Connaissez-vous l’histoire du tout premier samouraï blanc ? Son histoire est racontée dans la série Shôgun, tirée d’un roman inspiré d’authentiques faits historiques, et ce personnage est d’ailleurs encore célébré de nos jours par les japonais. Et non : il ne s’agit pas du héros incarné par Tom Cruise dans Le Dernier Samouraï ! Vous voulez tout savoir sur cette histoire extraordinaire ? Allez, on vous raconte tout ça !
Voici cinq choses à savoir sur Shôgun, dont certaines sont très étonnantes !
La série n’a pas été tournée au Japon !
L’une des qualités principales de Shôgun, c’est son minutieux travail de reconstitution historique. Des kimonos aux armures de samouraïs en passant par les majestueux châteaux, rarement le Japon de l’époque n’a été présenté de manière aussi réaliste dans une série, qui plus est américaine.
L’important budget mis à la disposition du programme n’est sûrement pas étranger à ce résultat, puisqu’il s’agit de la série la plus chère jamais produite par la chaîne FX. Combien précisément, l’information est gardée secrète, mais le budget est là.
Si le Japon est parfaitement mis en avant dans la série, Shôgun n’a pas du tout été tournée au Japon ! Les prises de vues ont en effet eu lieu au Canada dans la région de Vancouver ! Certes, il est fréquent que des productions américaines se délocalisent chez leur voisin du Nord, mais le choix de ne pas tourner Shôgun dans le pays où se déroule l’action peut malgré tout surprendre.
Plusieurs raisons expliquent ce choix. Tout d’abord, un avantageux système d’abattements fiscaux qui favorisent les tournages au Canada. Ensuite, il aurait été beaucoup plus coûteux d’entreprendre une délocalisation de la production au Japon, d’autant que le tournage s’est déroulé pendant la période de Covid avec un protocole sanitaire encore très strict, et donc peu propices aux longs déplacements.
Enfin, le Canada dispose de studios de tournage suffisamment vastes pour accueillir la reconstitution des décors. Pour cette raison notamment, Shôgun a pu se tourner en grande partie en studio, et les décors les plus majestueux de la série – à commencer par le château du seigneur Toranaga – ont pu être intégralement construits à Vancouver.
Le roman original s’inspire de la propre expérience de son auteur !
A l’origine de Shôgun, il y a un livre publié en 1975. Ce pavé de plus de 1000 pages a été un véritable bestseller dès sa parution, un succès qui a permis à son auteur James Clavell d’obtenir une renommée internationale. La vie de ce dernier rappelle beaucoup l’intrigue de ses écrits, au point que Shôgun puisse être considéré comme une œuvre semi-autobiographique.
Avant de vivre de sa plume, James Clavell s’est engagé dans l’armée. Mobilisé durant la Seconde Guerre mondiale, il est fait prisonnier par l’armée japonaise et retenu captif dans le Camp de Changi à Singapour. Les conditions d’enfermement particulièrement difficiles de cette prison n’ont toutefois pas brisé l’esprit du soldat britannique, bien au contraire.
Au cours de cette période, James Clavell décide d’oublier son quotidien en se lançant dans ce qu’il appelle "ses années universitaires" au contact de ses compagnons de cellules. Diplômés ou non, chacun d’eux lui a transmis des connaissances, qui ont permis au futur écrivain d’acquérir notamment l’art délicat de la survie.
Parallèlement, James Clavell se passionne depuis sa cellule pour la culture asiatique, et notamment japonaise. Une passion qui ne le quittera plus, et qui influera grandement son travail littéraire tout au long de sa carrière. L’histoire de John Blackthorne, cet anglais retenu prisonnier des Japonais, est donc également la sienne !
A noter que Shôgun appartient à un cycle appelé la Saga asiatique. Cette anthologie composée de six volets indépendants marque la pierre angulaire dans l’œuvre de James Clavell. Ce cycle se compose notamment du roman Un Caïd, inspiré de sa propre expérience de prisonnier, ou encore de la passionnante fresque Taï-Pan consacrée à la prise de Hong Kong par l’Empire britannique, et la guerre de l’opium qui en découla.
Romancier très apprécié du public, James Clavell a également rencontré le succès en tant que scénariste pour le cinéma. S’il a lui-même signé le scénario de l’adaptation de son roman Un Caïd, il s’est également fait connaître pour avoir signé le script de La Mouche Noire (qui a inspiré à David Cronenberg son film La Mouche), mais également pour avoir co-écrit La Grande Evasion, l’un des plus célèbres films de guerre jamais réalisés. Là aussi nourri de son vécu de prisonnier ?
Le samouraï blanc a vraiment existé
Alors soyons clairs : ne cherchez pas dans les livres d’Histoire, vous ne trouverez aucune mention d’un John Blackthorne dans les années 1600 au Japon. Le protagoniste de Shôgun a en effet été créé de toutes pièces par James Clavell. Mais l’écrivain britannique s’est malgré tout inspiré d’un authentique personnage historique pour l’écriture de son héros ! Un certain William Adams.
A bord du navire hollandais De Liefde (et non l’Erasmus comme dans la série), William Adams s’est échoué aux larges des côtes japonaises en l’année 1600. Il n’échappe alors à la peine de mort pour piraterie qu’à l’issue d’une audience accordée par Ieyasu Tokugawa, un ambitieux seigneur en pleine guerre avec les autres clans régents de l’époque.
