"J'ai tourné trois jours du troisième film, et j'ai tout mis en pause pour venir à Cannes", expliquait Kevin Costner en conférence de presse cannoise il y a quelques jours. "C'était très important pour moi de me rendre dans un endroit [comme Cannes] où les films sont accueillis avec ouverture. Dès que je repars, je reprends le tournage aussi longtemps que mon budget me le permettra..."
Un projet qui remonte à 1988
L'acteur-réalisateur-scénariste-producteur mène le projet artistique le plus ambitieux de sa carrière avec l'épopée western Horizon. Une histoire qu'il porte depuis 1988 (avant Danse avec les loups, donc) et qui a évolué d'une approche minimaliste autour de deux personnages à une vaste fresque dans l'ouest américain, alors que plusieurs destins se croisent autour d'une ville naissante baptisée Horizon.
En 2003, alors qu'il venait de réaliser son troisième long métrage Open Range, le projet Horizon avait failli aboutir avec Disney, comme l'expliquent nos confrères de GQ. 5 petits millions de dollars de budget feront capoter le projet, Kevin Costner refusant de compromettre sa vision. Il faudra attendre à nouveaux onze ans pour que l'idée soit relancée, avec Kevin Costner et le scénariste Jon Baird à la plume. Et surtout, Kevin Costner à la production, puisqu'il a injecté à date près de 38 millions de son argent personnel dans le financement.
En 1991, Danse avec les loups était mon premier film de cowboys : 33 ans après, j’ai pu parler westerns avec Kevin Costner à CannesLe résultat ? Une épopée inédite de quatre longs métrages, croisement inédit entre le grand écran et la série télévisée premium. "Cette histoire n'est pas terminée après le premier film", nous explique Kevin Costner quand nous le rencontrons à Cannes en marge de la présentation du long métrage hors compétition. "Ce n'est pas un braquage de banque. Ce n'est pas une intrigue cadrée. C'est un voyage. Et j'espère qu'il sera intéressant. J'espère que vous aurez l'impression de voir de vraies personnes prendre de vraies décisions dans un pays qui était ouvert, alors qu'il n'y avait rien".
"Kevin était tellement clair sur la façon dont il voulait que ce film soit présenté", ajoute sa comédienne Isabelle Fuhrman, qui incarne une pionnière embarquée dans un convoi de colons vers Horizon. "Il voulait faire quelque chose de différent avec ce genre de western, il voulait vraiment faire quelque chose de très grand, de très vaste et de très épique, mais aussi qui vous rapproche vraiment de ce que ces gens vivaient pendant qu'ils colonisaient l'Ouest".
Horizon 2, 3, 4... 5, 6, 7, 8 ?
"Avec le premier film, il met en place les trois prochains chapitres", complète Luke Wilson, également colon dans cette aventure. "Ce que j'aime et admire chez Kevin, c'est qu'il prend son temps pour raconter l'histoire et pour mettre en place chaque histoire. Vous vous demandez si elles vont toutes se croiser... et nous ne le savons toujours pas parce que nous n'avons pas encore lu le troisième scénario ! J'espère que tout le monde se retrouvera à la fin..."
"Ces personnes commencent à peine leur voyage, qui est difficile, et elles ne font qu'apprendre", souligne Kevin Costner. "Certains habitants de l'Ouest ont eu de la chance. D'autres n'ont pas eu de chance. La violence est passée à côté de quelqu'un, et la violence en a touché d'autres. Au hasard. On ne sait donc pas qui va s'en sortir dans l'histoire..."
Kevin Costner ému aux larmes à Cannes 2024, son western "Horizon" divise : une épopée majeure façon Dune ou prologue d'une série télévisée ?Dans cette incertitude propre à l'ouest sauvage, promesse d'opportunités mais aussi de dangers, même les comédiens ne connaissent pas le destin de leur personnage. "On entendait dire que les gens avaient lu le troisième film et on se demandait comment c'était", s'amuse Luke Wilson. "Est-ce que je reviens dans le troisième ? Est-ce que je suis en vie ? Mais c'est ainsi qu'Horizon est pensé. On le découvre au fur et à mesure".
Une découverte qui pourrait se prolonger au-delà de quatre films selon Sienna Miller, qui fait partie des quelques personnes à avoir eu accès aux quatre scénarios. Au point de penser initialement qu'Horizon relevait justement de la série. "Je pense que vous commencerez vraiment à comprendre le monde qui se construit et se crée", nous explique t-elle. "D'un campement de tentes en terre battue, on passera à un village, puis à une ville. Kevin a dit qu'il avait en tête un cinq, un six, un sept, un huit ! Cela pourrait donc durer encore et encore".
"J'ai besoin de quelqu'un qui veut aller vers l'ouest"
Horizon est-il le Avatar de Kevin Costner et les plaines du far-west son Pandora ? En attendant de se projeter plus loin, la star a profité de son voyage à Cannes pour poursuivre sa recherche de financements. "J'ai fait le tour de tous les yachts du port", s'amusait-il en conférence de presse. "Je vais les faire quoi qu'il arrive, mais ils ne sont pas encore financés. (...) J'ai besoin de quelqu'un qui soit impulsif, émotif, qui a de l'argent et qui veut aller vers l'ouest".
Avis aux financiers donc. L'accueil réservé à Horizon à Cannes pourrait les convaincre. Tout comme les larmes sincères de Kevin Costner submergé par l'émotion devant la standing ovation du Grand Théâtre Lumière à l'issue de la projection. Assurément l'un des très beaux moments de ce 77e Festival de Cannes.
"Horizon : une saga américaine Chapitre 1" sortira le 3 juillet en France, "Horizon : une saga américaine Chapitre 2" est attendu le 11 septembre dans nos cinémas.