill The Justice League. Mais, contrairement à la marque de fabrique de ce brillant studio, ce jeu n'a pas été pensé pour être joué en solo, mais comme un GAAS, c'est-à-dire un Game as a Service, à plusieurs joueurs.
Les présentations de gameplay diffusées en amont de sa sortie n'avaient pas franchement rassuré les fans... Sorti finalement le 30 janvier 2024, après des mois de reports, la réception a été glaciale. Elle a même été dévastatrice pour le studio et pour son éditeur.
Une perte abyssale de 200 millions de dollars
Selon le journaliste Jason Schreier du site Bloomberg, Suicide Squad - Kill the Justice League a fait perdre à Warner 200 millions de dollars. L'annonce a été faite par David Haddad, le patron de la division jeux vidéo chez Warner, lors d'une conférence téléphonique avec les actionnaires, début mai. Cette ardoise, absolument colossale, inscrit le jeu parmi les plus gros échecs jamais encaissés par l'industrie.
L'échec est si important qu'il pourrait même s'étendre au-delà de Warner et "dissuader davantage d'entreprises de médias traditionnels d’investir dans les jeux vidéo alors qu’elles devraient se développer [dans ce secteur]" commente Joost van Dreunen, enseignant à l'Université de New York, cité dans l'article de Bloomberg.
Rocksteady
La cause de cet échec n'est pas unique. Le journaliste invoque plutôt un faisceau de plusieurs facteurs : une vision créative à la fois floue et trop changeante, le pivot du studio vers un genre complètement nouveau pour lui et dans lequel il était inexpérimenté. Ou encore le perfectionnisme problématique de l'ancien directeur créatif Sefton Hill, qui a quitté l'équipe avant la sortie du jeu pour diriger un nouveau studio.
Ironiquement, l'article de Bloomberg souligne que Warner semblait pourtant plutôt satisfait de l'avancement -certes chaotique- du projet. "Ils ont continué à envoyer des commentaires élogieux sur le jeu, louant les graphismes, et disant qu'ils s'attendaient à ce que Suicide Squad devienne une franchise d'un milliard de dollars". On ne peut pas dire que les têtes pensantes de Warner ont été très clairvoyantes face au désastre à venir...
Un fiasco après un triomphe absolu en 2023
Toujours est-il que cet échec très douloureux tombe au plus mal pour le groupe Warner, qui doit lutter sur plusieurs fronts en même temps, comme la baisse de ses revenus publicitaires sur ses chaînes TV et la chute des fréquentations des salles de cinéma.
La division jeux vidéo semblait justement épargnée par l'avis de tempête sévissant sur les autres branches du groupe... Jusqu'à l'échec de Suicide Squad - Kill The Justice League. En deux ans, le cours de l'action Warner est passé de 26$ en avril 2022, à un peu plus de 8$ début mai 2024, au moment de l'annonce des résultats catastrophiques du jeu.
C'est d'autant plus douloureux qu'en 2023, Hogwarts Legacy, basé sur la licence Harry Potter, fut le best-seller vidéoludique absolu de l'année, vendu à plus de 24 millions d'exemplaires à travers le monde.
