Sorti il y a 14 ans -autant dire une éternité ou presque à l'ère du numérique-, Dead Space, Survival Horror Sci-Fi développé par le studio Visceral Games et largement nourri des influences d'oeuvres comme Alien et The Thing, est devenu au fil des ans un véritable classique du genre.
Glen Schofield, qui fut le PDG du studio Visceral Games et géniteur de cette formidable franchise horrifique (adorée au passage par un certain John Carpenter), parti co-fonder par la suite le studio Sledghammer en travaillant sur la licence Call of Duty, a depuis un moment quitté ses fonctions au sein de cette entité entièrement dévouée à la martingale milliardaire d'Activision.
Remontant un studio baptisé Striking Distance Studios, il a révélé en décembre 2020 ce qui est le premier jeu du studio. Un jeu d'horreur donc, du nom de The Callisto Protocol. Histoire de mener à bien le projet, il a d'ailleurs emmené dans ses bagages quelques vétérans de l'industrie.
Chris Stone par exemple, directeur créatif sur le jeu. Il était le directeur de l'animation de l'équipe originale ayant créé Dead Space, chez Visceral Games. Il avait également travaillé en tant que directeur de l'animation et de la performance capture sur trois jeux emblématiques de la franchise Call of Duty et, plus récemment, en tant que directeur de l'animation senior sur Days Gone; un titre sorti en 2019, dont nous vous disions ici le bien que nous en pensions malgré certaines réserves évidentes.
A la barre de la création des personnages de Callisto Protocol figure Glauco Longhi, passé notamment chez Santa Monica Studio où il a travaillé en tant que Concept Artist sur la franchise God of War, ainsi que chez Naughty Dog où il a travaillé sur Uncharted 4.
Des pedigree très solides donc. Et si ce n'est évidemment pas suffisant pour avoir la garantie d'un (très) bon jeu, Schofield a au moins eu le mérite de vouloir s'entourer de pointures dans leurs domaines respectifs, avec l'espoir manifeste de frapper à nouveau un grand coup dans un genre qui a fait sa gloire et celle d'un studio hélas liquidé par Electronic Arts.
Un Dead Space 2.0 ?
Sorti le 2 décembre dernier, le jeu déroule son intrigue sur Callisto, la lune morte de Jupiter, en l’an 2320. Un trafiquant, du nom de Jacob Lee, se retrouve piégé dans une prison de sécurité maximale, répondant au doux nom de Dark Iron. Peu après son arrivée, la prison est plongée dans le chaos absolu, lorsque les détenus et le personnel de la prison commencent à se transformer en créatures terrifiantes...
Tout au long d'une bonne dizaine d'heures de jeu, The Callisto Protocol déploie une intrigue qui, si elle se laisse suivre avec plaisir, reste malheureusement sur un sentier déjà largement balisé, pour ne pas dire réchauffé et très (trop) familier... Ca commence pourtant assez fort, avec une immersion saisissante au sein de cet enfer carcéral virant rapidement à l'apocalypse.
Tant qu'à parler d'immersion, il faut rendre grâce au soin apporté justement aux détails dans les environnements, tous plus anxiogènes les uns que les autres, et par la qualité fantastique de la modélisation des deux têtes d'affiche du jeu et leurs animations : Josh Duhamel, qui incarne Jacob Lee, dont la route croise celle de Karen Fukuhara, qui incarne la formidable et mortelle et silencieuse Kumiko dans la série The Boys. Un très bon point donc.
Un challenge corsé
The Callisto Protocol est un jeu difficile. Même en niveau intermédiaire, sur les trois niveaux de difficulté proposés, le titre propose un challenge assez corsé.
Vous utiliserez énormément les attaques de mêlée, fortes ou rapides, ainsi que les esquives, à droite ou à gauche, de même qu'une parade, pour éviter les coups dévastateurs que vous porteront les ennemis. Et même le plus faible d'entre eux vous fera très mal si vous ne parvenez pas à bien maîtriser ce principe de survie. D'autant qu'il vous arrivera très certainement -voire fréquemment- de frapper dans le vide en jaugeant mal la distance de votre coup de mêlée face aux créatures. Les animations de Jacob sont réalistes, mais lentes, il n'est pas un surhomme.
Porter des coups forts lui demandent de l'énergie, et le temps que le personnage revienne à sa position initiale, vous aurez largement le temps de vous faire punir. Punition qui peut d'ailleurs s'avérer encore plus brutale si vous affrontez plusieurs ennemis, ce qui ne manque pas d'arriver dans le jeu. Il vaut donc mieux tenter de les isoler pour les affronter un par un.
Vous disposez bien entendu d'un arsenal d'armes à feu qui seront bien améliorables, y compris d'ailleurs l'arme de mêlée -une matraque électrique- qui vous accompagnera jusqu'à la fin. Mais ces améliorations ont évidemment un coût, de plus en plus exorbitant. Il ne vous sera pas possible de toutes les booster au maximum, vous obligeant à faire des choix.
Vous serez également équipé d'une sorte de gant magnétique, améliorable lui aussi, qui permet de repousser ou attirer les ennemis, les projeter contre un énorme ventilateur ou mur électrique hérissé de pointes, attraper des bonbonnes de gaz (un classique dans les jeux d'horreur décidément...) pour les balancer sur les créatures, etc...
La maîtrise du combat au corps à corps, de l'esquive, et de l'utilisation de ce gant magnétique est la clé de la survie dans le jeu. Et cet arsenal ne sera pas du luxe; tant certains ennemis donnent l'impression d'être des sacs à PV increvables. Surtout lorsque des tentacules surgissent de leurs corps suppliciés, pour les faire muter en des créatures plus redoutables.
C'est encore plus manifeste lors d'affrontements avec les inévitables boss dans le jeu, qui pourront au passage vous tuer en un coup...Disséminé à des endroits charnières du jeu, on regrettera à leur sujet leur très faible variété.
Suite spirituelle de Dead Space, reprenant même des idées de gameplay comme le démembrement des ennemis à terre histoire de s'assurer qu'ils ne se relèveront pas, The Callisto Protocol souffre d'un manque général d'audace, que ce soit au niveau de l'histoire, dont la conclusion appelle à un inévitable DLC à venir; des armes ou des ennemis; parfois combiné avec des choix de gameplay discutables, comme la lenteur très crispante avec laquelle le personnage change d'arme et qu'elle puisse être utilisée.
En dépit des réserves susmentionnées, The Callisto Protocol a pour lui de vrais arguments à faire valoir, entre sa belle patte graphique, son ambiance oppressante à souhait, un rythme et un challenge relevé qui ne donne pas l'impression de rouler sur les ennemis. S'il n'est pas le (nouveau) chef-d'oeuvre du genre signé par Glen Schofield, il reste plus que recommandable.