Après le faste du château de Versailles et les vastes étendues de l'Ouest sauvage, le 76ème Festival de Cannes nous emmène aujourd'hui aux quatre coins du monde avec Harrison Ford ou dans les rues d'Amsterdam pour un documentaire de très longue durée.
Comme à son habitude, l’équipe d’AlloCiné est présente sur les lieux pour vivre et vous faire vivre la compétition, mais aussi les découvertes, les surprises et les imprévus qui l’accompagnent. Pour ce premier récapitulatif, retour sur la journée du 18 mai, marquée par le retour d'un célèbre aventurier.
Coup de jeune pour un coup de fouet
Quinze ans après Le Royaume du crâne de cristal, Indiana Jones est de retour sur la Croisette, plus fringant que jamais. En grande partie grâce à la séquence d'ouverture du Cadran de la destinée, où Harrison Ford rajeunit de façon spectaculaire grâce à la magie du numérique.
Une technologie de plus en plus impressionnante, peaufinée grâce à des centaines d'heures de rushes de l'acteur, pour lancer une ultime aventure dans laquelle le héros, tout juste retraité, renoue avec sa jeunesse lorsqu'un ennemi et un artefact de son passé resurgissent en même temps que sa filleule jouée par la géniale Phoebe Waller-Bridge. Entre nostalgie, hommage et émotion, l'événement majeur de cette journée cannoise.
Tuk Tuk les rageux !
A Cannes, il y a les traditionnels photocalls, devant un décor qui ne change pas d'année en année. Et puis il y a celui d'Indiana Jones et le Cadran de la destinée, qui a vu l'équipe du film se réunir autour d'une réplique du Tuk Tuk que l'on voit à l'œuvre dans l'une des scènes d'action les plus mémorables du film. A l'arrivée, cela donne une image aussi classe que décalée.
Indiana Jones et la Palme d'Or
Un an après Tom Cruise, une autre superstar a foulé les marches du Festival de Cannes : Harrison Ford. Accompagné par le réalisateur James Mangold et les comédiens Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen, Boyd Holbrook et Ethann Isidore, ses partenaires ou adversaires à l'écran, l'acteur a illuminé la Croisette de son aura.
Et Cannes le lui a bien rendu, avec une Palme d'Or d'honneur qui lui a été remise quelques minutes avant la présentation très attendue d'Indiana Jones et le Cadran de la destinée. Un prix dont la place est, sans nul doute, dans le musée personnel de celui qui, au bord des larmes, a déclaré au public : "Je vous aime aussi. Vous donnez un but et un sens à ma vie, et je vous en suis reconnaissant."
Du sourire aux larmes d'émotion
Harrison Ford était visiblement très touché lors de cette soirée hommage surprise. "On dit que quand vous êtes sur le point de mourir, vous voyez votre vie défiler devant vos yeux... Et je viens de voir ma vie défiler à l'instant ! (...) Merci. Vous avez donné un but et un sens à ma vie. (...) Je suis très ému par cet hommage. Mais j'ai un film à voir. Et il va se jouer juste derrière moi. Donc je vais m'éclipser. Merci encore pour cet immense honneur." Même les héros peuvent avoir une poussière dans l'oeil... Un très joli moment d'émotion !
4h06 de film ? On l'a fait !
Présenté en Séances Spéciales Hors Compétition, Occupied City est le nouveau film de Steve McQueen, connu pour ses longs-métrages 12 Years a Slave, Shame ou encore Hunger. Le réalisateur britannique a proposé une expérience singulière aux festivaliers, à savoir un documentaire fleuve de 4h06 !
Inspiré du livre Atlas of an Occupied City (Amsterdam 1940-1945) de Bianca Stigter, Occupied City dresse un portrait croisé : à la fois une immersion dans la période de l’occupation nazie qui continue de hanter Amsterdam et une exploration du quotidien de la capitale néerlandaise ces dernières années durant la pandémie.
Et on a découvert cet exercice de style et cette réflexion époustouflante sur le devoir de mémoire en projection, coupée d'un entracte de quinze minutes, et ce... jusqu'au bout ! Lors de la toute première projection du film, Steve McQueen avait indiqué au public le chemin des WC. Parce qu'on le rappelle, il fallait tenir 4h06 !
