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    A voir au cinéma : Shikun... De quel grand classique ce film d'Amos Gitaï s'inspire-t-il ?
    Laëtitia Forhan
    Laëtitia Forhan
    -Chef de rubrique cinéma
    Fan de cinéma fantastique, de thrillers, et d’animation, elle rejoint la rédaction d’AlloCiné en 2007. Elle navigue depuis entre écriture d'articles, rencontres passionnantes et couvertures de festivals.
    Co-écrit avec :
    Laurent Schenck

    Présenté en avant-première à la Berlinale 2024, "Shikun", le nouveau film d'Amos Gitaï, débarque cette semaine au cinéma. Voici ce qu'il faut savoir sur ce long métrage.

    Epicentre

    Trois ans après Laila in Haifa, le réalisateur Amos Gitaï est de retour avec Shikun, présenté en avant-première lors du Festival de Berlin 2024.

    Le film s'inspire de la pièce d’Eugène Ionesco, "Rhinoceros" et place l'histoire de nos jours en Israël. Shikun raconte l’émergence de l’intolérance et de la pensée totalitaire à travers une série d’épisodes quotidiens qui se déroulent en Israël dans un seul bâtiment, le Shikun.

    Dans ce groupe hybride de personnes d’origines et de langues différentes, certains se transforment en rhinocéros, mais d’autres résistent. Une métaphore ironique de la vie dans nos sociétés contemporaines.

    Shikun
    Shikun
    Sortie : 6 mars 2024 | 1h 25min
    De Amos Gitaï
    Avec Irène Jacob, Yaël Abecassis, Hana Laszlo
    Presse
    2,7
    Spectateurs
    2,0
    louer ou acheter

    Un film en plusieurs langues

    Le long métrage est emmené par Irène Jacob, Yael Abecassis, Bahira Ablassi, Hana Laslo et Naama Preis. Plusieurs langues sont utilisées pour les besoins du film, notamment l'hébreu et l'arabe.

    Pour ceux qui ne sont pas locuteurs de ces langues, il peut être difficile de savoir laquelle est employée. Il s'agit d'un choix délibéré de la part de Amos Gitaï, qui explique dans le dossier de presse : "Je n’ai pas voulu que les sous-titres aident à les différencier, par exemple en utilisant deux couleurs comme on fait souvent. Cela instaure évidemment une différence entre ceux qui connaissent ces langues et les autres, cette situation est intéressante aussi. Qu’il y ait de l’incertitude pour qui ne vient pas de cette région, qui n’en connait pas les langues, fait partie des propositions du film. Je ne veux surtout pas être didactique."

    Shikun Epicentre
    Shikun

    Un huis clos semi-fermé

    Shikun appartient à un ensemble de films que Amos Gitaï a réalisés en huis clos semi-fermé (Un tramway à Jérusalem, Laila in Haifa, House..). Ils sont tous entièrement situés dans un espace délimité, mais avec des aperçus de l’extérieur. Le réalisateur déclare : "Il s’agit à chaque fois du projet d’explorer un microcosme avec l’ambition qu’il réfracte une vérité plus générale. Un peu comme l’étude d’une cellule donnerait une représentation et des informations sur un corps vivant tout entier."

    "Cette unité de lieu, et d’ailleurs aussi de temps, implique des choix formels assez radicaux, qui organisent les circulations et rendent sensibles les forces qui se concentrent et s’opposent. L’un de ces choix de mise en scène est clairement le recours au plan séquence – que j’avais poussé à l’extrême pour Ana Arabia, filmé en un seul plan. Mais les réponses précises diffèrent à chaque fois, les plans séquences de Shikun ne sont pas les mêmes que dans mes autres films, et le montage non plus."

    Un film né avant le 7 octobre

    Le film est né en relation avec ce qui constituait le contexte en Israël avant le 7 octobre. Les Israéliens se trouvaient au milieu d’un immense mouvement de protestation contre la tentative de réforme du système juridique par Netanyahou et son gouvernement.

    Shikun Epicentre
    Shikun

    Ces grandes manifestations réunissaient des groupes féministes, des soldats, des universitaires, des économistes, des gens qui militent pour une coexistence pacifique entre Palestiniens et Israéliens et une grande partie de la société civile. Amos Gitaï se rappelle :

    "Un mouvement qui avait aussi le sens d’une réaction à la montée d’une forme de conformisme, de disparition de l’esprit critique, dans la société israélienne. C’est dans ce contexte que j’ai relu la pièce de Ionesco, Rhinocéros, écrite à la fin des années 1950 comme une fable antitotalitaire, et qui m’a semblé faire écho à ce que nous vivions. J’y ai vu la possibilité d’une inspiration pour un film à propos du présent que nous vivions. A ce moment, je répétais à Tel Aviv la version scénique de House, la pièce de théâtre inspirée de mon film de 1980.

    Toute la troupe était là, dont Irène Jacob et l’actrice palestinienne Bahira Ablassi. Parallèlement au travail sur la pièce, nous nous sommes collectivement engagés dans ce projet, que j’ai écrit assez rapidement. J’ai appelé le chef opérateur Eric Gautier, avec qui j’ai travaillé sur quatre de mes précédents films depuis douze ans, il est arrivé aussitôt. On a pu réunir les conditions matérielles et tourner sans délai, grâce aussi à la complicité de producteurs, de techniciens et d’artistes avec qui j’ai cette longue relation de collaboration et d’amitié."

    Shikun - qui signifie "logement social" en hébreu - est à voir au cinéma dès ce mercredi 6 mars.

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