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    "Tout est possible !" : à peine sorti au cinéma, l'univers de Vivants déjà adapté en série ?
    Mathilde Fontaine
    Mathilde Fontaine
    -Rédactrice ciné-séries
    Celle qui est fan de Friends et pourrait bosser chez Dunder Mifflin. Ne loupe jamais une séance ciné, rêve de vivre dans un film de Sautet, de faire une choré avec les fréros Vega (ceux de Tarantino) et d'aller à une Boum avec Vic ! ("Et là, normalement, il me faut une citation latine...")

    Au cinéma, Vivants nous plonge dans une équipe de reporters passionnés et passionnants. Un film de moins d’1h30, issu de l’histoire personnelle de sa réalisatrice Alix Delaporte, à ne surtout pas rater. Vincent Elbaz et Alice Isaaz nous en parlent.

    Vivants
    Vivants
    De Alix Delaporte
    Avec Alice Isaaz, Roschdy Zem, Vincent Elbaz
    Sortie le 14 février 2024
    Voir via MyCanal

    Dans Vivants, vous incarnez des reporters (en devenir pour Alice Isaaz, aguerri pour Vincent Elbaz). Quel est votre rapport au monde du journalisme ?

    Alice Isaaz : Ça me passionne depuis toute petite. C'est un univers que je ne connais que très peu. Donc j'ai été très curieuse et enthousiaste à l'idée de pouvoir intégrer ce monde, qui plus est à travers le personnage de Gabrielle qui ne connaît pas non plus vraiment ce domaine et qui n’en n'a pas les codes.

    Vincent Elbaz : Le journalisme est un métier qui me passionne aussi depuis toujours, comme Alice. J'ai toujours et j'ai encore l'envie de faire des films sur ce métier, avec à l’esprit des modèles du genre comme Scandale, Les Hommes du Président ou Spotlight, par exemple, que j'ai adoré. Ce sont des films américains, forcément, car c’est plus difficile à faire en France. On a eu Mille Milliards de Dollars avec Patrick Dewaere que j'ai beaucoup aimé... Mais là, il y a un regard très très beau porté sur ce métier et sur ceux qui l’incarnent. On ressent leur passion.

    Alix Delaporte était journaliste avant de devenir réalisatrice de cinéma. Comment était-ce de travailler à ses côtés pour ce film personnel ?

    A. I. J'adore le travail d'Alix Delaporte de manière générale, la pudeur qu’elle met dans ses films. Donc j'étais très heureuse à l'idée de pouvoir travailler avec elle, avec cette troupe d'acteurs, qui plus est dans un rôle qui se rapproche de la vie d’Alix.

    Alix Delaporte a une manière de diriger et de capter les liens entre les êtres qui va au-delà du dialogue.

    Puis il y a une similitude avec ce que j'ai pu vivre. Moi, je viens de province. Je vivais dans un petit village de 2000 habitants, et quand je suis arrivée à Paris pour faire les cours Florent, j'ai un petit peu débarqué dans le milieu sans rien connaître, sans avoir les codes. Gabrielle débarque justement aussi de sa montagne dans un monde qu’elle connaît de loin : j’y vois une sorte de ressemblance dans la trajectoire, dans le parcours, en tout cas dans leur début.

    V. E. : Alix Delaporte n'est pas une réalisatrice connue du grand public, mais tous les acteurs veulent travailler avec elle. Je ne connais pas une personnalité du cinéma français qui ne connaît pas son travail.

    Elle a une manière de diriger et de capter les liens entre les êtres qui va au-delà du dialogue. Ce qui est beau dans ce scénario, c'est que les personnages sont abîmés, mais que cela s'incarne par la direction d'acteurs, pas par l'écriture. On perçoit des petites choses, très légères, mais il n'y a rien d'expliqué par les dialogues ou par une narration trop démonstrative.

