Hier soir à la télé est passé le film policier La Nuit du 12, enquête minutieusement conduite afin de découvrir l'assassin de la jeune Clara. Réalisé par Dominik Moll, le long métrage choisit de laisser une fin ouverte, sans pointer un coupable. Ou plutôt pointer un système. Explications.
Yohan Vivès (Bastien Bouillon) devient chef de la police judiciaire de Grenoble le 12 octobre 2016. Cette nuit-là, une jeune femme, Clara, est violemment assassinée, brûlée vive. Une longue et patiente enquête commence alors pour Vivès, qui va passer des années à tenter de résoudre l'affaire.
Au fur et à mesure du film, les suspects sont passés au crible ainsi que leurs alibis, leur rapport avec la victime ainsi que le moindre mot qu'ils pourraient lâcher et ainsi trahir leur éventuelle culpabilité.
Les suspects
- Wesley travaille au bowling. A un alibi corroboré par sa petite amie.
- Jules Leroy, adepte d'escalade vivant chez sa grand-mère. Sex friend de Clara. Paraît insensible à la mort de Clara en ayant un fou rire devant les policiers venus l'interroger.
- Gaby Lacazette, au lycée avec Clara, bad boy de la cité, était son ex juste avant Wesley. A écrit une chanson où il raconte qu'il va la "cramer".
- Denis Douais, un squatteur qui a trouvé un briquet par terre sur la scène du crime. Il vit dans le quartier mais le soir du 12, n'a "rien vu, rien entendu".
- Vincent Caron, au passé violent, ex-de Clara, qui a déposé son t-shirt sur l'endroit où les habitants déposent leurs pensées et petits mots pour la jeune femme.
- Stéphanie Béguin, meilleure amie de Clara, qui donne des informations au compte-goutte uniquement quand les policiers viennent la relancer.
Les autres ont des alibis solides, comme le dernier suspect, interné en hôpital psychiatrique au moment des faits.
Comment se termine le film ?
Dans la dernière séquence, Yoann Vivès écrit à Marceau, parti se ressourcer, pour lui donner des nouvelles. Il l'informe que malgré l'insistance d'une nouvelle juge à élucider l'affaire (avec les moyens qui vont avec), l'enquête Clara "n'est toujours pas bouclée". La résolution de l'affaire est donc laissée à l'imagination des spectateurs.
Comme le dit d'ailleurs Vivès lors de sa rencontre avec la juge : "Ce qui m'a rendu dingue, c'est que tous les types que l'on a entendu auraient pu le faire. Peut-être qu'aucun d'eux n'est l'assassin, mais ils auraient pu le faire. Je ne sais pas comment le dire autrement, tous auraient pu le faire, tous ceux qu'elle a croisés, même ceux qui ne sont pas des salauds. Et peut-être tous les hommes qu'elle n'a pas croisés".
La juge acquiesce :
Je suis une femme. Je suis aussi juge d'instruction. Il faudrait que je sois totalement aveugle pour ne pas voir qu'il y a quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes, comme vous dites.
"L'affaire Clara" comme elle est surnommée dans le film, est donc selon les auteurs un symptôme de plus dans le constat que ce sont majoritairement des hommes qui tuent des femmes. La Nuit du 12 choisit donc d'éviter la culpabilité individuelle pour la mettre sur le collectif, le système, le groupement humain.
Il ouvre cependant une lueur d'espoir pour les proches et les parents de Clara, puisque l'enquête est rouverte trois ans après les faits. De son côté, l'enquêteur Yoann Vivès est en paix avec le fait qu'il ne trouvera peut-être jamais le ou la coupable et parvient à vivre une vie personnelle plus équilibrée. En sortant du vélodrome dans lequel il tournait en rond en vélo, Vivès peut enfin avancer en ligne droite, vers un avenir un peu plus radieux.