Disponible depuis le 28 mars sur Prime Video, Ourika est la nouvelle sensation de la fiction française. Cocréée par le rappeur Elie Yaffa alias Booba et Clément Godart, avec Clément Gournay et Vincent L’Anthoën, cette série raconte l'ascension d'un voyou et d'un policier, liés à jamais par une affaire qui dépasse les frontières.
Ourika compte sur un trio d'acteurs charismatiques et énergiques : Adam Bessa, vu dans Tyler Rake et sa suite, mais aussi Mosul et Harka ; Noham Edje, vu dans la série Bardot et les films Les Amandiers et Une affaire d'honneur ; et Salim Kechiouche (La vie d'Adèle, Mektoub My Love, Lupin, L'Enfant du Paradis) et sur la présence de Booba dans un petit rôle.
De quoi parle Ourika ?
2005, dans une cité de la banlieue parisienne en proie aux émeutes, la famille Jebli règne en maître sur le trafic de cannabis. Alors que les quartiers s’embrasent, un grand coup de filet des Stups fait exploser le clan.
Driss (Adam Bessa), le plus jeune fils est contraint de reprendre l’affaire familiale alors qu’il se destinait à une carrière dans la finance. Face à lui, William (Noham Edje), un flic de quartier débutant et ambitieux, est déterminé à le faire tomber. Leur ascension parallèle fulgurante va changer leur destin à jamais.
L'incroyable histoire vraie qui a inspiré Ourika
Il faut savoir que la série Ourika est une idée conjointe de Booba et de Clément Godart, qui est un ancien policier des stups. Ce dernier a quitté les forces de l'ordre mais son envie de raconter son histoire et celle de ses anciens collègues sur la lutte contre le trafic de drogues et les liens entre policiers et voyous était très forte.
"La construction de cette série aussi résulte d'une volonté de parler aux gens", nous a expliqué en entretien Clément Godart, "On ne s'imagine pas ce fléau qui est très universel aujourd'hui dans le monde. On le fantasme mille fois dans la vie réelle ou dans les films, mais les gens ne connaissent pas vraiment l'envers du décor. On veut expliquer cet envers du décor qui fait partie intégrante de notre société aujourd'hui."
Il a choisi de s'inspirer de l'affaire François Thierry, ancien patron de l'Office central pour la répression contre le trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS, devenu l'Office anti-stupéfiants aka OFAST depuis 2020) et les méthodes de livraisons surveillées des cargaisons de drogues.
François Thierry était une figure incontournable de la guerre contre la drogue en France, souvent félicité par les autorités pour ses résultats incroyables. Mais il s'est retrouvé sous le feu des critiques pour ses méthodes troubles, notamment le choix du baron de la drogue Sofiane Hambli comme indic.
L'ancien grand flic a été accusé d'avoir ouvert en grand les portes à l'importation de drogues en France dans le dos des magistrats et a été mis en examen pour complicité de trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs. L'affaire, instruite par le parquet de Bordeaux, est toujours en cours, même si un non-lieu a été requis en fin d'année dernière.
En 2017, Hubert Avoine, ancien informateur infiltré et enquêteur sur les méthodes de l'Office des stups, et le journaliste Emmanuel Fansten ont publié le livre L'Infiltré qui évoque notamment les méthodes de l'OCRTIS. Cet ouvrage et l'affaire François Thierry a inspiré le réalisateur Thierry de Peretti pour son film Enquête sur un scandale d’État, avec Pio Marmaï, Roschdy Zem et Vincent Lindon, sorti en 2021.
Le récit de deux destins liés
Marine Francou, la directrice de collection et scénariste d'Ourika qui s'est notamment fait connaître pour son travail sur l'incontournable fiction Engrenages, s'est immédiatement enthousiasmée de ce projet et de cette affaire qui permettaient de raconter deux personnages et deux trajectoires de vies étroitement liées :
"C'est expliqué de manière très pédagogique au fil des épisodes de la saison et la série rend ça romanesque, mais tout est très réel. On a mis dans le personnage de William cette idée, avec la complicité de son chef, de mettre en place ce système de livraison surveillée qui est une méthode inventée par l'OCRTIS.
Et avec le personnage de Driss Jebli, on fait le lien avec le baron de la drogue Sophiane Hambli dont le camion blindé de tonnes de cannabis a été saisi devant son appartement boulevard Exelmans. Le réel sert notre dramaturgie puisque qu'on a cherché à explorer cette dépendance entre le voyou et le flic. C'est-à-dire que dans cette affaire-là, ils ont besoin l'un de l'autre."
Les spectateurs vont suivre cette relation "professionnelle" entre William et Driss au cours des épisodes, pour le meilleur et surtout pour le pire, comme le résume bien Marine Francou : "Ils sont partis dans une spirale qui les entraîne très loin jusqu'à ce que ça finisse un peu par leur péter à la gueule à la fin de la saison. Mais c'est ce qui s'est réellement passé".
Avec ses deux personnages, Ourika n'est pas seulement un thriller policier musclé, c'est également un drame familial questionnant l'identité, l'avenir et le sentiment d'appartenance, comme l'a souhaité Clément Godart :
"Autant pour William que pour Driss, la question de la famille était importante. Chacun a la sienne, la police pour le premier, et celle du sang pour le deuxième. Et dans toute cette histoire, plusieurs questions découlent : Quelle est ta famille ? C'est quoi l'appartenance ? Tu viens d'où ? Tu vas où ? Tu te bats contre quoi et contre qui ?"
Propos recueillis par Mégane Choquet le 21 mars à Lille.
La série Ourika est disponible sur Prime Video.