Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la famille du crime Shelby règne sur les rues de Birmingham, en Angleterre. Les Shelby, ce sont quatre frères, dont trois reviennent de la guerre, une soeur rebelle et une tante matriarche. À la tête du clan – et au cœur de la série –, trône Tommy Shelby (le parfait et déchirant Cillian Murphy), un vétéran décoré et traumatisé d’une guerre qui l’a mentalement tué, déterminé à élever le rang social de sa famille. Chef torturé et angoissé, stoïque, intriguant et surtout silencieux, Tommy parle peu et fascine lorsqu’il le fait.
S’inspirant d’un vrai groupe de criminels du même nom, qui a sévi dans les rues de Birmingham à la fin du XIXème du siècle, la série, écrite par Steven Knight avec éloquence, audace et précision, se caractérise par son authenticité, elle qui se base sur la réalité et s’inspire d’un vécu particulier.
Le véritable gang, issu de la classe ouvrière britannique, tirait son pouvoir du vol, du racket et des paris illégaux, et ses membres étaient reconnaissables à leurs tenues ajustées, leur coupe rasée sur les côtés et leurs casquettes à visière – celles qui, selon la légende, cachaient des lames de rasoir utilisées pour aveugler leurs ennemis. La cinématographie, les décors et les costumes de la série font ainsi partie intégrante de sa mythologie. D’ailleurs, la façon dont ils sont vêtus font tout le charme des Shelby : un aspect primordial du show qui, sublimés par des ralentis stylisés, en ont inspiré plus d’un, déterminés à s’habiller rétro et à ressembler à leurs héros. À cela s’ajoute une bande son rock et anachronique, accompagnant ce groupe d’anti-héros brutes et attachants qui possèdent une classe folle pourtant.
Pour écrire son show parfait, Steven Knight n’a eu qu’à s’inspirer de ses parents qui avaient tous deux des relations avec des bookmakers illégaux. En effet, si sa mère transportait de l’argent à 9 ans, les oncles de son père étaient, quant à eux, de véritables Peaky Blinders. Petit, le père de Steven Knight a eu un aperçu de leur monde en se retrouvant parmi eux dans une pièce enfumée. L’image qu’il a décrit – la fumée, l’alcool, l’argent et ces hommes impeccablement vêtus, armes en poche dans une ville taudis – a servi d’inspiration au jeune Steven. Vue à travers des yeux d’enfant, la scène a pris un autre sens, une perception émerveillée qui, dans la série, a fini par sublimer le laid. Les Peaky Blinders eux-mêmes en bénéficient : dans cette vision naïve, retranscrite dans le show, ces humains blessés sont assurément cool.
On vous prévient, plus émouvante qu’elle n’y paraît, Peaky Blinders va vous briser le cœur, et si vous répondez “déjà brisé”, c’est que vous savez.