Arte diffuse ce soir La Vie est belle de Frank Capra, avec James Stewart et Donna Reed, l'un des films de Noël les plus appréciés de tous les temps, comme en témoigne sa note spectateurs sur AlloCiné, 4,3 sur 5 en moyenne et nommé à 5 Oscars en 1947.
L'histoire est celle de George Bailey (Stewart) qui a consacré sa vie à aider les autres, mais suite à une mauvaise passe, envisage de mettre fin à ses jours. Les prières de sa famille montent jusqu'au ciel d'où un ange descend afin de l'aider à y voir plus clair dans sa vie. Un film d'espoir dont l'action se déroule à Noël, ce qui pose un souci au réalisateur Frank Capra.
Y aura-t-il de la neige... en juillet ?!
Hasard des calendriers, le tournage de La Vie est belle se déroule en plein été à Los Angeles alors que le film doit se passer en partie sous la neige et les flocons. Il va falloir fabriquer la neige, mais comment ?
Avant La Vie est belle, la neige au cinéma est tout simplement faite de céréales peintes en blanc que l'on fait tomber depuis une hauteur pour simuler les flocons. Parfois même, les céréales sont remplacées par de l'amiante ou du coton. Sauf que dans tous les cas, un problème se pose au tournage : ces faux flocons, qu'il s'agisse de coton ou de céréales font du bruit en tombant, en plus de chuter comme des pierres sans voleter au gré du vent comme les vrais flocons.
Comme précisé dans l'ouvrage Turner Classic Movies: Christmas in the Movies de Jeremy Arnold (cité par EW), pour La Vie est belle, "Capra veut pouvoir enregistrer les dialogues en direct et en gros plan tandis que la neige tombe, et plus généralement, a besoin de beaucoup de neige".
Pourquoi ? Parce que comme l'écrit Arnold : "Elle ne véhicule pas seulement l'ambiance joyeuse du réveillon, elle est aussi la renaissance du personnage. Elle indique au spectateur que George est de retour dans le monde réel. Il est revenu de cette réalité alternative ; la neige commence à tomber et nous le comprenons tout de suite. C'est une neige très douce, purificatrice."
Une invention révolutionnaire
Capra s'offre donc les services de Russell Shearman, chef du département effets spéciaux de la RKO, le studio qui prépare La Vie est belle. Il lui fait part de sa volonté de filmer les dialogues ET la neige qui tombe, et Shearman invente un mélange de la mousse que l'on trouve dans les extincteurs, de savon, de sucre et d'eau. Expulsé de bidons à haute pression et diffusé doucement sur le plateau à l'aide d'un ventilateur silencieux, cela donne la fine neige que l'on voit tomber au gré du vent, à l'écran dans le film.
Cette invention va s'avérer révolutionnaire, et reprise par le tout Hollywood à l'époque. Après La Vie est belle, la neige du cinéma américain ne sera plus jamais la même.
Shearman avait été récompensé d'un Oscar des Meilleurs effets visuels pour Le Portrait de Jennie sorti un an avant La Vie est belle, et décèdera tragiquement à 48 ans, électrifié sur le tournage d'Opération requins (1956) alors qu'il réparait l'un des appareils du film.