2,4 milliards d’euros, ça vous parle ? C’est avec cette simple question que le mystérieux Professeur (Álvaro Morte) convainc huit repris de justice n’ayant plus rien à perdre, de commettre le casse du siècle : prendre d’assaut la fameuse “casa de papel” – la Fabrique nationale de la monnaie et du timbre de Madrid – pour y imprimer leurs propres billets de banque.
Après cinq mois de préparation, les braqueurs aux noms de villes, vêtus de combinaisons rouges et masques de Dalí, se retrouvent ainsi enfermés dans la Fabrique tandis qu’à l’extérieur le Professeur manipule et fait tout son possible pour ralentir la police. Onze jours de siège, 67 otages : tout se passera-t-il comme prévu ? Les dés sont jetés.
Si elle est tout d’abord diffusée sur Antena 3 en Espagne, La Casa de Papel est surtout faite pour être binge-watchée. Il faut l’avouer : quand on la commence, il est difficile de s’arrêter. C’est ainsi que sous l’égide de Netflix, elle deviendra LA série espagnole qui dépassera toutes les frontières et de laquelle naîtra une adaptation sud-coréenne en 2022 et un spin-off centré sur le personnage de Berlin qui verra le jour en fin d’année.
Au premier rang des séries non-anglophones les plus regardées sur la plateforme, sa formule est parfaitement adaptée pour le succès. La série créée par Álex Pina suit à la lettre les codes des films d’action populaires et passionne dès son premier épisode : les enjeux sont posés et le suspense peut commencer. Ajoutez à cela une mise en scène au rythme effréné, rebondissements et cliffhangers à vous faire hurler : tout y est.
Mais si le braquage ambitieux au plan parfait, exécuté par une bande dont chacun a sa spécialité, est un classique, il est ici revisité et même féminisé. La Casa de Papel, c’est aussi une allégorie de la rébellion envers un système corrompu, raconté du point de vue d’une femme – cette chère Tokyo (Úrsula Corberó) – qui plus est. Découvrez pourquoi elle est la narratrice de la série ici.
La dimension révolutionnaire du geste des braqueurs participe en effet au succès du programme et l’inscrit dans un tout nouveau genre. Ici, la fiction nourrit l’imaginaire populaire, et en plus d’être l’une de ces séries qui nous fait prendre le parti des “méchants”, elle met en scène des braqueurs devenant ici les Robin des Bois des temps modernes, pour qui l’on chanterait bien “Bella Ciao”, ode à la résistance antifasciste de la Seconde Guerre mondiale et hymne de la série.
Et oui, La Casa de Papel s’offre sa propre iconographie – qui a rapidement dépassé le cadre de la fiction. La chanson “Bella Ciao”, reprise lors de nombreuses manifestations, à travers de nombreux pays, accompagnée de la combinaison rouge et du masque de Dalí : voilà des symboles d’émancipation entrés dans notre culture populaire. Telle est l’influence du show, véritable phénomène planétaire.