Il y a trois ans, au coeur de la pandémie, Christopher Nolan nous faisait faire des allers et retours dans le temps grâce à Tenet, fascinant film d'action et d'espionnage qui tordait notre vision de la réalité. Aujourd'hui, alors que la grève des scénaristes et acteurs paralyse de nouveau Hollywood, il nous renvoie dans le passé avec Oppenheimer.
À première vue, le long métrage le plus classique de son auteur, du fait de son statut de biopic consacré à J. Robert Oppenheimer, considéré comme le papa de la bombe atomique. Et c'est en quelque sorte le cas, dans la mesure où il n'y a pas de concept comme ceux de Tenet, Inception ou même Dunkerque, qui se déroulait également pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Sauf qu'Oppenheimer reste avant tout un film de Christopher Nolan. Dans sa manière de morceler la chronologie, de jouer sur la subjectivité et de construire l'ensemble comme un thriller dans lequel on retrouve certains de ses thèmes fétiches, comme l'obsession ou la manipulation.
Le tout dans un opus qui, bien que se déroulant dans les années 40 et 50, fait écho au présent. Et pas seulement parce que le tournage a débuté au moment de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a accentué la peur du nucléaire qui pèse sur le monde depuis les travaux d'Oppenheimer.
Un aspect que le réalisateur et scénariste évoque à notre micro en compagnie de ses comédiens principaux : Cillian Murphy, qui tient le rôle-titre, mais également Matt Damon (déjà dans Interstellar) et Emily Blunt, nouvelle venue dans l'univers de cinéaste.
Un quatuor qui revient aussi bien sur le sujet du film que sur sa scène la plus marquante : cette reconstitution du Trinity Test, premier essai nucléaire de l'Histoire, fait sans le moindre trucage numérique selon Christopher Nolan. Pour un résultat des plus décoiffants et impressionnants.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 11 juillet 2023 - Montage : Arthur Tourneret