Le Tombeau des Lucioles est l’une des œuvres majeures du regretté Isao Takahata (Pompoko, Le conte de la princesse Kaguya, Souvenirs, goutte à goutte…), qui a cofondé le studio Ghibli aux côtés d’Hayao Miyazaki. Écrit et réalisé par Takahata, le film est sorti au Japon en 1988, et en 1996 chez nous.
Tel le bijou d’animation bouleversant qu’il est, Le Tombeau des Lucioles suit le parcours chaotique de Seita, un adolescent de 14 ans, et de sa petite sœur Setsuko, 4 ans, tous deux orphelins, à l’été 1945 au Japon, après le bombardement de Kobe. Leur tante, chez qui ils ont été recueillis, leur fait comprendre rapidement qu’ils sont une gêne et qu’ils doivent mériter leur riz quotidien. Seita décide alors de s’enfuir avec Setsuko. Trouvant refuge dans un bunker désaffecté en pleine campagne, ils vivent des jours heureux illuminés par la présence de milliers de lucioles. Mais bientôt la nourriture commence cruellement à manquer…
Véritable chef-d’œuvre, le long métrage a la particularité d’opposer la beauté de son animation à la cruauté de son histoire : un contraste poignant et bluffant qui a fait de lui l’un des films les plus beaux et les plus tristes à la fois, tous genres confondus.
Inspiré d’une histoire vraie déchirante
Mais Le Tombeau des Lucioles, c’est surtout une histoire vraie – en quelque sorte. C’est en tout cas l’histoire (idéalisée) de l’auteur japonais Akiyuki Nosaka qu’il a consignée dans une nouvelle semi-autobiographique du même nom, publiée en 1967 – une œuvre littéraire qui ne sera disponible en France qu’après la sortie du film en 1988. Le livre, qui est un hommage à sa petite sœur Keiko, morte bébé, propose une version différente de la réalité qui a été bien plus sombre.
En effet, alors qu’il était âgé de 14 ans en 1945, Akiyuki Nosaka s’est retrouvé orphelin après que sa mère est morte en mettant au monde sa petite sœur Keiko. Les deux enfants vont alors vivre chez leur tante à Kobe jusqu’à ce que la ville et leur maison ne soient détruites par les bombardiers américains Boeing B-29 Superfortress. Akiyuki et Keiko sont désormais seuls au monde et tentent de survivre. Cette dernière finira par mourir de faim à l’âge de 16 mois. Si plusieurs scènes du Tombeau des Lucioles sont vraies (la capture de lucioles, les balades à la plage…), la tendresse du grand frère envers sa petite sœur, elle, ne l’est pas tout à fait.
Akiyuki Nosaka a en effet reconnu ne pas avoir partagé toute sa nourriture avec sa sœur et aurait même frappé cette dernière pour qu’elle arrête de pleurer. Profondément traumatisé par ses actes d’adolescent qu’il regrette amèrement, il a donc écrit ce qu’il aurait aimé qu’il se soit passé plutôt que la cruelle réalité.
La nouvelle fin n’est pas pour autant toute rose comme on peut le constater dans le film. Le Tombeau des Lucioles propose en effet un récit sombre et dur qui réussit toutefois à éblouir son spectateur tout en le bouleversant à jamais : une pure merveille dont on ne ressort pas indemne.
Le Tombeau des Lucioles est actuellement disponible à l’achat ou à la location sur LaCinetek.