Depuis 1975, la France célèbre le cinéma américain sur les planches de Deauville. Deux cinématographies qui n'ont, dès lors, cessé de se rapprocher : en 1995, quand est créé le Grand Prix, remis par le président d'un jury francophone (Guillaume Canet cette année).
Puis, en 2020, le COVID pousse Deauville à accueillir quelques films français dans sa sélection, renforçant un peu plus les liens cinématographiques entre les deux pays. Ce qui ne devait être qu'une exception est aujourd'hui devenu un rendez-vous annuel, puisque Captives, Les Derniers hommes et la série Icon of French Cinema font partie de cette édition.
Sans oublier Camille Cottin, à l'affiche de Golda face à Helen Mirren (méconnaissable dans le rôle de la Première Ministre israélienne Golda Meir), et qui poursuit sa jolie carrière en langue anglaise. L'occasion de revenir sur ces acteurs et actrices qui, comme elle, ont été vus ou sont attendus dans des films américains en 2023.
NOÉMIE MERLANT - Tár
Universal Pictures
Début d'année en fanfare pour Noémie Merlant ! Quelques semaines avant de recevoir le César de la Meilleure Actrice dans un Second Rôle, pour sa prestation hilarante dans L'Innocent, la comédienne donnait la réplique à une habituée des cérémonies de récompenses : Cate Blanchett.
Subjugué par Portrait de la jeune fille en feu, comme beaucoup de cinéastes venus du monde entier, Todd Field lui confie le rôle de Francesca, assistante de la cheffe d'orchestre Lydia Tár.
Un rôle secondaire où elle fait preuve de discrétion et nuances dans son jeu, pour contribuer à entretenir l'ambiguïté qui règne entre les deux personnages, à grands renforts de regards et de non-dits.
Une première expérience convaincante qui ne restera pas lettre morte : après Tár, Noémie Merlant a déjà tourné le biopic Lee, sur la photographe de guerre du même nom, face à Marion Cotillard et Kate Winslet, comme elle nous l'expliquait récemment. Et on la retrouvera dans The Murderous Miss Highsmith, sur la célèbre romancière, aux côtés de Shailene Woodley et Cara Delevingne.
DENIS MÉNOCHET - BEAU IS AFRAID
ARP Sélection
Contrairement à Noémie Merlant, Denis Ménochet devra encore patienter avant de décrocher un César. Mais ça n'est qu'une question de temps. En attendant, il s'offre une nouvelle expérience en langue anglaise, après celles d'Hannibal Lecter - Les Origines, Inglourious Basterds ou Robin des Bois. Des films qui paraîtraient presque fades à côté de Beau is Afraid.
Dire que le troisième long métrage d'Ari Aster (Hérédité, Midsommar) est inclassable relève de l'euphémisme, tant cette odyssée d'un homme qui veut rentrer chez lui navigue entre les genres (drame, comédie, horreur et même animation) et les tonalités. En vétéran qui veille sur la famille de son voisin, mort au combat à ses côtés, Denis Ménochet participe activement à la folie de l'ensemble.
Quand il fixe les personnages derrière une fenêtre au second plan, ou que son traumatisme s'exprime dans des hurlements et des accès de violence. Jusqu'à sa toute dernière scène, que nous ne révélerons pas ici car elle plus que surprenante. Sachez juste que si un psychanalyste tombe dessus, il va se ré-ga-ler.
DAMIEN BONNARD - ASTEROID CITY
Universal Pictures
S'il est difficile de rater Denis Ménochet dans Beau is Afraid, il faut être attentif pour ne pas louper Damien Bonnard dans Asteroid City, dernier film en date du très francophile Wes Anderson. Où l'on retrouve quelques français.
Moins que dans The French Dispatch, tourné dans l'Hexagone, mais les plus observateurs pourront apercevoir Stéphane Bak et Pablo Pauly dans une scène avec beaucoup de personnages.
Et Damien Bonnard en garde du corps de l'actrice incarnée par Scarlett Johansson. Un personnage "discret, silencieux, muet, sur ses gardes et attentif à tout", comme le dit lui-même le principal intéressé sur son compte Instagram. Confirmant au passage l'impression des spectateurs qui pensaient l'avoir reconnu, au second plan, dans quelques scènes.
Déjà vu en soldat français dans le Dunkerque de Christopher Nolan, Damien Bonnard aurait dû s'offrir une autre expérience anglo-saxonne au cinéma cette année. Mais Pauvres créatures de Yorgos Lanthimos, dans lequel il affirme n'avoir qu'une scène, a vu sa sortie française repoussée au mois de janvier 2024.
ETHANN ISIDORE - INDIANA JONES 5
Lucasfilm Ltd.
En parlant de sortie repoussée, Ethann Isidore en connaît un rayon avec Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, qui s'est gentiment fait attendre après la fin de son tournage. Mais cela valait le coup lorsque les médias du monde entier ont découvert, sur les marches du Festival de Cannes, ce jeune Français enthousiaste aux côtés d'Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen, Boyd Holbrook et James Mangold.
Vu auparavant dans les séries Sam et Mortel, Ethann Isidore incarne Teddy, acolyte d'Helena Shaw (Phoebe Waller-Bridge) qui n'est pas sans rappeler le Demi-Lune du Temple Maudit, dans le registre "gamin débrouillard qui va aider le héros dans sa quête". Un rôle secondaire mais plus conséquent, par exemple, que celui d'Antonio Banderas, dans l'intrigue et en termes de temps d'écran.
