Sylvie vit à Brest avec ses deux enfants, Sofiane et Jean-Jacques. Une nuit, Sofiane se blesse alors qu’il est seul dans l’appartement. Les services sociaux sont alertés et placent l’enfant en foyer, le temps de mener une enquête. Persuadée d’être victime d’une erreur judiciaire, Sylvie se lance dans un combat pour récupérer son fils.
Ce pitch, c'est celui du bouleversant Rien à perdre, sorti en salles en 2013. Un long métrage haletant et poignant avec, dans le rôle de la maman en lutte contre la machine administrative, une Virginie Efira incroyable d'intensité. Emouvante, attachante, elle signe dans ce drame social évoquant Ken Loach et les frères Dardenne l'un de ses tout meilleurs rôles.
Avec Rien à perdre, présenté à Cannes en section Un certain Regard, Delphine Deloget, qui vient du documentaire, voulait filmer ce qui reste d’une famille quand tout explose et raconter comment cette même famille apprend, dans la douleur, à vivre les uns sans les autres. "L’histoire du placement est venue plus tard, au cours de l’écriture, pour dire cette difficulté, la douleur, mais aussi la nécessité de quitter ceux qu’on aime", précise la cinéaste.
Pour l'intense Rien à perdre, dont l'une des grandes qualités est d'éviter tout misérabilisme, Delphine Deloget a rencontré des dizaines de familles d’enfants placés, et écouté des enregistrements sonores entre les parents et les services sociaux. La réalisatrice a également discuté longuement avec des avocats qui gèrent ce genre de dossiers et passé plusieurs jours dans le bureau d’un juge pour enfants.
"Quelque chose de Gena Rowlands et Jack Nicholson"
Delphine Deloget ne tarit pas d'éloges sur Virginie Efira, engagée sur le projet en 2019 et qui a fait confiance à la cinéaste durant plusieurs années alors que les financements traînaient. "Virginie est une personne qui réfléchit avec ses doutes avant chaque scène, puis est capable de jouer avec une certitude assez bluffante", note-t-elle. "Comme elle livre une partition précise, c’était assez jouissif au tournage de décaler, de pousser des curseurs, d’aller chercher parfois dans le burlesque ou l’humour certaines scènes. Elle a quelque chose de Gena Rowlands, mais moi, je pensais à Jack Nicholson en la regardant."
On notera pour conclure l'excellente prestation du jeune Félix Lefebvre, révélé par le Été 85 de François Ozon, qui incarne dans Rien à perdre Jean-Jacques, l'un des deux fils du personnage de mère courage incarné par Virginie Efira. Un rôle d'adolescent boulimique et anxieux pour lequel il n'a pas hésité à prendre 20 kilos.
Ce soir sur Canal+ à 21h10
Rien à perdre : Virginie Efira, une mère prête à tout aux côtés de Félix Lefebvre