Il est toujours bon de rappeler à quel point la galaxie de Star Wars, sous ses dehors de Space Opera, est pétrie de références politiques infusées par George Lucas, en particulier l'écho de la guerre du Viêtnam. En 1973 déjà, il écrivit une note à propos de Star Wars, en référence à la Guerre du Viêtnam, où il évoquait ses intentions scénaristiques, parlant d' "un grand empire technologique s'en prenant à un petit groupe de combattants de la liberté".
Dans une interview, il dressait un parallèle entre le soulèvement des colonies américaines contre l'Empire Britannique au moment de la Guerre d'indépendance, et l'Alliance rebelle de sa saga, qu'il assimile à la résistance des Viêt-congs durant la Guerre du Viêtnam contre l'Empire, qui n'est autre qu'un pendant cinématographique des Etats-Unis.
"L'ironie est que, dans les deux cas, les petits gars ont gagné. L'empire hautement technique — l'empire anglais, l'empire américain — a perdu. C'était tout le but !" poursuivait-il. Pour mémoire d'ailleurs, dans le commentaire audio du Retour du Jedi, George Lucas précisait déjà que les Viêt-Congs ont aussi servi d'inspiration pour les Ewoks, qui utilisent leurs armes primitives et les tactiques de guérilla pour lutter contre les envahisseurs de l'Empire.
Un incident de frontière déclenché par le tournage de Star Wars ?
Tant qu'à parler de guerre, la réalité a bien failli rattraper la fiction. Durant la production d'un Nouvel espoir, lors du tournage des séquences en Tunisie (celles de Tatooine) proche de la frontière avec l'Algérie, le manque de familiarité des autorités locales avec les personnages fictifs et la technologie créée a provoqué des remous entre les deux nations limitrophes.
Lorsque l'équipe du film tournait ses scènes avec les Jawas, la production installa non loin de la frontière entre la Tunisie et l'Algérie l'énorme chars des sables qui leur sert de véhicule. Une construction qui avait coûté une fortune d'ailleurs: pas loin de 130.000 $.
Selon l'ouvrage The Making of Star Wars: The Definitive Story Behind the Original Film écrit par J.W. Rinzler et publié en 2008, ce char des sables avait été conçu avec un système de chenilles basé sur la même technologie que celle employée par les véhicules de la NASA.
Parce que cette création massive était installée très près de la frontière avec l'Algérie et que des camions de l'armée tunisienne avaient été prêtés à la production du film, le gouvernement algérien fit part publiquement de son inquiétude sur des éléments qu'il percevait comme le début d'une mobilisation massive de troupes à sa frontière... Le genre de crispation politique et militaire qui donne de grosses suées...
"C'est vrai à propos de la frontière" confirme Lucas dans le livre. A l'invitation de la production soucieuse de montrer patte blanche, "ils sont venu inspecter le char des sables, pour vérifier qu'il ne s'agissait pas d'une arme secrète" poursuit-il. On peine à imaginer que Star Wars aurait pu déclencher une guerre entre les deux pays...