Intéressé par sa vision du monde, mais également pour ses connaissances en construction navale, Tokugawa décide d’épargner Adams et de lui accorder un titre officiel. William Adams devient dès lors Miura Anjin, le premier samouraï blanc. L’histoire exceptionnelle de ce marin entré dans l’Histoire donne lieu encore aujourd’hui le 15 juin de chaque année à une journée de commémoration au Japon.
La série montre un Blackthorne agissant comme une sorte de conseiller de l’ombre, tandis qu’il s’empreigne d’une culture dont il ignore absolument tout. Homme libre en apparence, il est en réalité prisonnier d’une cellule à ciel ouverte, puisqu’il ne dispose pas de la liberté de se déplacer qu’il souhaiterait. William Adams fut lui aussi l’obligé du seigneur Tokugawa : jusqu’à la fin de sa vie, il lui sera, par exemple, interdit de quitter le Japon pour regagner son Angleterre natale.
Shôgun dépeint une relation étroite entre Blackthorne et Yoishii Toranaga, nom donné à l’authentique seigneur Ieyasu Tokugawa dans le roman de James Clavell. Il s’agit d’une version romancée des faits, car le marin n’occupait pas une place de si grande importance auprès du daimyo, mais il joua en vérité le rôle d’atout stratégique dans les ambitions de Tokugawa.
La destinée de ce dernier et sa soif de pouvoir lui ont valu le statut de troisième unificateur du Japon. Sa conquête du shogunat introduisit une lignée qui s’étendit sur plus de deux siècles, jusqu’à la restauration de Meiji en 1868 et la réhabilitation de l’Empereur Mutsuhito comme figure d’autorité disposant des pleins pouvoirs.
Considéré comme le tout premier samouraï blanc de l’Histoire, William Adams a ouvert ensuite la voie à d’autres étrangers qui écriront à leur tour l’Histoire du Japon. On pense notamment à Yasuke, le tout premier samouraï africain, ou encore à Jules Brunet, l’officier français qui a inspiré le personnage incarné par Tom Cruise dans le film Le Dernier Samouraï !
Cette histoire a déjà adaptée en série il y a 40 ans
La série Shôgun disponible sur Disney+ n’est pas la première adaptation du roman de James Clavell. En 1980 déjà, une première mini-série produite par la chaîne américaine NBC a rencontré un large succès aux États-Unis, mais également dans le monde entier et notamment en France.
Cette première version composée de dix épisodes d’une heure mettait en scène Richard Chamberlain, et la légende du cinéma japonais Toshirô Mifune. Le succès rencontré par le programme fut tel qu’il permit de faire connaître la culture japonaise auprès du grand public occidental ; on estime d’ailleurs que la série a préfiguré l’arrivée massive des restaurants de sushis sur le continent américain !
Ironiquement Shôgun n’a pas été un succès auprès des Japonais. Les changements apportés aux faits historiques, et la vision caricaturale et occidentale de l’ensemble, ont essuyé de nombreuses critiques, au point qu’il a été reproché à Toshirô Mifune d’avoir participé au projet.
Malgré tout demeurée culte au fil des années, Shôgun fait aujourd’hui peau neuve via une nouvelle adaptation. Portée par un budget conséquent, cette seconde adaptation se veut plus proche du roman d’origine, mais également des faits historiques. Le choix de tourner une grande partie des dialogues en japonais marque également une rupture avec la première version.
De nombreux consultants ont ainsi participé à la conception du projet, et notamment Frederik Cryns, un historien belge spécialiste de l’époque Sengoku, et dont la passion du Japon lui est venue… après la découverte de la première série Shôgun. Ces deux adaptations sont donc aussi complémentaires qu’intimement liées !
Pourquoi la série n'aura pas de saison 2 ?
En diffusion depuis le 27 février sur Disney+, Shôgun est sans aucun doute LA série incontournable de ce début d’année 2024. Véritable succès critique, mais également public avec une moyenne de notes spectateurs de 4,4 sur 5 sur AlloCiné, la série est également un carton d’audience puisqu’elle a d’ores et déjà battu le record historique de la chaîne FX avec plus de neuf millions de téléspectateurs américains réunis chaque semaine !
Pourtant, Shôgun n’aura pas de saison 2, comme l’ont confirmé les deux créateurs de la série Rachel Kondo et Justin Marks. Les 10 épisodes adaptent en effet l’intégralité du roman de James Clavell, et il n’a jamais été dans leur esprit question d’une suite.
Ajoutons à cela qu’une production d’une telle ampleur demande beaucoup de temps, il apparaît donc peu probable – pour ne pas dire totalement impossible – qu’une saison 2 puisse voir le jour.
Mais de nombreux internautes ne désespèrent pas, et réclament dès à présent une seconde saison sous la forme d’une série anthologique. L’histoire japonaise regorge en effet d’événements et de personnages qui pourraient faire l’objet d’histoires passionnantes à raconter.
A cela s’ajoutent également les cinq autres volets de la Saga asiatique de James Clavell. Il existe donc de nombreuses pistes à explorer pour donner une suite plus ou moins directe à cette histoire
En attendant qu’une décision soit officiellement prise par FX, rappelons que les épisodes de Shôgun sont à retrouver en exclusivité sur la plateforme Disney+ !
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