    Vos personnages ont justement un passé qui n’est pas raconté, mais que l’on arrive pourtant à deviner, à s’imaginer. Comment avez-vous travaillé cela ?

    A. I. Alix sait exactement ce qu'elle veut, même si elle est en recherche permanente. Il m'est arrivé de penser que j’étais mauvaise les premiers jours de tournage. Et puis très rapidement, je me suis rendu compte que non, c'est qu'elle a envie d'explorer toutes les pistes. J'ai adoré travailler avec elle parce qu'on se rend compte qu'il y a mille possibilités d'interprétation. Ça a été un vrai travail de recherche à ses côtés, avant et pendant le tournage.

    Elle m'a envoyé passer trois jours en haute montagne avec un guide.

    Elle veut que l’on soit vraiment incarnés et qu'on ait le background du personnage, que cela existe dans nos tripes. Moi, pour le coup, elle m'a envoyé passer trois jours en haute montagne avec un guide. Je me suis vraiment trouvée complètement propulsée dans le passé de Gabrielle qu'on ignore pourtant totalement dans le film. Elle a voulu que je fasse une préparation physique, alors qu'on me voit les bras nus littéralement 3 secondes à l’écran. Il y a un vrai travail de fond psychologique, mais aussi physique.

    V. E. On est très bien distribués, les acteurs, les actrices. Il n'y a pas de miscast. Et quand on est bien casté et bien distribué, on peut vraiment apporter énormément à un personnage. Et puis Alix a cette faculté de vous mettre à nu, de vous enlever toutes les petites béquilles, les outils que vous utilisez habituellement. Ça vous met vraiment face à vous de manière très intime.

    Le public vous perçoit différemment grâce à son regard. Je pense que c'est ça qui est intéressant dans ce groupe d'acteurs qu'elle a réuni. On est vraiment tous très différents que dans d'autres films. Là, on est vraiment bien, bien, bien, bien dirigés. Parfois, on oublie à quel point ça compte, la direction d'acteur.

    Si le film plaît au public et qu’Alix Delaporte a envie de poursuivre l’histoire, pourquoi pas, tout est possible !

    Vos personnages sont si bien écrits que le spectateur a l’impression de les connaître et a envie de les revoir, de creuser leurs histoires. Est-ce qu’une série adaptée du film pourrait exister ?

    V. E. Ah c’est vrai que ça peut être une super idée, je n’y avais pas pensé ! On va en parler à Alix car ce n’est pas à nous de décider (rires). Mais si le film plaît au public et qu’Alix Delaporte a envie de poursuivre l’histoire, pourquoi pas, tout est possible (rires).

    Y a-t-il une scène qui vous a particulièrement marqué lors du tournage ?

    V. E. Oui, il y a la scène où on est tous réunis le soir et où le personnage de Roschdy Zem se met à danser devant nous. Ça, c'était vraiment très émouvant. C'est très beau de voir un acteur, se mettre comme ça… à nu, encore une fois. Dans une grande fragilité.

    Il s’est créé un vrai lien entre nous tous sur le plateau.

    C’était une chorégraphie qu’il avait appris par cœur, mais Alix l’a laissé aller à un moment donné. A la fin, quand il se met à faire de grands gestes etc… c’était spontané. On a tous ressenti une grosse émotion. Et la manière que l’on a de le regarder est vraie. Il s’est créé un vrai lien entre nous tous sur le plateau, c’était un moment très fort.

    A. I. C'est vrai, un sentiment fort de l’ordre de la communion. On n'avait rien besoin de se dire, on sentait qu'il se passait quelque chose. On était en symbiose, comme un groupe qui devient une famille. Et je pense que c'est ce qu'elle voulait représenter.

    Propos recueillis par Mathilde Fontaine, en février à Paris.

    Vivants, de Alix Delaporte, avec Alice Isaaz, Vincent Elbaz, Roschdy Zem... actuellement et exclusivement au cinéma.

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