"Aucune œuvre ne justifie que l’on brise des gens"
Il n'y a pas qu'avec la qualité de Simple comme Sylvain, son troisième long métrage en tant que réalisatrice, que Monia Chokri a fait parler d'elle. En préambule de la projection du film, présenté à Un Certain Regard, la cinéaste est devenue la première sélectionnée de l'édition à prendre la parole sur les polémiques qui entourent certains opus.
"Pourquoi ne rédéfinissons-nous pas notre idée du génie ?", a-t-elle déclaré dans une volonté de séparer l'homme de l'artiste. "Être un génie, c'est être une bonne personne qui créé du sublime."
La transformation du jour
Souvenez-vous, il y a quelques mois, Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel recevaient tous deux un César, la première en tant que Révélation féminine pour Les Amandiers, le second en tant que meilleur acteur pour Pacifiction.
Tous deux composent donc la (très belle) affiche d'un même film présenté à Un Certain Regard : Rosalie de Stéphanie Di Giusto. Cette dernière avait précédemment réalisé un film sur Loïe Füller, La Danseuse.
Rosalie s'inscrit dans cette même lignée, à savoir celui d'un portrait de femme méconnue dont le film offre une forme de réhabilitation. Ici il s'agit de l'histoire de la femme à barbe, et de son mari, couvert de dettes, et d'abord intéressé par l'argent de cette femme dont il va rapidement découvrir le secret. Le film, très classique dans son approche, évite tout sensationnalisme, et se veut davantage une réflexion sur la différence et ce que d'aucuns peuvent percevoir comme une "monstruosité".
Virée dans l'Amérique punk !
La Quinzaine des cinéastes est l'occasion de découvrir de nombreuses œuvres surprenantes, prêtes à renverser la Croisette. The Sweet East de Sean Price Williams en est le bon exemple. Le film, complètement barré, suit le périple d'une adolescente (Talia Ryder) qui prend la fuite et s'engage dans un voyage à travers l'Amérique conservatrice, marginale, conspirationniste, branchée...
Absurde mais jubilatoire, ce road trip halluciné tend un miroir puissant des Etats-Unis. Dans le rôle d'un universitaire d'extrême droite, on retrouve Simon Rex, applaudi lors de la 74e édition pour son interprétation dans Red Rocket de Sean Baker.
Sean Penn en Compétition ? C'est grâce à Adèle Exarchopoulos !
Rencontré à l'occasion de la présentation de son nouveau film Black Flies, sélectionné en Compétition officielle, Jean-Stéphane Sauvaire, réalisateur de Johnny Mad Dog ou encore Une prière avant l'aube, nous a confié en interview qu'il devait sa rencontre avec Sean Penn à Adèle Exarchopoulos :
"Elle nous avait présentés à l'époque où il faisait The Last Face. Elle avait dit à Sean qu'il devait regarder Johnny Mad Dog parce que c'est aussi sur le Liberia et qu'il était en train de filmer ça aussi et les conflits. Et depuis, on était en contact. Et donc, quand le projet s'est présenté, c'est le premier que j'ai appelé.
D'abord, je rêvais de tourner avec lui parce que c'est non seulement une légende en tant qu'acteur, mais en tant que réalisateur, je suis très admiratif de tous ses films et, humainement, c'est quelqu'un d'incroyable avec son ONG, notamment. Au début, il ne voulait plus tourner. Donc, il m'a dit non. C'était en 2018. C'est un film qui a mis cinq ans à se monter. Mais au moment où on était prêt et que je suis revenu vers lui, il m'a dit oui."
Sean Penn a donc accepté de tourne avec Jean-Stéphane Sauvaire dans Black Flies, un drame intense et immersif qui relate l'enfer quotidien de deux ambulanciers new-yorkais. L'acteur de 62 ans partage l'affiche avec Tye Sheridan, connu pour ses rôles dans X-Men : Apocalypse et Ready Player One, entre autres.