Que Marion Cotillard soit l'une de nos meilleures actrices ne fait plus vraiment débat. Outre ses deux César (pour Un long dimanche de fiançailles et La Môme), son BAFTA et son Oscar, elle n'a cessé de nous impressionner et nous surprendre tout au long des trois décennies pendant lesquelles elle s'est illustrée sur grand écran.
Et Little Girl Blue constitue un nouveau sommet d'une carrière qui n'en manquait pas. Dans le film sorti le 15 novembre, et qui se situe au croisement du documentaire et de la fiction, elle incarne la mère de sa réalisatrice Mona Achache. Grâce à des textes, photos et enregistrements de la principale intéressée, et en se grimant comme elle.
La scène de sa transformation est d'ailleurs particulièrement frappante. Si l'on reconnaît Marion Cotillard pendant tout le film, ce qui participe au côté déstabilisant et onirique voulu par la réalisatrice, la voir devenir Carole Achache est impressionnant. Dans sa manière de reproduire sa voix et sa gestuelle, en dialoguant avec la cinéaste ou en playback.
On pense évidemment à la manière dont la comédienne était devenue Edith Piaf, se livrant corps et âme jusqu'à se dire hantée par la chanteuse. Mais l'exercice est encore plus périlleux car plus intime, et la transformation ne se limite pas qu'à l'après.
Little Girl Blue montre la manière dont Marion Cotillard se glisse dans la peau de son personnage, et ne cache pas les obstacles sur lesquels elle trébuche, faisant aussi du film un document sur la méthode de travail de la comédienne. Et une nouvelle preuve qu'il s'agit de l'une des meilleures en France.
"J'ai jamais rien fait d'aussi dur de ma vie", râle-t-elle dans une scène. Et, alors que l'entreprise pourrait s'écrouler dès les premiers instants, déstabilisants, elle livre une prestation étonnante, disparaissant dans le personnage pour faire naître une émotion aussi forte qu'inattendue.