Dès lors qu'il rencontre Indiana Jones, Teddy ne quitte plus les héros jusqu'à la fin. Ce qui permet à son interprète de s'illustrer dans bon nombre de péripéties (dont une course-poursuite). Et sans doute de s'ouvrir quelques portes à Hollywood.
POM KLEMENTIEFF - MISSION IMPOSSIBLE 7
Paramount Pictures France
L'étape de la révélation outre-Atlantique, Pom Klementieff l'a déjà passée il y a quelques années. Elle en est aujourd'hui à la confirmation. Avec Les Gardiens de la Galaxie 3, où sa Mantis reste l'un des personnages les plus attachants de la bande. Et, surtout, Mission : Impossible 7, en tueuse française appelée Paris, alliée du grand méchant de l'histoire.
Sous ses traits (et notamment lorsqu'elle porte un maquillage blanc avec une larme dessinée sous l'œil), Paris n'est pas magique. Mais dangereuse, implacable, imprévisible, létale…
Une digne héritière de la Xenia Onatopp de Goldeneye, et de ses hommes de mains mémorables de la saga James Bond. A l'écran comme en promo, la comédienne s'éclate dans cette aventure, et cela se sent.
Assez pour revenir dans l'épisode 8, toujours prévu pour juin 2024 alors que le tournage est interrompu depuis le début de la grève des scénaristes ? spoiler: Dans la mesure où Paris n'est pas morte à la fin du film, la possibilité existe. Comme celle de la voir rejoindre le camp d'Ethan Hunt (Tom Cruise) qui l'a sauvée.
De quoi permettre de voir un peu plus du duo de choc formé par Pom Klementieff et Simon Pegg pendant la tournée promotionnelle.
THÉO CHRISTINE - GRAN TURISMO
Sony Pictures
Comme les voitures dans l'adaptation du jeu vidéo homonyme signée Neill Blomkamp, l'apparition de Théo Christine (le JoeyStarr de Suprêmes) est rapide. L'acteur incarne un certain Marcel Durand et derrière ce nom typique du Français dans un film américain se cache l'apprenti pilote hexagonal sélectionné pour, peut-être, devenir le nouveau poulain de Nissan.
L'histoire étant celle de Jann Mardenborough (Archie Madekwe), pas la sienne, on se doute vite qu'il ne sortira pas vainqueur de la série d'épreuves qui leur est imposée. Mais pas que Théo Christine disparaîtra aussi rapidement de l'écran, après avoir eu droit à une petite réplique. A charge de revanche dans un autre film américain ?
CAMILLE COTTIN - MYSTÈRE À VENISE
The Walt Disney Pictures
Il y a eu Matt Damon (Stillwater). Lady Gaga et Adam Driver (House of Gucci). Et même George Clooney dans une pub Nespresso. C'est aujourd'hui au tour de Kenneth Branagh de succomber à l'énergie de Camille Cottin, et d'en faire l'un des personnages de son adaptation de "La Fête du potiron" d'Agatha Christie.
Aux côtés de Jamie Dornan, Michelle Yeoh, Tina Fey, Kelly Reilly et Kenneth Branagh lui-même, de retour dans le rôle d'Hercule Poirot. Elle y incarne Olga Seminoff, gouvernante de Rowena Drake, chanteuse d'opéra hantée par le souvenir de sa défunte fille, qui organise une séance de spiritisme aux conséquences inattendues, afin d'entrer en contact avec son esprit.
Avec une tonalité plus horrifique que Le Crime de l'Orient-Express et Mort sur le Nil, le film sortira dans nos salles le 13 septembre. Juste après un Festival de Deauville où Camille Cottin s'illustre dans un autre rôle en langue anglaise : grâce au biopic Golda, consacrée à l'ex-première ministre d'Israël (jouée par Helen Mirren), présenté en avant-première.
TAHAR RAHIM - NAPOLÉON
Sony Pictures
Nommé pour le Golden Globe du Meilleur Acteur dans un Drame grâce à Désigné coupable, Tahar Rahim n'en est pas à son coup d'essai en matière de projet en langue anglaise.
De la même manière que Ridley Scott a souvent dirigé des acteurs français, puisque trois autres de cet article figurent dans sa filmographie (Camille Cottin, Léa Seydoux et Denis Ménochet).
Ce qui n'enlève absolument rien au prestige de voir le comédien dans l'un des gros projets d'envergure de cette fin d'année : le biopic sur Napoléon par le réalisateur de Gladiator et Le Dernier duel. Il y incarne l'homme politique Paul Barras (1755 - 1829).
Impliqué dans le vote pour la mort de Louis XVI pendant la Révolution Française, il participe à la transition vers le Directoire dont il devient l'un des Directeurs. Mais sa démission, au matin du 18 Brumaire, favorise le coup d'état mené par Napoléon Bonaparte. Son rôle pourrait donc être secondaire (mais néanmoins important) dans l'intrigue portée par Joaquin Phoenix et Vanessa Kirby.
Mais il faudra attendre le 22 novembre pour en avoir le cœur net, si la sortie n'est pas repoussée à cause de la grève des scénaristes et acteurs. Tahar Rahim ne sera d'ailleurs pas le seul Français du casting, car Ludivine Sagnier prête ses traits à Thérésa Cabarrus, femme d'influence et compagne de Paul Barras, qui a notamment rejeté les faveurs d'un jeune officier : un certain Napoléon Bonaparte.
Notez que Léa Seydoux aurait dû faire partie de cette liste. Mais la sortie de Dune 2, dans lequel elle incarne Lady Margot (absente de l'adaptation signée David Lynch) a été repoussée de novembre 2023 à mars 2024 par la Warner.
