Mon compte
    "Je détestais ce script, on le détestait tous" : la suite de ce célèbre film fantastique a été un tel désastre que son réalisateur a même voulu retirer son nom de l'affiche
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Gravement plombé par un scénario réécrit de nombreuses fois, d'énormes soucis financiers, des acteurs juste venus toucher leurs chèques... "Highlander II", sorti en 1991, a été un désastre absolu. Même son réalisateur a jeté l'éponge...

    Qu'il se hisse sur les cimes du box office ou qu'au contraire il se fracasse devant ses portes, le destin d'un film ne se résume pas toujours à la manière dont il se comporte dans les salles obscures une fois sorti. Son destin peut aussi se jouer durant deux étapes préliminaires, non moins importantes.

    La première, ce sont les projections tests. Moment de stress légitime pour le studio et l'équipe du film, réalisateur en tête, la projection-test peut aussi virer au cauchemar et à la catastrophe; les exemples en ce sens abondent.

    De là ont découlé de fameux moments de tensions entre le réalisateur, parfois dépossédé de son oeuvre, des coupes imposées ou faites dans son dos, une vision artistique complètement bridée donnant une oeuvre totalement dénaturée. Avec parfois, in fine, une lourde sanction économique à la clé sous forme d'un gros échec commercial en salle. Nous avions consacré un sujet à celles-ci.

    L'autre, ce sont les (avant) Premières des films. Des moments qui sont censés être, du moins sur le papier, des instants de célébrations, où l'équipe du film, réalisateur / réalisatrice en tête, dévoile au public sa vision artistique, parfois acquise de haute lutte.

    Mais ces instants ne sont pas toujours des séquences paisibles. Elles peuvent se révéler absolument désastreuses, au point d'obérer gravement la carrière de l'oeuvre en salle...

    "Si je devais être dans ce film stupide, autant en faire des caisses !"

    Presque conçu comme un énorme clip MTV de près de 2h sur fond de musique de Queen qui a quand même pas mal vieilli (le film, pas la musique), Highlander, sorti en 1986, a permis au réalisateur australien Russell Mulcahy d'acquérir une renommée internationale. Quatre ans plus tard, la suite des (més)aventures de ces guerriers immortels incarnés par Christophe Lambert et Sean Connery ne semble avoir fait que des mécontents...

    "je détestais ce script. On le détestait tous. Moi, Sean, Chris, on ne l’a fait que pour le pognon. Le truc se lit comme s’il avait été écrit par un garçon de 13 ans. Mais je n’avais jamais joué un guerrier barbare avant cela et c’était un de mes premiers grands rôles de méchants. Je me suis dit que si je devais être dans ce film stupide, autant m’amuser et en faire des caisses" racontait aimablement, des années plus tard, l'acteur Michael Ironside, qui campe dans le film un personnage du nom de "général Katana".

    Et d'ajouter : "Tous ces roulements d’yeux, grognements et clins d’oeil à l’écran, c’était moi qui avait décidé que si je devais être dans une merde, comme ce film, eh bien j’allais en être la putain de chose la plus mémorable, et je pense que j’ai réussi".

    Lamb Bear Entertainment

    Un tournage en enfer pour Mulcahy

    Plombé par un scénario réécrit de nombreuses fois, un tournage et des soucis financiers très problématiques en Argentine, qui obligeront la société d'assurance à reprendre le contrôle créatif du film, un Christophe Lambert perdant carrément son cachet dans de mauvais placements, un Sean Connery venu toucher son chèque pour tourner une petite semaine, un montage en enfer... C'est peu dire que l'aventure de ce Highlander II fut un désastre et un naufrage intégral.

    Tellement que Mulcahy tenta de faire retirer son nom des crédits du film, mais se heurta à une fin de non recevoir. Motif ? Il n'était pas membre de la Directors Guild of America. De fait, il ne put contraindre la compagnie d'assurance, qui l'avait dépossédé du film, à retirer son nom de l'affiche...

    L'avant-première, estocade finale

    L'estocade finale, sur un film déjà sérieusement amoché, fut portée lors de l'avant-première du film. Le public ne goûta pas davantage la tambouille cinématographique. Mulcahy, quant à lui, sorti de la projection de son propre film au bout de 15 min, pour ne plus reparaître. Christophe Lambert menaça de faire de même.

    Quelques années plus tard, Mulcahy fera contre mauvaise fortune bon coeur : il fut à nouveau invité à la table de montage pour livrer une Director's Cut, baptisée Highlander II - Renegade Version. Il rappella également quelques acteurs du film pour tourner des scènes supplémentaires et redoubler d'anciennes. Si le résultat se révèle être incontestablement meilleur que la première version du film sorti en 1991, il n'en fait hélas pas non plus un film mémorable...

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top